Après l’annonce de la mort de Jean-Paul II, samedi soir

Jean-Paul II : Recueillement et compassion dans le monde entier

4 avril 2005

Le pape Jean-Paul II est mort samedi soir à l’âge de 84 ans, à l’issue d’un des plus longs et plus marquants pontificats de l’Histoire. Fidèles rassemblés en prière, témoignages de sympathie particulièrement émouvants venant de partout et de bien au-delà de la seule chrétienté, la mort de Jean-Paul II a suscité un immense élan de compassion dans le monde entier. Pour les funérailles, prévues d’ici la fin de la semaine, une foule énorme est attendue.

(Page 3)

Premier pape d’origine polonaise, il aura passé 26 ans à la tête de l’Église catholique et joué un rôle clé dans la chute du système soviétique en Europe de l’Est et dans la promotion du dialogue avec les autres religions.
La nouvelle de son décès a été immédiatement annoncée aux milliers de fidèles massés sur la place Saint-Pierre, à Rome, qui ont applaudi de longues minutes en hommage au défunt avant de s’enfermer dans le silence et les prières.
"Notre Saint-Père Jean-Paul est retourné dans la Maison du Père", a déclaré l’archevêque Leonardo Sandri à la foule.
La tristesse se lisait sur de nombreux visages des fidèles et touristes réunis sur la place, tandis que les cloches de la basilique Saint-Pierre brisaient le silence de la nuit romaine en sonnant lentement le début du deuil pour le pape.
La cause précise du décès n’a pas été précisée. Mais l’état de santé du pape, qui souffrait d’arthrite et de la maladie de Parkinson, s’est progressivement dégradé au cours de la dernière décennie pour s’aggraver brutalement ces derniers jours.
À l’annonce de sa mort, des milliers de personnes de tous les quartiers de la capitale italienne ont remonté lentement le boulevard allant du Tibre vers la Cité du Vatican. Deux heures après l’annonce du décès, quelque 130.000 personnes étaient rassemblées sur la place Saint-Pierre, a dit la police.
Le choc était très grand en Pologne, où des dizaines de milliers de personnes ont pris part à des veillées nocturnes dans les églises et où le deuil, proclamé dès samedi soir, durera jusqu’aux cérémonies funéraires, les drapeaux restant en berne jusqu’au 9 avril. Wadowice, la ville natale de Jean Paul II dans le Sud du pays, s’était transformée en sanctuaire pour des milliers de Polonais venus chercher un peu de réconfort.

Pèlerin de la paix

Selon les règles de l’Église, les cérémonies du deuil papal dureront neuf jours. Le Vatican a annoncé que son corps ne serait pas exposé avant lundi après-midi au plus tôt dans la basilique Saint-Pierre. Les funérailles auront lieu à une date qui n’a pas encore été annoncée. La presse italienne avance la date de mercredi. Des chefs d’État du monde entier, y compris George Bush, sont attendus.
Dans 15 à 20 jours, un conclave se réunira dans la chapelle Sixtine pour élire un nouveau pape. Il n’y a pas de favori pour lui succéder. Le Polonais Karol Wojtyla était lui-même un outsider quand il devint le premier non Italien depuis 455 ans à devenir pape, le 16 octobre 1978.
Outre son combat pour la liberté, en Europe de l’Est notamment, et ses gestes de rapprochement avec les religions juive et musulmane, Jean Paul II restera dans l’Histoire pour sa défense stricte des doctrines traditionnelles du Vatican. Son opposition à la contraception, à l’avortement, à l’accès des femmes à la prêtrise ou encore au mariage des prêtres lui ont valu d’être critiqué par la frange la plus libérale de l’Église.
Mais c’est avant tout son rôle en faveur de la paix qui a été souligné dans les hommages rendus par le monde entier.
Pour le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, Jean Paul II "pensait, comme moi, qu’il n’y a que des perdants dans les guerres".

La pardon aux juifs

"L’Histoire gardera l’empreinte et la mémoire de ce souverain pontife exceptionnel, dont le charisme, la conviction et la compassion auront fait résonner le message évangélique d’un écho sans précédent sur la scène internationale", a déclaré Jacques Chirac et le président iranien Mohammed Khatami a exprimé son "extrême tristesse".
Trois jours de deuil ont été décrétés en Italie et, de manière plus inattendue, à Cuba. En Pologne, les cloches ont résonné à travers le pays et les sirènes ont retenti à Varsovie. Six jours de deuil ont été décrétés.
Du Burundi aux Philippines, des milliers de fidèles se sont spontanément rassemblés pour prier pour le Saint-Père, un polyglotte qui aura effectué plus de voyages à l’étranger que tous ses prédécesseurs au cours de son pontificat, le troisième plus long de l’histoire de la papauté. Au total, Jean-Paul II se sera rendu dans 129 pays et territoires.
Le pape avait réalisé en 2000 un de ses rêves en se rendant en Terre sainte. Devant le Mur des Lamentations, il avait demandé pardon pour les péchés commis au cours des siècles par les catholiques contre les juifs. Il fut aussi le premier pape à effectuer une visite officielle dans une mosquée, celle des Omeyyades à Damas, en mai 2001.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus