Ce soir à 20 heures et demain à 15 heures au Théâtre du Grand-marché : “Y’a pas de fumée sans feu de Dieu...”

Joies et méandres d’un clown

10 septembre 2004

Les clowns ne sont pas comme on pense. Peut-être avez-vous été soufflés par “Bechtout” en mai dernier au Tempo Festival ou au Théâtre du Grand-marché. À l’initiative du Théâtre des Bambous, Caroline Obin revient avec une autre création “Y’a pas de fumée sans feu de Dieu...”, variation sur la solitude.

Caroline Obin, artiste clown, devient cette fois Proserpine. Ce nom est celui d’une déesse grecque qui vivait une moitié de l’année sur terre et l’autre aux Enfers. Mais cela n’a rien à voir avec le spectacle. Cette création présente un morceau de la vie intime de Proserpine, personnage que Caroline travaille depuis plus de dix ans et qui a déjà vécu plusieurs aventures.
Le quotidien solitaire du clown SDF, dont l’univers se résume à sa tente, est troublé par la présence d’un “autre”. Nous sommes invités à déambuler à travers ses histoires imaginaires, à partager ses peurs, ses fantasmes, pour passer du rire aux larmes, de la tendresse à la cruauté. Elle dévoile sa solitude, son dégoût d’elle-même, teste son pouvoir de séduction et sa féminité.

Rire pour se libérer des tensions sociales

Pour être clown, "l’apprentissage est très long", confie Caroline Obin, c’est "le temps et l’expérience" qui lui permettent de se forger. Issue du monde de l’acrobatie et du cirque, la base de son travail est corporelle : "tout le moteur vient du corps, même l’outil vocal est physique avant d’être intellectuel". Pour elle, Proserpine est "un clown traditionnel, très grimé, pas du tout un clown de théâtre".
Caroline Obin, dont la compagnie est installée à Marseille, a beaucoup voyagé. Au fil de ses représentations, elle a pu constaté que le même élément comique ne déclenche pas forcément le rire au contact de civilisations différentes. Pourtant, partout sa fonction reste la même : "Le clown montre au grand jour les faiblesses que tout le monde a et qu’on cache au grand jour. Tout le monde se reconnaît intimement dans la situation vécue par le clown", nous explique-t-elle.
Il suffit pour bien la comprendre de prendre un exemple scatologique : le clown pète en public et nous rions, parce qu’il transgresse cet interdit, qu’il fait devant nous ce dont nous avons honte et que pourtant nous faisons sans le montrer. Ainsi "le clown ne fonctionne qu’avec le public, il faut être nombreux autour d’une action très intime. Et plus il y a de public, plus ça fait rire". Un rire jubilatoire, exutoire, libérateur.
“Y’a pas de fumée sans feu de Dieu...” est un spectacle à plusieurs niveaux de lectures. Au-delà du clown scatologique qui plaît en particulier aux enfants, les adultes pénétreront la finesse des émotions qui assaillent Proserpine dans sa relation difficile avec les autres. Il y a "le côté joyeux" et aussi "les méandres", qui font que c’est ici un clown plus pour les adultes que pour les enfants. Un clown comme nous, auquel on peut s’identifier et qui montre à tous, ce que nous voulons cacher aux autres et parfois à nous-mêmes, pour nous libérer de nos tensions par le rire.

Eiffel


Les rendez-vous avec Proserpine

- Théâtre du Grand-marché ce soir à 20 heures et demain à 15 heures.

- Le Séchoir le vendredi 17 septembre à 20 heures 30 et samedi 18 septembre à 18 heures.

- Salle Multimédia de l’Entre-Deux le vendredi 24 septembre à 20 heures.

- Salle Georges Brassens le mardi 28 septembre à 20 heures.

- Théâtre les Bambous le vendredi 1er octobre à 20 heures 30 et samedi 2 octobre à 16 heures.


Stage de Clown aux Bambous

Le Théâtre Les Bambous à Saint-Benoît organise du 20 septembre au 5 août, un stage de clown animé par Caroline Obin et Hélène Ninérola. Ce stage s’adresse aux comédiens, chanteurs, danseurs, intervenants dans les écoles et dans les hôpitaux, professionnels, intermittents du spectacle...
"Le but est de mettre au grand jour l’âme du clown qu’il y a en chacun de nous. Les intervenantes travailleront sur l’abandon des habitudes sociales et réflexes de protection pour retrouver l’état de sensibilité, de spontanéité, de fragilité et de liberté pour exprimer l’écho direct de ce que l’on ressent, l’essence de notre personne.
Le travail est basé sur le corps et la technique d’improvisation : se mettre en état de présence totale à la réalité qui nous entoure, à l’imaginaire que cela engendre chez soi et comment le public l’interprète simultanément. Le travail sur la mise en forme du personnage (costume et maquillage) aidera à se détacher d’un jugement culturel sur nos apparences habituelles"
.
Une restitution publique des travaux aura lieu le samedi 25 septembre à 19 heures, réservation conseillée.


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