Le 10 mai, la République commémorera la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition. Cette date symbolique renvoie au vote historique du 10 mai 2001, lorsque les députés de l’Assemblée nationale ont adopté la loi, reconnaissant l’esclavage et la traite négrière comme des crimes contre l’humanité.
Une décision pionnière qui a placé la France à l’avant-garde des nations confrontées à leur passé colonial. Pourtant, 24 ans plus tard, la question des réparations reste brûlante, tant sur le plan national qu’international, alors que les inégalités héritées de ce système persistent.
Un passé qui ne passe pas : la France, entre mémoire et contradictions
Si la loi adoptée le 10 mai 2001 a marqué un tournant mémoriel, elle n’a pas effacé les paradoxes de l’histoire française. Au XIXᵉ siècle, l’abolition de l’esclavage en 1848 s’est accompagnée d’une mesure choquante : l’indemnisation des esclavagistes. L’État français a versé l’équivalent de 6,5 milliards d’euros actuels aux propriétaires d’esclaves des colonies, compensant la perte de leur « propriété ». En revanche, les 250 000 personnes libérées n’ont reçu ni terre, ni indemnité, les laissant dans une précarité structurelle. « On a transformé les esclaves en citoyens pauvres », résume l’historienne Françoise Vergès.
Cette injustice économique a forgé des inégalités durables. Dans les anciennes colonies françaises, les descendants d’esclaves subissent encore un taux de chômage bien plus important de celui de de la France et un accès limité aux ressources. Pour Myriam Cottias, directrice du Centre international de recherches sur les esclavages, « la République a construit sa richesse sur l’exploitation coloniale, mais n’a jamais assumé les conséquences de cette spoliation ».
Réparations : un débat mondial en mouvement
La question des réparations dépasse aujourd’hui les frontières . En 2013, la CARICOM (Communauté des Caraïbes) a lancé un plan en dix points exigeant des anciennes puissances coloniales (Royaume-Uni, France, Pays-Bas) des excuses officielles, des investissements dans l’éducation et l’annulation de dettes publiques. En 2024, ces revendications gagnent en écho : le Ghana et le Nigeria réclament le retour d’œuvres d’art pillées, tandis que des universités américaines (comme Harvard) financent des programmes de réparations locales.
Côté français, le sujet reste ignoré. Pourtant, des initiatives locales émergent. À Bordeaux, ville enrichie par le commerce triangulaire, un fonds de 2 millions d’euros soutient des projets culturels antillais. Insuffisant, pour Louis-Georges Tin, président du Conseil représentatif des associations noires : « Les réparations ne sont pas une charité, mais un devoir de justice. »
Quelles formes pour les réparations ?
Les experts soulignent que les réparations ne se limitent pas à des compensations financières individuelles. Il s’agit aussi de restaurer la dignité par des actions symboliques (mémoriaux, inclusion dans les manuels scolaires) et de corriger les inégalités systémiques. Le modèle allemand de réparations pour la Shoah, combinant indemnisations et travail mémoriel, inspire certains militants.
D’autres plaident pour des investissements durables : soutien à l’agriculture antillaise, lutte contre l’habitat insalubre en Guyane, ou accès facilité aux archives pour les descendants. En 2021, la Banque de France a reconnu que plusieurs établissements financiers historiques (comme la Caisse des dépôts) avaient profité de l’esclavage. Une transparence réclamée aussi dans le secteur assurantiel ou naval.
Un enjeu de justice climatique
Les réparations croisent désormais la question écologique. Les îles des Caraïbes, héritières de l’économie plantationnaire, sont en première ligne face au réchauffement climatique. Lors de la COP27, la Barbade a réclamé des « réparations climatiques » aux pays industrialisés, liant destruction environnementale et legs colonial. Une approche globale qui pourrait redéfinir le débat.
Vers un changement ?
La pression citoyenne s’intensifie. En France, 65 % des moins de 35 ans estiment que l’État doit présenter des excuses officielles (sondage IFOP, 2023). Des pays pionniers montrent la voie : en 2023, les Pays-Bas ont officiellement demandé pardon pour leur rôle dans l’esclavage et annoncé un fonds de 200 millions d’euros pour des projets éducatifs.
La Journée du 10 mai rappelle que sans réparations, la reconnaissance reste inachevée. Comme l’écrivait Aimé Césaire, « un crime sans châtiment est un crime encouragé ». Alors que la France s’apprête à commémorer les 180 ans de l’abolition de 1848, le temps est venu de questionner l’héritage économique et moral de l’esclavage – non pour se culpabiliser, mais pour construire une véritable égalité.
M.M.
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