Adieu d’un poète à la performance

Julien Blaine entre sagesse et renoncement

17 février 2005

Poète internationalement reconnu, Julien Blaine prépare avec Lerka pour 2005 un livre/exposition autour des “Révélations du Grand océan”, le mythe de Jules Hermann. Il fait cette année son adieu à la performance poétique, sa tournée européenne se termine à La Réunion avec “Bye-bye la perf”.

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Adepte d’une "poésie très incarnée, très physique", Julien Blaine estime qu’il faut "bouger la poésie", qu’elle soit "en chair et en os, à corps et à cri". Et c’est ce qu’il fait depuis quarante ans, seulement note-t-il, "avec l’âge, mon corps me trahi, il n’est plus à la hauteur de mes ambitions".
Aussi a-t-il décidé de s’arrêter par une tournée européenne qui se termine à La Réunion. Pourquoi ici ? Parce que le poète a eu un coup de foudre pour notre île où "la poésie est réellement incarnée, les kabar fonnkèr réunissent des gens de tous niveaux, la poésie n’est pas hiérarchisée, tout le monde est pareil devant le maître de kabar". Ce qui n’est pas le cas apparemment en Europe, où c’est un domaine réservé.
À La Réunion, dans le domaine poétique, "il n’y a jamais de ségrégation". Preuve en est, son atypique poésie a pu s’exprimer au sein de ses manifestations réunionnaises, sans aucune exclusion. Depuis, il se fait "un militant du kabar fonnkèr" et fait tout pour le promouvoir en Europe.

Frappé par les révélations du Grand océan

Deuxième raison de dire “Bye-bye la perf ” à La Réunion, Julien Blaine est "fasciné par l’écriture originelle de l’aurignacien supérieur" (30.000 ans avant J.C) et il a été frappé par la théorie de Jules Hermann, grand notable qui livre les révélations du Grand océan. "Dans ses révélations, il explique que la Terre avait deux satellites, la Lune et la Chine, mais cette dernière a perdu de l’altitude, elle est tombée sur Terre, ce qui a fait remonter de l’océan Indien les Mascareignes et Madagascar", nous rapporte le poète, "Jules Hermann évoque une culture plus ancienne encore que l’aurignacien, celle des géants lémuriens. Il soutient que c’est le malgache qui donne le créole et le créole qui donne toutes les langues indoeuropéennes". Il y a deux ans, Julien Blaine a travaillé pendant trois mois à La Réunion pour tenter de retrouver les traces de ces révélations.

Changer ce monde

S’il dit adieu à la perf, sa seule drogue, c’est "entre sagesse et renoncement", mais il continuera de s’exprimer par des livres, des lectures, des expositions. “Bye-bye la perf” c’est le passage de la performance à la lecture. La poésie continue. Quel est son but ? "Dire ce qu’est la spiritualité dans un monde où le monothéisme dirige et où la barbarie règne, la poésie veut changer ce monde. J’aborde aussi le droit politique, et puis il s’agit aussi de rire". Il s’arrête mais reste confiant pour l’avenir en saluant la force de la génération qui arrive.

Eiffel


Ousa ? Kansa ?

“Bye-bye la perf” c’est aujourd’hui à 17 heures à la médiathèque Benoîte-Boulard, au Port, qui propose une rencontre avec Julien Blaine et une projection vidéo de quelques performances. Julien Blaine sera aussi samedi 19 février à 15 heures à l’Entrepôt Médiastore à Saint-Denis pour une séance de dédicace.


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