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Santé et Territoire
4 mars 2008
Enseignante chercheur à Paris X-Nanterre, Zoé Vaillant est membre du laboratoire Espace-Santé-Territoire, un laboratoire de géographie de la Santé adossé à un Master de Géographie de la Santé, unique en son genre en France.
Elle donnera jeudi 6 mars, de 16h30 à 18h30 à l’IRTS de Saint-Benoit, un conférence sur “Les inégalités de la Santé à La Réunion”, tiré du travail de thèse qu’elle a accompli à La Réunion entre février 2002 et avril 2005, avec une bourse du Conseil Régional et un partenariat IRD - DRASS.
La soutenance de la thèse a eu lieu en avril 2006 et son auteure a reçu le
Prix 2007 de la Recherche universitaire “Le Monde”, sous forme d’une publication aux PUF. C’est pour présenter ce livre que Zoé Vaillant vient restituer le fruit de ces travaux à tous ceux et celles qu’elle a croisés au cours de ces trois années.
Quelle approche de la Santé défendez-vous dans l’ouvrage qui est paru aux PUF La Réunion, Koman i lé ? - Territoire, Santé, Société ?
- Mon approche de la santé se situe hors approche biomédicale et s’interroge sur les déterminants liés au Territoire. Je me demande comme le territoire peut faire la santé et en retour, comment la santé contribue à faire le territoire. Ce que j’appelle territoire, c’est l’interrelation entre les habitants d’un quartier et leur espace physique ; c’est la manière dont les gens - habitants, institutions - investissent leur espace et ce qui se passe en retour, étant entendu que cet “espace” est aussi social.
Vous avez travaillé dans les secteurs de la Rivière des Galets et de la Ravine Daniel. Pourquoi ces quartiers ?
- J’ai comparé les deux quartiers. Il y a un “mythe” de l’urbain, du point de vue de la santé. On dit : l’urbain, c’est un privilège - parce que l’offre de soin est plus grande, plus proche, plus diversifiée. En même temps, on dit : l’urbain, c’est le béton, c’est la grande ville, c’est l’anonymat, le stress, la perdition, l’acculturation... enfin tous ces mots qui sont accolés à la ville.
A l’inverse, on dit de la campagne qu’elle est loin de tout, donc on y est isolé par rapport à l’accès aux soins, et en même temps, la campagne apparaît comme un lieu de bien-être - c’est naturel, authentique, les gens n’y vivent pas dans l’anonymat, ils sont solidaires... alors qu’en ville tout cela est “explosé”.
Du mythe et la “légende noire”... Les choses sont-elles aussi tranchées que cela ?
- L’idée était justement de montrer que, derrière la forme - une urbaine, une rurale - les processus de construction de la santé peuvent être communs, dans deux quartiers qui sont tous les deux marqués par de très grandes difficultés socio-économiques.
Rivière des Galets paraît comme étant un quartier plus “urbain”, dans ses formes architecturales, en même temps que s’y maintiennent des formes domestiques qui font que ce n’est ni rural ni urbain, même s’il s’y exprime des formes de délinquance qu’on n’observe pas en milieu “dit rural”, comme à Ravine Daniel, où n’existent pas ces formes d’incivilité - les scooters qui tournent, le bruit, les insultes - cette espèce de violence qu’on attribue au milieu urbain.
Ce sont deux quartiers difficiles et la comparaison entre les deux quartiers a été très utile. Dans ce que j’ai observé, à Ravine Daniel, il n’y a plus cette force collective qu’on trouve à la Rivière des Galets. A Ravine Daniel, il y a une implosion interne au quartier, sous le poids des difficultés liées - entre autres mais surtout - à l’alcoolisme. Il y a tellement d’histoires, de rancœurs entre familles, qu’il y a un repli sur la kaz qui fait qu’on ne trouve plus les forces collectives pour se mobiliser sur des questions de santé, comme c’est le cas à la Rivière des Galets. L’association Tchao Larak, par exemple, émane des habitants eux-mêmes.
A Ravine Daniel est apparue depuis peu la Fête du Bien-Être. A quels besoins cela répond-il ?
- J’ai participé à toutes les réunions du Comité d’organisation de cette Fête et le problème était que les habitants étaient inexistants. Il y avait les institutionnels, groupés en interdisciplinaire. Ils répondaient à ce qu’on appelle le “Projet social de Territoire”, avec pour “consigne” de grouper les différents secteurs, pour une approche transversale des quartiers avec les gens ...
Or, de fait, ce n’était pas l’initiative des gens du quartier. C’était à l’initiative d’une femme, très active, responsable d’une association - War domin - qui était à l’origine de ce Forum de la Santé. Mais elle avait énormément de mal à amener des gens dans ce comité d’organisation. Et le jour de la Fête, les scolaires sont venus parce que c’était organisé. Mais les hommes du quartier par exemple - que je connaissais par ailleurs pour avoir beaucoup enquêté à la boutik - restaient en haut de la pente, bras croisés, tandis que la Fête se déroulait autour de l’école, sur une esplanade en contrebas. Et pas question pour eux d’entrer dans l’école pour accéder aux messages de prévention.
Vous constatez un « hiatus » entre la population et “le monde social dominant”. Comment cela s’exprime-t-il dans le domaine de la Santé ?
- Concrètement, j’ai analysé la manière dont les gens avaient recours aux soins - ou pas recours aux soins - quand ils en avaient besoin. Pour connaître les besoins des gens, il fallait déjà rester avec eux, parce qu’ils ne l’expriment pas. Ce hiatus, entre le monde social dominant et les gens, s’exprime aussi dans le cabinet médical. La difficulté, entre le médecin et le patient, est de s’entendre, se faire comprendre.
Par exemple, à Tchao Larak, les hommes qui étaient en sevrage alcoolique expliquaient (en créole) qu’ils allaient chez le médecin avec l’animateur santé, avec qui ils peuvent en confiance faire valoir leur choix thérapeutique. Il y en avait un qui voulait changer de médicament - qui l’endormait trop - et il n’osait pas le dire. Il ne se sentait pas dans un rapport de forces suffisamment égales pour faire valoir son idée sur son traitement. A Ravine Daniel, un jeune d’environ 27 ans, très pris par l’alcool, arrivait totalement essoufflé à la boutik, après une toute petite pente de rien du tout et cela l’inquiétait. Je lui ai demandé ce qu’il faisait pour surmonter ses problèmes de souffle (il avait de l’asthme, en plus) et il me dit qu’il se rendait à Saint-Pierre, à des services indiens : une procession, suivie d’un rituel dans l’eau. C’est comme cela que j’ai pu me rendre compte de la manière dont les gens se soignaient, ou formulaient leurs besoins... Ou ne les formulaient pas. Lorsque l’alcool devient la “norme”, il n’apparaît plus comme un problème - s’il n’y a pas, comme à Rivière des Galets, une structure collective légitimante - puisque “c’est comme ça”, c’est la fatalité. Et paradoxalement, l’alcool est la “bête noire” du quartier, à Ravine Daniel. Il y a des réunions d’information, sur les cures ambulatoires : comment amorcer des soins...? Personne n’y vient !
Ce hiatus et cette forme d’exclusion (qui peut être de l’auto-exclusion) ont un impact sur les trajectoires thérapeutiques, la manière dont on va formuler ou non ses besoins.
C’est ce que vous allez présenter dans la conférence ?
- En une heure de présentation, je vais parler de l’exemple de la Rivière des Galets et expliquer comment un malaise se construit dans le territoire, dans une logique de création du quotidien, comment dans ces logiques-là il y a un malaise lié à l’exclusion sociale, qui a des répercussions dans les trajectoires thérapeutiques : dans le fait qu’on ne se soigne pas, ou qu’on va chez le médecin, mais sans parvenir à amorcer des solutions.
En ce qui concerne les solutions, c’est un problème de fond. Il ne s’agit pas seulement d’adapter une médecine à des situations particulières, ce qui serait compliqué dans un modèle républicain. La vraie question porte sur la manière dont les gens s’insèrent dans leur société. Si je peux faire des “prescriptions”, la première chose à faire, à mon avis, serait de parler.
Ma porte d’entrée, sur cette société, a été la santé. Il faudrait que les gens prennent conscience que leur propre santé n’est pas une affaire d’eux-mêmes avec eux-mêmes (et donc de “responsabilité individuelle”, de vice, de tare...). C’est un produit politique.
Propos recueillis par P. David
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