
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
15 décembre 2017, par
La Réunion va fêter la commémoration de l’abolition de l’esclavage le 20 décembre comme chaque année depuis plus de 30 ans.
Heureux événement s’il en est ! Mais notre île est-elle pour autant libérée des séquelles de cette « violence d’Etat » comme la qualifie Christiane Taubira dans son introduction aux Codes Noirs (Dalloz - 2006) ? Je ne le crois pas, je suis même certain que non !
Je la cite (pages XXXIII et XXXIV) :
« … les peuples de l’outre-mer français savent que les séquelles de la violence d’Etat, de l’oppression, de l’humiliation restent longtemps nichées dans l’inconscient qui transporte l’émotivité du corps et les écorchures de l’esprit.
Le corps garde ainsi ses habitudes primordiales.
Cette propension à trouver le sommeil couché sur le flanc droit, comme dans la cale du négrier. Ce goût, prégnant dans toutes les diasporas noires, pour la morue séchée et desséchée, pour les salaisons et les extrémités museau, queue et pieds de porc, seuls morceaux de viande réservés aux esclaves.
L’esprit continue de receler des frayeurs et des aversions immémoriales.
Cette raideur panique devant les gros chiens, vite réfrénée mais si soudaine, comme si se poursuivait la course devant les molosses lancés aux trousses des ancêtres nègres marrons. Cette rage qui nous saisit collectivement chaque fois qu’un “Blanc” donne un coup de pied à un “Nègre” comme au temps honni des abus impunis après l’abolition.
Cette transe qui nous enveloppe dès que se trament des ventes aux enchères de documents et objets relatifs à la traite, comme si nous revivions le marché aux esclaves.
Nous savons, d’outre-mer, ce que c’est que de buter sur les vestiges de l’Exclusif colonial qui, du sud au nord, relient les anciennes colonies à leurs anciennes métropoles, sans facilités de contacts avec les pays voisins, sans possibilités de rayonnement régional.
Nous savons pourquoi les flux migratoires suivent les chemins des langues et des anciennes dominations.
Nous savons ce qu’il en coûte de tenter de transgresser l’interdit d’industrialisation formulé par Colbert (« pas un clou ne doit sortir des colonies »).
Nous savons que le renoncement à soi s’il est volontaire mène à l’aliénation, s’il est imposé force à l’assimilation, deux pathologies inhibitrices ou chargées de fureur différée.
Deux impasses. »
Assez curieusement le vieux “zorey” que je suis se retrouve largement dans cette description si réaliste de nos blocages, de ce renoncement collectif à être nous-mêmes qui nous mène effectivement à l’aliénation.
Je ne suis ni anthropologue ni sociologue, mais j’aimerais bien comprendre pourquoi les inconscients décrits par Christiane Taubira ont fini par infuser dans tout le corps social de notre île bien au-delà des origines et des générations. Pourtant, en 2017, il n’existe aucun survivant de l’époque esclavagiste mais les séquelles ont bien là comme si tout un peuple avait été marqué au fer rouge à perpétuité.
Ainsi quand on songe au “rejet” dont la langue créole fait l’objet par la plupart de celles et ceux qui la pratiquent pourtant chaque jour, on ne peut pas s’empêcher de penser qu’un tel auto-dénigrement confine au suicide culturel.
La hantise persistante de la rupture du cordon ombilical avec la « mère-patrie » ressemble bien trop au besoin impérieux de nous complaire dans un statut de “propriété” du maître de « l’habitation » responsable de notre vie et de notre mort. Nous sommes les “tanguy” de la République paralysés à la simple idée de devoir voler de nos propres ailes.
Notre « vivre-ensemble » de façade est en réalité un « vivre-côte-à-côte » qui vole en éclats au moindre soubresaut populaire comme en mai 1973 ou en février-mars 1991. Le « chacun-pour-soi » empêche tout un peuple de s’approprier son propre territoire en le laissant se transformer en une gigantesque poubelle.
Prenons conscience qu’il y a sur cette île un peuple porteur d’un immense potentiel. Une foule de Réunionnais l’ont déjà démontré depuis plus de trois siècles mais le plus souvent… à l’extérieur de l’île ! Simple hasard ?
Notre incapacité collective à imaginer un nouveau paradigme au-delà d’une « égalité réelle » avec la métropole démontre l’anesthésie collective dans laquelle 350 ans de colonisation nous ont plongé.
La vacuité de nos élus réduits à de médiocres jeux de pouvoir et de prébendes achève d’inhiber toute velléité de prendre nos responsabilités pour décider par nous-mêmes de l’avenir de notre île.
La gouvernance calamiteuse à trois “têtes” (Région, Département, Etat) depuis 35 ans qui a succédé au pilotage direct par l’Etat (gouverneurs puis préfets) pendant 300 ans n’a jamais permis à la communauté de destin du peuple réunionnais de se prendre en main comme les Corses sont en train de le faire.
Alors si nous voulons fêter dignement ce 20 décembre il nous faut trouver ensemble les voies et moyens pour sortir de l’impasse de l’aliénation nichée dans nos inconscients « à l’insu de notre plein gré ».
L’abolition était une étape nécessaire mais il nous reste à la parachever par la libération de nos inconscients toujours esclaves de notre passé ! Vaste chantier ! Il y a urgence : notre jeunesse s’impatiente et ne supporte plus notre passivité coupable.
Charles Durand - Le Brûlé – Saint-Denis (La Réunion)
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