L’AMCUR et le 10 mai : se donner les outils de la connaissance

21 avril 2005

L’AMCUR (Association pour la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise) soutient la démarche du Comité pour la mémoire de l’esclavage auquel participent deux compatriotes chercheurs, Gilles Gauvin et Françoise Vergès.

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Notre association se réjouit en particulier, qu’outre la date du 20 décembre qui permet aux Réunionnais et aux Réunionnaises de commémorer dans leur île l’abolition de l’esclavage en 1848, une date commune - le 10 mai - réunisse désormais les peuples d’ici, ceux des Antilles, de Guyane, des anciennes colonies, et de France dans une mémoire partagée. Ainsi la traite négrière et l’esclavage, qui ont impliqué l’Europe, l’Afrique, l’océan Indien et les Amériques dans un commerce que la loi du 10 mai 2001 a désigné comme crime contre l’humanité, seront pris en compte dans une conscience historique plus large.
On peut d’ailleurs se demander s’il s’agit de déterminer une date de célébration avec sa dimension festive ou si, à l’opposé, il ne faut pas décréter une journée de deuil rappelant les horreurs de ce crime contre l’humanité. Ceci dépend de la sensibilité et du vécu de chacun.
Au-delà du choix d’une date, qui n’a pas manqué de susciter la polémique, ce qui est important est sans doute la mise en place d’outils qui permettront de construire une mémoire et une histoire qui analysent et font connaître tous les aspects de cette organisation économique, juridique, politique, idéologique qu’a été l’esclavage organisé à grande échelle et sur plusieurs siècles. Il est essentiel que les manuels scolaires intègrent enfin pleinement ce phénomène, jusqu’ici minoré. Certes, événements et personnages de l’histoire de France prendront un tout autre visage : le Code Noir, "ce monstre juridique" qui légalise la déshumanisation, est né à la cour du Roi-Soleil...
L’AMCUR est persuadée que l’approfondissement permanent de la connaissance du passé, aussi douloureux soit-il, est indispensable à tous ceux et toutes celles qui veulent être acteurs de leur histoire, à la place où ils et elles sont. C’est pourquoi l’AMCUR appuie le projet de création d’un "Laboratoire inter universitaire de recherche comparative", étape préparatoire à la mise en place d’un "Centre National pour l’Histoire et la Mémoire de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions."


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