L’artiste, acteur du développement durable ?

4 avril 2008

L’art au service du développement durable, est-ce une gageure ? Selon beaucoup à travers le monde, l’artiste a son rôle à jouer, fusse-t-il minime. Le développement durable se veut de répondre aux besoins des générations du présent sans nuire à la capacité des générations futures. L’artiste est-il partie prenante du développement durable ?

Si l’on considère que la pratique artistique véhicule un message, et que l’artiste s’inspire souvent de l’actualité, de son quotidien, on est amené en cette semaine de promotion du développement durable à s’interroger sur son rôle. L’artiste peut-il mettre son art au service du développement durable ? Qui l’en empêcherait après tout ? Et surtout, pourquoi ? On sait que les artistes se sont largement exprimés en faveur de la protection de notre planète. L’artiste est un citoyen comme un autre, porteur d’un discours personnel bien sûr, mais faisant partie intégrante de la société. L’artiste au service du développement durable n’est pas une gageure. Combien de plasticiens pratiquent de manière exemplaire le recyclage, la revalorisation des déchets ? Combien de performeurs ont scandé dans les rues l’intolérable gaspillage de nos ressources naturelles ? Le happening interpelle le public, tout en l’intégrant à la performance artistique. Ainsi, l’artiste peut se faire l’ambassadeur d’un discours. Celui du développement durable ?

Le pouvoir de l’artiste

L’art, la culture, sont tellement ignorés par les grands de ce monde, que l’on peut se demander si les artistes arrivent à toucher grand nombre. En fait, l’artiste a-t-il le pouvoir de changer les choses ? Seul, peut-être que non ! Mais sûrement que associés à la même cause, les artistes ont la capacité de faire passer un message. Ils s’engagent contre les maladies, les guerres, le chômage, la précarité, l’exclusion, et les reconduites à la frontière. Pourquoi ne participeraient-ils pas au changement ? « Ne doutez jamais du fait qu’un petit groupe de citoyens engagés et conscients puisse changer le monde. En fait, c’est la seule force qui y soit jamais parvenu », déclarait l’Anthropologue Margaret Mead. Alors, changeons-les choses. Expositions, performances, romans, recueils de poésie, pièces de théâtre, comédies, films, sculptures, peintures, photographies, et j’en passe, devraient créer une vague de prise de conscience internationale. C’est un peu rêver. L’espoir fait vivre l’espérance. L’artiste a un pouvoir, mais l’utilise-t-il à des fins écologiques, environnementales ?

Ils passent à l’action

Il n’est pas rare de croiser une peinture de Charlie Lesquelin arborant des matériaux revalorisés. Papier, tôle, bois, goni. Sophy Rotbard a créé une case en bouteilles de plastique à Art Sénik. L’Art Marron installe des œuvres au discours revendicatif. Certains publient leur recueil de poésie sur du papier recyclé. D’autres s’affichent dans du coton biologique, tandis que les Tapokèr portent fièrement le goni. Peut-être qu’il ne s’agit nullement d’une prise de position environnementale. Quoique ceux-là sont tous défenseurs d’un changement en la matière. La Réunion, île propre, bien sûr qu’ils le veulent. Sont-ce pour autant des artistes au cœur vert, engagés pour la cause écologique, pour le développement durable ? Certains d’entre eux craignent que cela ne reste que sur le terrain politique, sans réelle initiative pratique. Le développement durable est l’affaire de tous les jours. Tenez, un artiste plasticien Claude Caillol demandait qu’on lui ramène tous les sachets plastiques. Il en fait des toiles magnifiques, gigantesques. Il est vrai que nous ne manquons pas de sachets usagés à La Réunion. Il récupère aussi tous les meubles en bagapan, pour les “restyliser”. Encore un exemple concret, avant-hier, l’ILOI et le Village Titan s’associaient au Comité des pêches et le Parc Marin pour expliquer aux élèves portois l’importance d’une implication consciente en faveur du développement durable. Certains écrivent sur le thème de l’eau, d’autres chantent pour sauver ce qui reste de notre nature. Que les artistes s’investissent ! Et certains me réprimanderont pour un tel appel... politique !

Bbj

Semaine du développement durable

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