2009 : Année de la MCUR

L’inscription du Maloya au patrimoine immatériel de l’UNESCO : le travail de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise

31 décembre 2009, par Geoffroy Géraud-Legros

Le 1er octobre, le Maloya était inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO, aux côtés de 76 pratiques culturelles issues du monde entier. Elaboré par la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise (MCUR), le dossier a été transmis à l’UNESCO par l’État français. Cette reconnaissance est l’aboutissement d’un long chemin pour cette expression longtemps méprisée et encore clandestine, il y a trente ans. Le succès de la démarche mené par l’équipe de la MCUR a été salué par des acteurs de toutes sensibilités dans notre pays. Cette consécration montre le rôle moteur que tient déjà cet établissement dans la vie culturelle de notre pays.

Un long chemin vers la lumière

Issu des profondeurs de l’esclavage et de l’engagisme, le Maloya a voyagé dans le temps jusqu’aux Réunionnais d’aujourd’hui, dans sa forme profane et sacrée.
Comme le rappelle Carpanin Marimoutou, l’histoire du Maloya est celle d’une expression "méprisée". Lié au passé esclavagiste et au monde noir, le Maloya était mal vu de la société coloniale qui prit la succession du régime esclavagiste… Face à ce déni de la culture dominante, le Maloya se réfugiait dans l’intimité des logis ou à l’ombre des usines. À partir du début des années 1950, il entame son retour vers la lumière en devenant une expression de la lutte politique. Le Maloya fait alors l’objet d’une répression croissante de la part des autorités : interdits, les rassemblements ont lieu dans le secret des champs de cannes, sous la surveillance de guetteurs. L’interdiction frappe même la possession des instruments de musique !

G.G.


Qu’est-ce que le patrimoine immatériel ?

Les cultures qui ont fait de l’écrit la forme culturelle dominante ont longtemps imposé un mode de pensée qui excluait ou reléguait au second rang les autres formes d’expression orales ou visuelles.
Avec la reconnaissance du "patrimoine culturel vivant" par la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel élaborée sous l’égide de l’UNESCO, ces pratiques culturelles ont retrouvé toutes leurs places. Aux termes de cette Convention, le "patrimoine culturel immatériel" est constitué par les « pratiques, représentations et expressions, les connaissances et savoir-faire que les communautés et groupes et, dans certains cas, les individus, reconnaisssent comme partie intégrante de leur patrimoine culturel ».
La portée de cette reconnaissance est considérable : de même que l’histoire qui, selon Walter Benjamin, a été jusque-là « l’histoire des vainqueurs », la culture dominante est trop longtemps restée celle de l’écrit, considéré "supérieur" dans le système de pensée des puissances colonisatrices. La réintégration des pratiques culturelles fondées sur l’oralité signale ainsi un rééquilibrage du monde.

G.G.

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