Table-ronde de “Regards sur le monde”

La culture : le quatrième pilier du développement durable

5 juillet 2008, par Manuel Marchal

La table-ronde intitulée “Culture, le socle du développement durable” était hier le premier événement de “Regards sur le monde”. Deux jours avant le début de la conférence internationale “Stratégies face aux changement climatique et à la perte de la biodiversité”, les différentes interventions ont souligné toute l’importance de la culture, en tant que pilier du développement durable.

La culture est le quatrième pilier du développement durable, aux côtés de la protection de l’environnement, de la cohésion sociale et du développement économique. De plus, à La Réunion, tradition et modernité ne s’opposent pas mais, au contraire, les valeurs traditionnelles réunionnaises sont aujourd’hui des révélateurs de la modernité. Tels sont les deux principaux enseignements de la table-ronde “Culture et développement durable” organisée hier à la Région.
Radja Véloupoulé, conseiller régional, rappelle qu’en 300 ans d’Histoire, La Réunion a vu l’arrivée de représentants de 6 civilisations sur 2.500 kilomètres carrés. C’est une rencontre unique au monde. Cette échelle de temps lui permet de donner comme perspective au temps celle de l’urgence, une urgence que connaissent maintenant toutes les civilisations du monde, confrontées notamment aux conséquences du réchauffement climatique.
Face aux grands défis, « la culture est le dénominateur commun pour rassembler les énergies, pour donner la cohérence à un projet ». Et Radja Véloupoulé note que pour la première fois, la culture est invitée dans l’élaboration du prochain Schéma d’Aménagement Régional (SAR).

D’une île au monde

L’élu constate la « coïncidence des problématiques réunionnaises et mondiales ». Cette coïncidence se trouve au fond même des valeurs, comme le rappelle Françoise Vergès, directrice scientifique de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise (MCUR).
« La Réunion est le théâtre de la rencontre, le fondement même de la culture », souligne-t-elle. De cette rencontre sont nées les valeurs traditionnelles de la société réunionnaise : tolérance, respect, solidarité et plasticité. Plasticité signifie une capacité d’absorber en transformant. Ces valeurs donnent aux Réunionnais « une extraordinaire ouverture au monde ».
Or, ces valeurs traditionnelles de la société réunionnaise ne peuvent pas s’opposer à celles de la modernité. Tolérance, respect, solidarité, plasticité sont des valeurs on ne peut plus modernes. « Nous sommes plus que modernes, c’est aussi cela notre modèle », précise Françoise Vergès.
La promotion et la transmission de ces valeurs qui deviennent celles du monde, c’est une des missions de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise. Car « une société a besoin de se retrouver autour de valeurs communes. Nos ancêtres ont construit cette société, nous l’avons reçue en héritage, nous devons la transmettre aux générations suivantes ». La Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise est un des outils pour permettre cette transmission. Et au-delà, « elle est le résultat d’un long cheminement pour mettre en valeur le modèle réunionnais ».
Cela souligne que pour son développement, La Réunion a besoin de la culture, le quatrième pilier du développement durable.

Des villes durables réunionnaises

Cet art de vivre ensemble est un atout pour forger la mixité sociale, rappelle Philippe Sérizier, chef du projet du Plan réunionnais de développement durable. En effet, pour faire coexister sur 1.000 kilomètres carrés toutes les activités humaines d’une population d’un million d’habitants, la densification urbaine est une solution proposée. Elle va passer par la construction d’une ville nouvelle où la mémoire de la Nature s’inscrit dans les repères urbains.
Les valeurs de tolérance et de solidarité sont le moteur de la création de nouveaux centres urbains, construits autour d’espaces publics.
Pour la ville durable réunionnaise, l’enjeu est de s’affranchir de l’importation d’un modèle inadapté. Philippe Sérizier souligne que l’étalement urbain est dû avant tout à la diffusion à La Réunion d’un modèle métropolitain « abâtardi », celui de l’habitat pavillonnaire. Autrement dit, il s’agit de penser un aménagement en nous référant à notre culture réunionnaise.
Il faut alors aller vers « une nouvelle alliance entre la préservation des espaces agricoles et naturels et la densification ». Une densification qui, comme le précise Gilles Lajoie, ne signifie pas des tours de plus de 10 étages, mais un habitat à taille humaine, où coexistent de petites résidences.
Sur la base de ces réflexions, Radja Véloupoulé appelle à penser collectivement, à sortir de l’espace insulaire pour arriver à penser globalement. Car la conférence internationale de lundi est là pour le rappeler : La Réunion partage des défis communs à de nombreux pays.

Manuel Marchal

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