Dipavali à la Région

’La différence est accueillie comme un enrichissement’

15 novembre 2004

Les murs du Conseil régional brillaient de mille feux. Au milieu des rythmes, des danses, un engagement de tous pour affirmer qu’à La Réunion, chaque différence est accueillie comme un enrichissement.

Quinze ans que l’association Tamij Sangam lutte. Le président Selvam Chanemougam a rappelé les combats menés en faveur de la culture indienne et fait part de l’émotion de la voir fêtée au cœur de la collectivité régionale. Le président de l’association se souvenait particulièrement de l’année 1990 où le Dipavali a été pour la première fois fêté dans la rue de Paris, de l’année 1997, inauguration de la stèle aux Lazarets commémorant l’engagisme et plus récemment de la pose de la statue de Gandhi.

Soutien sans faille à la MCUR

"La recherche identitaire n’est pas un repli sur soi, ni un communautarisme", déclarait-il, "nous apportons un soutien sans faille à la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise qui apporte une réponse à nos besoins fondamentaux". C’est pour lui "une étape indispensable pour nous approprier toutes nos valeurs, nous enrichir de l’expérience de notre destinée commune". Très encouragé par les coopérations qui se sont développées entre La Réunion, la Chine et l’Afrique, Tamij Sangam souhaite qu’une impulsion politique soit donnée pour une plus grande coopération avec l’Inde. L’association formule toujours le vœu de voir le Jour de l’An Tamoul devenir férié. S’adressant au président de Région, il terminait : "Vous avez fait sortir le maloya du fénoir, ainsi que le 20 décembre, nous attendons une initiative forte pour le prochain calendrier 2005."
Sohan Prakash, consul de l’Inde à La Réunion, a salué le travail de Tamij Sangam qui encourage des jeunes qui ont une grande soif d’apprendre à découvrir la danse, la musique et la langue de l’Inde dont le centre culturel se trouve près de ses bureaux. Il se dit vraiment touché par cet intérêt des Réunionnais pour son pays, tout comme l’Inde apprécie beaucoup les actions menées sur le site des Lazarets. Il indiquait que le gouvernement indien essayait d’aider les Réunionnais qui cherchent à retrouver le fil de leur ascendance. Son discours était traduit par le consul honoraire de l’Inde à Maurice.

Ni supérieur, ni inférieur

Paul Vergés considère que si pour certains c’est "une surprise heureuse de vivre Dipavali à la Région", pour lui c’est "absolument normal". Il regrette que cela n’ait pu se faire plus tôt. Cette soirée est une illustration de la lutte menée à La Réunion. Notre Histoire a connu trop de violence basée sur "le sentiment de supériorité d’un groupe sur l’autre, d’une culture sur l’autre, d’une religion sur l’autre".
Le président du Conseil régional veut "montrer, avec l’appui des Réunionnais, que toutes les cultures sont égales, qu’il n’y pas une religion supérieure et une religion inférieure, que la foi est aussi grande chez les uns comme chez les autres". Soulignant l’importance des racines pour aller vers l’avenir, il expliquait qu’en célébrant Dipavali à la Région, nos pensées devaient aller à ceux qui "dans la misère, dans le mépris, dans la violence, l’ont maintenue dans leur case et dans leur tête". Que leurs descendants mènent une recherche intellectuelle est pour lui le signe "de richesse, d’un approfondissement de l’héritage matériel, affectif, religieux" et correspond à "une demande de toute notre société". Il félicitait l’association d’avoir fait "d’un culte familial, une manifestation collective d’affirmation positive de l’identité qui ne rejette personne mais qui s’ouvre à tous", montrant qu’à La Réunion, "la différence est accueillie comme un enrichissement".
La Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise a devoir de rendre hommage, pour tous les Réunionnais, à ceux venus de tous les pays qui sont passés par le Lazaret. Il notait, face à un site abandonné, que "c’est là où ils ont souffert et là où ils sont morts qu’on essaie d’effacer la mémoire".

Réussir la synthèse de l’identité réunionnaise

Sur le plan de la coopération, il incitait tous les Réunionnais à intensifier leur relation avec l’Inde et à multiplier des liens permanents. La Région apporte son soutien à des formations musicales, universitaires, et souhaite que l’année qui vienne voie se développer "les relations économiques, sociales et culturelles à la hauteur de ce qui a été fait avec la Chine".
Cette soirée de recueillement et de fête a donc aussi été celle d’un engagement. Tout comme pour la Chine, le président du Conseil régional espère qu’une liaison directe avec l’Inde existera bientôt. Il a aussi bon espoir de voir le nombre de visas augmenter et leur obtention facilitée. "Pas pour renouer avec un passé, mais pour réaliser un rêve. Le Réunionnais se refuse à choisir entre ses ancêtres, il les honore tous", déclarait encore Paul Vergés, "nous sommes les enfants de la différence et nous voulons dépasser les contradictions pour une synthèse de l’identité réunionnaise".

Eiffel


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