Fête de Guan Di 2007

La fièvre du Mahjong n’est plus ce qu’elle était

8 août 2007

Alors que le jeu de Mahjong garde une connotation sulfureuse auprès des plus anciens immigrés chinois de La Réunion - qui lui attribuent des histoires de faillites familiales et des drames personnels survenus dans le passé -, les nouvelles règles internationales importées de Chine ont complètement renouvelé la pratique du jeu. C’est aujourd’hui un sport cérébral comme un autre, dont le “virus” s’attrape très jeune, comme on peut le voir tous les jours dans la Fête de Guan Di.

Léa et Axel disputent une nouvelle partie... à deux. Le mah-jong se joue à quatre ; les deux enfants en sont à intégrer les règles... et jouent déjà comme des grands !
(photo P.D.)

Tous les jours, dans le “Village des Han” campé sur plusieurs étages du parking de la rue Sainte-Anne, le pavillon de la Fédération réunionnaise de Mah-jong accueille un public nombreux désireux d’apprendre les règles de ce jeu arrivé jusqu’à nous depuis la nuit des temps.
Emmanuel Tai Leung est depuis plusieurs années un des piliers de la Fédération. Ses amis de Saint-Benoît racontent qu’avant de devenir un des champions de Mah-jong envoyé représenter La Réunion et la France aux quatre coins du monde, il en a eu une approche méfiante, en raison d’une histoire familiale douloureuse. « Le mah-jong était autrefois souvent lié à l’argent. Beaucoup d’ancien Chinois ont perdu leur fortune ou leur commerce au jeu de mah-jong », rappelle Henri Chane-Tef, de l’Association Bénédictine Culturelle Chinoise (ABCC), pour souligner l’énorme travail fait par la Fédération de Mah-jong que préside Stéphane Parcollet. « En introduisant les nouvelles règles internationales, la fédération a voulu changer cette image, redonner au mah-jong sa dimension de jeu de l’esprit », complète-t-il. Y compris sa dimension compétitive. Les jeunes Réunionnais d’aujourd’hui pratiquent le mah-jong comme un sport. Chez eux ou dans les clubs de l’île, où l’initiation est permanente : à l’Etang-salé, Saint-Denis, Saint-Paul et Saint-Benoît. Puis dans des rencontres nationales ou internationales, où ils se sont souvent fait remarquer...
« Au prochain championnat du monde, il y aura 2 joueurs de Saint-Paul et 4 de Saint-Denis », souligne fièrement Emmanuel Tai Leung. Soit 6 Réunionnais dans une délégation française de 10 membres, qui disputera à Chendo, en Chine, les deuxièmes championnats du monde, en novembre 2007. « En juin, 8 français ont participé au 2ème championnat d’Europe “Open” de Copenhague, au Danemark » poursuit-il, en se gardant bien de dire, à ce moment-là, qu’il s’y est lui-même classé 9ème joueur international, et 2ème joueur français... derrière un Parisien.
La fédération était aussi présente lors des 3 championnats de France ; d’abord parce que les deux premiers ont eu lieu à La Réunion, en 2005 et 2006. « Celui de 2007 a eu lieu à Paris et c’est un Réunionnais de 13 ans, Mathieu Ugo, qui a fini 3ème du Tournoi “Open”. Comme il était le premier Français au classement, il est le nouveau champion de France et il s’entraîne au club de Saint-Paul », continue de raconter Emmanuel Tai Leung, intarissable sur le sujet.

La Nuit du Mah-jong

Il explique notamment que la Chine a proposé des règles internationales, en 1998, pour unifier le jeu - car auparavant, chaque province avait ses règles - et l’internationaliser. « Depuis, une bonne trentaine de pays l’a adopté et participent à des rencontres nationales et internationales », poursuit le champion. Il est un des animateurs les plus appréciés de la fédération et a notamment orchestré “la nuit du mah-jong”, samedi dernier, dans la fête de Guan Di.
« On a commencé vers 21 heures à peu près ; il y avait une vingtaine de tables dont la moitié était des tables d’initiation. Les derniers initiés sont partis vers 1h du matin, les autres ont joué jusqu’au petit matin ; il y avait même une petite fille de 7-8 ans qui est restée jusqu’à 1 heure du matin et qui ne voulait pas partir ! Le dimanche, à 6h du matin, elle réveillait ses parents pour une nouvelle partie ! », raconte Emmanuel Tai Leung, qui s’attendait à voir revenir la petite fille. Il ne s’est pas trompé. Venue le samedi pour l’initiation, puis le dimanche, le lundi... la petite Léa cumulait 16h d’apprentissage du mah-jong sur le temps qu’elle a passé dans la fête ! Et mardi midi, elle disputait encore une partie avec un de ses petits camarades.

P. David


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