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Intervention d’Huguette Bello à l’Assemblée nationale
30 septembre 2005
Dans le cadre du débat parlementaire sur le projet de loi relatif à l’application du principe de laïcité dans les écoles, collèges et lycées publics, la députée Huguette Bello était intervenue le 3 février 2004. À la tribune de l’Assemblée nationale, elle avait donné aux parlementaires des images de la laïcité dans notre île. Expliquant pourquoi elle allait voter contre le texte, la députée de La Réunion demandait ’de ne pas nous créer, par une loi en tous points inutile, un embarras supplémentaire’.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, quand je prends la parole dans cet hémicycle, c’est souvent pour vous parler des difficultés de La Réunion, du chômage, de notre jeunesse inquiète, de tous ces retards que nous avons tant de mal à combler. Je vous épargnerai aujourd’hui ce triste catalogue. Je vous demanderai seulement de ne pas nous créer, par une loi en tous points inutile, un embarras supplémentaire.
Dans la construction de la société réunionnaise, la laïcité joue un rôle décisif. Oui, elle est faite de diversité, de respect, de tolérance. Mais plutôt que de faire appel à des mots solennels, laissez-moi vous montrer quelques images.
"Quelques images"
Chez nous, les mosquées, les temples hindous ou chinois voisinent avec les églises catholiques.
Chez nous, la nature est piquetée de petits édifices religieux que les fidèles d’un culte, ou de plusieurs cultes, entretiennent et fleurissent avec dévotion.
Chez nous, à l’occasion des fêtes qu’elles célèbrent, les communautés religieuses échangent leurs vœux par des communiqués publiés dans la presse.
Chez nous, plusieurs fois par jour, l’appel du muezzin et les cloches des églises se répondent pacifiquement.
Chez nous, personne ne s’étonne de voir l’évêque s’exprimer lors du Dipavali, la fête de la lumière des Hindous.
Chez nous, lorsqu’on inaugure un pont, les représentants de tous les cultes viennent y associer leurs prières.
Chez nous, les cantines scolaires s’accommodent depuis toujours des interdits alimentaires : pas de porc pour celui-ci, pas de bœuf pour celui-là.
Chez nous, il existe des cimetières, ou des carrés dans les cimetières, réservés à tel ou tel culte.
Chez nous, où la grande majorité de la population est catholique, une école coranique sous contrat - la seule de France - accueille des enfants.
"Équilibre précieux et fragile"
Cet équilibre est précieux, fragile aussi. Il a fallu beaucoup de temps et d’efforts pour qu’il s’établisse dans une île où un article du Code noir interdisait l’exercice de toute autre religion que la catholique, et où, pendant longtemps, les cultes non chrétiens devaient se cacher, sinon disparaître.
C’est pourquoi, au moins autant que d’autres, les Réunionnais sont fortement attachés à la laïcité. Ils savent ce que signifie l’égalité entre des options spirituelles différentes et ils savent qu’elle est le garant de liberté de conscience. Ils savent aussi que la laïcité construite sur la neutralité du pouvoir politique constitue la meilleure défense possible contre les périls du communautarisme.
Le défi - dont parle M. Stasi - de "forger l’unité tout en respectant la diversité de la société", il a été relevé, et victorieusement, dans notre île.
Les signes ostensibles ? Dans un tel contexte, les proscrire nous semble maladroit, inopportun et dangereux. Quand l’école, au mépris de toute réalité, interdisait la langue créole dans son enceinte, imagine-t-on quelle douloureuse et vaine gymnastique mentale elle imposait aux enfants ? En serait-il autrement si leurs habitudes élémentaires, héritées de très anciennes civilisations, se retrouvaient soudain rejetées et suspectées par on ne sait quels théoriciens du convenable ?
"L’inutilité de cette loi"
L’école, l’école laïque, est-ce l’élargissement ou la mutilation ? Le dépassement ou la réduction ? La confiance ou la méfiance ? Qu’on ne s’y méprenne pas d’ailleurs, sur les photos de classe de La Réunion, il suffit le plus souvent des doigts d’une seule main pour compter les foulards.
Quant à ce tika, ce poutou, ce point rouge que les jeunes filles, selon la tradition hindoue, portent sur le front, et qui n’est pas non plus très répandu, faudrait-il qu’elles l’effacent avant d’entrer en classe ? Le plus sage serait de continuer à faire confiance aux enseignants de La Réunion, qui, bien adossés aux valeurs fondatrices de la laïcité, ont toujours su que celle-ci était d’abord synonyme de tolérance et de liberté.
On est en train de nous placer dans une situation absurde. Tous les responsables politiques et religieux de La Réunion ont souligné l’inutilité de cette loi. Le ministre de l’Outre-mer préconise de l’appliquer "avec souplesse et intelligence" ; le recteur de La Réunion promet de fermer les yeux. Nous leur en donnons acte. Mais qui nous garantit que demain quelque directeur d’établissement n’ira pas, par zèle intempestif ou par ignorance de la situation, mettre le feu dans les consciences en ruinant ces efforts de modération ? Mieux vaudrait sans aucun doute une application souple et intelligente de la loi qu’une application rigide et mécanique ! Mais mieux vaudrait encore qu’il n’y ait pas de loi du tout !
"Débat presque irréel"
De l’école, de nos enfants, il y a tant de choses à dire, de leur présent et de leur avenir, de ce qu’ils sont et de ce qu’ils seront, que le débat dans lequel nous sommes engagés m’apparaît presque irréel. Nous ne ferons pas disparaître, en l’enveloppant dans l’étoffe du voile, le trouble des petits Réunionnais, pas plus que celui des petits Français. Je n’arrive pas à repousser la crainte que la vieille et noble patrie des cathédrales et de la Révolution, de celui qui croyait au ciel et de celui qui n’y croyait pas, n’agisse dans cette affaire, non pas comme elle-même, mais comme un clone fantomatique d’elle-même. Il lui en faut vraiment si peu pour trembler ?
Ce voile, je ne le défends pas plus que ceux qui veulent légiférer à son propos. Il est vrai qu’il peut fournir l’occasion à certains groupes d’exercer sur des adolescentes d’insupportables pressions. Mais il est trop commode de distinguer les difficultés de certaines de nos jeunes compatriotes de celles de l’ensemble de la jeunesse. Ne voyons-nous pas qu’une grande partie de ces jeunes, même s’ils sont résolument hostiles au voile, se sentiraient contraints par un profond sentiment de justice de prendre fait et cause pour celles de leurs camarades qui refuseraient de l’abandonner ? Car, ils le devinent, il n’y aurait pas d’affaire du voile si les problèmes de quelques adolescentes n’étaient pas la traduction particulière, dans un groupe particulier, d’un désarroi qui touche tous les jeunes, quels que soient leurs origines, leur milieu social ou leurs convictions.
Chaque jour, la télévision nous montre des enfants qui se débattent contre l’angoisse où les jettent des bouleversements qui les déconcertent ! Les plus pauvres s’enferment dans le ressentiment, les plus riches dans l’égoïsme. Ce que dévoile la question du voile va bien au-delà de ce que nous imaginons. Elle s’impose à nous tous comme un révélateur du désarroi de notre jeunesse tout entière. Elle nous dit, à sa manière, que le type de société qui se développe en Occident n’a plus la moindre force d’entraînement, ni sur les individus, ni sur les groupes.
"Un boulevard à la mauvaise foi"
Pour la jeunesse, cette loi aurait un arrière-goût de capitulation. Elle signifierait que le pouvoir politique a définitivement renoncé à traiter le fond des problèmes et qu’il s’est exilé dans le formel et l’apparent.
Les conséquences de cette loi, détestables pour tout le monde, le seront plus encore pour les jeunes filles qu’elle vise. Elle ouvrira un boulevard à la mauvaise foi, aux entêtements sans issue, aux fausses rationalisations, au manichéisme sommaire, prodromes des révoltes sans espoir.
Et puis tissu pour tissu, l’imposture est trop grosse ! Pour dangereux qu’il soit, ce voile est devenu pour celles qui le portent, et même pour ceux qui le refusent, une affaire de conscience. Quelle conscience y a-t-il, je vous le demande, dans la course à l’exhibition que nous laissons la publicité organiser dès la maternelle, que dis-je ? dès la naissance, quand ce n’est pas avant la naissance ! Les signes visibles de richesse, les signes ostentatoires de vanité, et donc les signes ostensibles d’arrogance et de mépris, qui s’y oppose ? J’entends souvent parler de valeurs. Je ne mets pas en doute la sincérité de ceux qui tiennent ce langage. Mais pendant que dans cette assemblée on célèbre les valeurs, partout ailleurs les jeunes sont invités à vivre sur le mode de l’individualisme, de la compétition, de l’illusion, de l’envie et de la jalousie.
Où est le progrès quand une petite Marie, plutôt que du voile de Farida, rêve des Nike de Claire ou de François. Qu’on le veuille ou non, et même si on le refuse, l’Etre est quand-même davantage présent dans le voile que dans les Nike ! (Exclamations sur divers bancs.)
"Combattre les “cléricatures de l’argent”"
Combattre ce qu’un membre de la commission Stasi a superbement appelé les “cléricatures de l’argent”, voilà la première urgence éducative ! Je ne pense pas seulement à la nécessaire réduction des inégalités, ni à l’urgente obligation d’éradiquer de monstrueuses injustices, car le mal a creusé des galeries plus profondes encore. Je pense d’abord à un examen hardi et généreux des raisons de vivre que nous proposons à la jeunesse. Si une telle tâche était, je ne dis pas même achevée ni menée à bien, mais simplement loyalement commencée, la question du voile, comme bien d’autres, s’apaiserait.
Pour celles qui le portent, comme pour l’immense majorité qui le refuse, l’accès au monde réel, aujourd’hui obstrué par l’illusion systématiquement organisée, serait enfin ouvert. Les esprits et les cœurs sortiraient des réserves où l’argent les tient enfermés. Ce voile, que nous redoutons tellement, tomberait alors de lui-même. Et nous comprendrions qu’il ne cachait pas seulement le visage de quelques adolescentes mais, d’une autre manière, le nôtre.
Évidemment, pour toutes ces raisons, je voterai contre ce texte.
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