Synthèse de Jean-François Geraud

La loi de 1905 est-elle proche de nous ?

17 octobre 2005

Pour Jean-François Geraud, ’laïc et laïcité sonnent bizarre en français’, ces mots sont des ’noyaux irréductibles’ qui résistent à l’anglicisation. Étymologiquement, le mot “laïcité” définirait ’le fait du peuple’. Mais est-il le fait du peuple ? C’est ce que cherchait le colloque dans le débat sur la laïcité, sur sa mise en œuvre, son vécu, son émergence, sa mise en pratique.

Dans sa synthèse, l’historien détoure 2 questions principales : ce qui est loin dans le temps peut-il être proche du politique ? ce qui est loin dans l’espace peut-il être proche du politique ?
Ainsi, il pose d’abord la question de l’actualité de la loi de 1905. La perspective historique apporte une réponse en montrant sa genèse, son origine dans les prémices de la révolution en 1880, le rôle de la Ligue des Droits de l’Homme...

Une loi-compromis

La désacralisation du pouvoir politique mène à une rupture évidente en 1905. Il note que "en réalité, la loi apparaît comme un compromis entre ultra laïc et anti laïc. C’est le résultat d’un aboutissement transactionnel répondant à deux stratégies : la pacification sociale et le fait que la République doive passer à l’affrontement de la question sociale". Les interventions ont montré qu’aujourd’hui encore, cette loi subit des agressions constantes et qu’elle est constamment défendue, affirmant que la laïcité reste un combat.

Rôle des associations

Jean-François Geraud notait encore qu’à La Réunion, la laïcité était le chaînon manquant par quoi la continuité spatiale et juridique entre métropole et colonie a été établie avant d’aboutir à la départementalisation. Diverses associations contribuent à son essor, dans le cadre de l’économie sociale et solidaire ou avec Jeunesse en Plein Air, pour privilégier l’autonomie des individus et garantir l’unité sociale. La loi est toujours opératoire.

Laïcité
"à géométrie variable"

Deuxième question : ce qui est loin dans l’espace peut-il être proche du politique ? Jean-François Geraud retient une "laïcité à géométrie variable". Dans la zone océan Indien, les communications ont montré qu’y avait un souci de laïcité : il y a une volonté laïque de l’Inde - où la place de ce concept est déjà dessinée en creux dans la culture indienne -, néanmoins, elle reste un chantier, un combat lié au décloisonnement de la société. À Maurice, la laïcité, sans doute à cause de la tradition coloniale britannique, n’est pas formellement inscrite, mais de nombreux signes l’affirment. À Madagascar, l’histoire de la laïcité montre que les textes des rois à l’origine de l’unification politique divorçaient avec les pratiques et croyances populaires sans s’accompagner d’un rejet du christianisme. Alors oui, ce qui est loin dans l’espace peut être proche du politique. "Le concept de laïcité est un creux où il faut mettre du sens, il conditionne le vivre ensemble, il est l’essence de la démocratie. Toucher à la laïcité, c’est toucher à la démocratie elle-même. La laïcité est le fruit du débat, de transactions, pourquoi exiger un absolu ? N’est-ce pas un désir de sacraliser la laïcité ?".

Eiffel


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