
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
26 juillet 2008
Il est habituel de relater les cérémonies qui émaillent la vie cultuelle de notre île, mais bien souvent, les grands rendez-vous, notamment pour la culture tamoule, ont lieu dans des grands temples avec force publicité mais aussi une foule considérable.
La culture tamoule très présente dans notre île n’est pas seulement folklorique, ni sujette à des rencontres de masse.
Chacun à La Réunion vit sa foi en son for intérieur et le plus souvent en toute intimité. L’hiver austral dans notre île annonce le retour de nombreuses marches sur le feu. Si les grands rendez-vous pour les touristes se font autour des grands temples, il est des temples familiaux où la ferveur est parfois aussi intense, si ce n’est pas plus.
Dimanche dernier, la Famille Vaity, dans son temple familial de Commune Prima, organisait une cérémonie, une marche sur le feu d’une intensité forte, démontrant ainsi que la culture et la religion tamoules sont encrées dans la terre réunionnaise. C’est avec ferveur et dévotion que les pénitents se sont préparés à subir cette épreuve, prouvant ainsi qu’ils avaient mené à bien leur carême.
La foule était nombreuse au rendez-vous et le temple était bien petit pour accueillir la centaine de curieux mais aussi d’invités à cette grande cérémonie.
C’est Monsieur Vaity Pierre qui, le premier, s’élança sur les braises rougeoyantes sous les cris de joie de la foule, ouvrant ainsi la voie à tous ceux qui, comme lui, recherchent la purification dans cette coutume qui remonte à des temps immémoriaux et que les engagés tamouls ont amené avec eux. À plusieurs reprises, la quinzaine de pénitents a traversé en toute solennité le foyer crépitant et c’est toujours avec une impressionnante facilité que les hommes mais aussi les femmes nous montrent leur degré de ferveur.
La cérémonie fut ponctuée par de nombreuses prières mais aussi par le sacrifice de deux cabris.
Tout comme pour l’ouverture de la cérémonie, c’est Monsieur Pierre Vaity qui marchera le dernier sur le feu purificateur. Ensuite ce sont les femmes qui, pour sans doute remercier les dieux d’avoir exaucé les vœux des pénitents, ont parcouru le pourtour du carré long où se consumaient les braises encore brûlantes. Ce dernier rite, c’est à genoux qu’elles l’ont réalisé, se prosternant à chaque angle du brasier sacré, prononçant des incantations comme pour se libérer du poids de la vie.
Monsieur Vaity, visiblement ému, mais aussi en phase avec sa conscience religieuse, conclut en remerciant tous les participants à ce grand moment de ferveur. Le fait que cette cérémonie se soit déroulée dans un petit temple renforce sans nul doute le degré d’appartenance à une communauté familiale.
Il est vrai que le vécu d’une cérémonie aussi forte peut amener à réfléchir sur notre présence sur Terre, mais aussi sur le besoin des hommes de croire. On vient à une marche sur le feu en profane curieux, comme si on allait au spectacle, mais on en repart la tête chamboulée et remplie de questions. Que l’on soit crédule ou non, une expérience de cet ordre force à réfléchir au cheminement des croyants qui y participent, mais aussi à notre propre parcours spirituel. Qu’importe que l’on soit pour ou contre, le fait pour les adeptes de cette religion d’exposer au regard de tous leurs pratiques fait d’eux des éveilleurs de consciences.
Philippe Tesseron
http://tesseron.blogspace.fr/
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