Une rencontre inter-religieuse sur le vivre-ensemble réunionnais

La paix et la fraternité passent par le respect des différences culturelles et des droits sociaux

13 août 2011, par LB

Ce jeudi soir à l’Ashram du Port, s’est déroulé un événement particulièrement important dans le cadre des rencontres entre Réunionnais pour construire une société meilleure : des échanges très riches ont eu lieu entre de nombreux représentants des diverses sensibilités religieuses réunionnaises pour voir ensemble comment renforcer la fraternité de notre peuple afin qu’elle contribue à la fraternité universelle.

Il y a cinq ans à Paris, lors d’une procession hindoue, le Swami Adwayananda du Port a rencontré le Père Higoumène Barsanuphe, un moine orthodoxe, vice-président de la Conférence Mondiale des Religions pour la Paix (CMRP-France) et président du Collectif Interreligieux Multilatéral pour la Paix (CIMP). Les deux hommes ont échangé des informations sur les rapports entre les diverses religions à La Réunion et cela a très vite donné au religieux parisien l’idée puis la volonté de venir dans notre île pour encore mieux connaître et faire connaître en France comment nous vivons ici l’inter-religiosité et la laïcité.

Ce projet s’est réalisé ces jours-ci, pendant lesquels le Père Higoumène Barsanuphe a notamment pu rencontrer un grand nombre de représentants du Groupe de Dialogue Interreligieux de La Réunion (GDIR), présidé par Idriss Issop-Banian. Et cette visite a été marquée en particulier par la rencontre organisée avant-hier au Port par le Centre de Rencontres Interreligieuses Multilatérales pour la Paix (situé en Charentes), en partenariat avec le CIMP et le GDIR.

Respect des droits sociaux

Après le message de bienvenue du Swami portois, Idriss Issop-Banian a félicité le Père Higoumène Barsanuphe pour « cette initiative originale », dont il veut tirer des enseignements pour transmettre à la France cet « exemple réunionnais de notre vivre ensemble ». Pour le moine orthodoxe, militant de la paix, ce travail est d’autant plus important que lui-même dénonce avec force les inégalités de traitements et autres discriminations dont sont victimes les immigrés en France, où ils sont de plus en plus qualifiés d’« envahisseurs ».

Le Père Higoumène Barsanuphe a souligné que parmi les multiples conditions de la paix, il y a le respect des différences et celui des droits sociaux. Sinon il ne peut pas y avoir de société fraternelle, dit-il.

« Un nouveau départ »

Mgr Gilbert Aubry a plaidé dans le même sens, en dénonçant le fait que le monde soit dominé aujourd’hui et de plus en plus « par les marchés, la finance et la consommation ». L’évêque de l’Église catholique à La Réunion a souligné également que « les religions sont capables du meilleur comme du pire » et qu’il convient donc d’être vigilant afin que les diverses cultures héritées de nos ancêtres s’entendent dans notre société métissée pour que notre vivre-ensemble privilégie l’intérêt général.

Pour le confucéen Clément Ah-Line, cette rencontre « est un nouveau départ » dans la construction d’une société réunionnaise plus harmonieuse et, pour le représentant de l’assemblée spirituelle bahaïe, si La Réunion peut être prise comme un modèle en termes de relations inter-religieuses, « nous avons encore beaucoup à apprendre et à faire ». C’est dans ce sens que « le GDIR peut être un des ciments entre les Réunionnais ».

« Travailler ensemble »

Bien d’autres responsables religieux réunionnais — bouddhistes, chrétiens, musulmans, tamouls — sont intervenus dans le même esprit. Ils ont appelé leurs frères et sœurs des diverses religions à être au service des personnes en difficultés et à « offrir leur bonheur aux autres pour prendre le chemin de l’amour afin de construire une planète d’amour ». Et le GDIR peut plus que jamais contribuer avec d’autres à « cette volonté d’échanges et de partages entre nos différents idéaux », selon les termes de Daniel Minienpoullé.

Le Swami du Port a conclu cette rencontre en soulignant que ce fut « un moment très fort » mais en appelant tous les participants à rester vigilants et actifs car le contexte est très difficile. Et d’ajouter : « Nous devons continuer à travailler ensemble pour que cette fraternité réunionnaise devienne vraiment une réalité de tous les jours ».

L.B.

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