200ème anniversaire de la révolte de Saint-Leu

La professeure Hélène Maillot et la pièce ’Élie ou le combat d’un esclave pour la liberté’

1er juillet 2011

Le samedi 18 juin dernier, au Centre régional de boxe française et moringue à Sainte-Suzanne, des élèves de CM2 de l’école ’Les Pêcheurs’ à La Marine ont joué une pièce de théâtre admirable, pour faire connaître à leurs collègues, à leurs parents et à la population en général la révolte de nos ancêtres esclaves en 1811 dans la région de Saint-Leu avec leur dalon Élie. Leur professeure, Hélène Maillot, nous explique le sens qu’elle a donné à cette création, qui est une grande première à La Réunion.

Le socle commun de connaissances et des compétences du Ministère de l’Éducation nationale stipule que les élèves doivent acquérir « le sens de l’identité et de l’altérité ». Il « prépare chacun à la construction de sa propre culture et conditionne son ouverture au monde ». C’est dans ce cadre que s’est inscrit ce projet : "Élie ou le combat d’un esclave pour la liberté".
Le travail mené dans la classe et avec des intervenants de Sainte-Suzanne a vu son aboutissement dans une démonstration de moringue, la présentation d’une pièce de théâtre mêlant français et créole et mettant en scène l’esclave Élie et la révolte de Saint-Leu, ainsi qu’une exposition retraçant la traite négrière, l’esclavage et son abolition à Bourbon. Cependant, l’intérêt de ce projet résidait bien davantage dans le processus dans lequel s’engageaient les élèves que dans la démonstration de moringue ou la représentation théâtrale elle-même. Celles-ci constituaient avant tout une motivation et la finalisation d’un processus d’apprentissage, de création.
L’un des objectifs principaux était d’attirer l’attention des élèves sur l’importance de connaître l’Histoire de leur île, la valeur de la langue créole et de leur culture. En effet, on le constate au quotidien dans nos classes, le créole est le mode d’expression normal et spontané de nombreux élèves. Il est nécessaire pour les enseignants de le prendre en compte non pas que pour asseoir les apprentissages en français mais aussi en tant que langue et culture à part entière, afin de ne pas le dévaloriser aux yeux des élèves ; ce qui conduirait à dévaloriser ces derniers dans leur identité et nuirait à leur épanouissement personnel et à l’acquisition des compétences.
De plus, il s’agissait de rendre hommage à des combattants réunionnais de la liberté, qui ont payé cher le prix de leur engagement, à l’instar de ceux qui ont combattu les horreurs de la 2ème Guerre mondiale…
L’impact de ce projet s’est ressenti au niveau de la motivation, de l’investissement et de l’épanouissement des élèves. D’où l’amélioration de leurs résultats dans tous les domaines disciplinaires.
Leur rencontre avec l’historien Sudel Fuma, coordonnateur du Kolèktif Lané Élie (KLÉ), a eu plus de bienfaits que n’importe quelle leçon d’Histoire, aussi bien menée soit-elle. Ce genre d’initiative, menée par le KLÉ, est très enrichissante, que ce soit pour les élèves mais également pour les enseignants et les parents d’élèves. Quoi de mieux que de découvrir l’Histoire de notre île à travers le regard rempli de fierté et la sensibilité des adultes de demain ? Ce n’est que cela, mais c’est déjà beaucoup.

Hélène Maillot,
professeure des Écoles


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus