Notre Histoire : À l’occasion du 86e anniversaire de la naissance de Roland Jamin - 5 -

La route littorale : la préparation d’un ’véritable crime’

25 juin 2004

Aujourd’hui, l’article d’Eugène Rousse éclaire les circontances dans lesquelles ont été décidées, en 1954, les différentes étapes de la suppression du chemin de fer. ’La préparation d’un ’véritable crime’’, fait remarquer l’historien...

Le 21 avril 1954, s’ouvre au Palais Rontaunay à Saint-Denis, siège du Conseil général, un nouveau "débat" sur les différentes étapes de la suppression du chemin de fer ; un chemin de fer inauguré avec un faste extraordinaire le 11 février 1882. Il s’agit en fait d’un débat truqué.
Le président [du Conseil général de l’époque - NDLR] Roger Payet se contente de donner lecture des décisions prises par le préfet Pierre Philip. Décisions relatives aux différentes étapes de la fermeture du chemin de fer. Après la lecture du rapport préfectoral, parfois inaudible, la salle de délibération n’étant pas équipée de matériel de sonorisation et le débit du président très rapide, ce dernier, sans reprendre son souffle, se met à lire le texte d’une motion dont voici un bref extrait : "le Conseil général de La Réunion prenant acte du rapport présenté... par le préfet renvoie la décision à l’autorité de tutelles".
Sans le moindre débat, la motion - dont on ignore les noms des rédacteurs - est mise aux voix.
Au porte-parole du groupe communiste et apparenté qui s’indigne d’une pareille désinvolture, le président réplique sur un ton ferme : "Vous prendrez la parole après le vote".
Cette réponse stupéfiante conduit le conseiller communiste Henri Lapierre à déclarer notamment : "Vous ne m’empêcherez pas Monsieur le Président de dire qu’un vote (...) à la sauvette est une lâcheté". S’en remettre au ministère, alors qu’il s’agit d’une décision aussi importante que la liquidation du chemin de fer, c’est apporter sa caution au "véritable crime qui se prépare".
Malgré les observations du groupe communiste qui s’étonne par ailleurs que l’ordre du jour ne prévoyait pas le vote d’une motion, le président imperturbable met la motion aux voix.
Immédiatement après l’adoption de la motion par 16 voix contre 10, le président n’hésite pas à lever la séance, sans consultation préalable de l’Assemblée et malgré les protestations des conseillers de l’opposition.

(à suivre)

Eugène Rousse

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