Un film à voir et à faire connaître

’Le Capital’ de Costa-Gavras : non au monde féroce de la finance !

4 décembre 2012, par LB

Le grand cinéaste français d’origine grecque Costa-Gavras vient de franchir une nouvelle étape très positive dans son admirable parcours de réalisateur, en sortant son dernier film qui a commencé à tourner dans les salles de La Réunion et intitulé ’Le Capital’. Ce film, en plus de ses qualités esthétiques et émotionnelles autour du comédien Gad Elmaleh, a surtout le mérite immense de nous aider à prendre conscience de l’importance d’un problème essentiel, trop souvent mis de côté (et l’on sait pourquoi…) par les dirigeants de la classe politico-médiatique sur-rémunérés, à savoir : le poids et la gravité de la dictature du monde bancaire, financier et commercial, appelé le capital. Un système socio-économique, dont la devise rappelée dans ce film est très claire : « Nous continuons à prendre aux pauvres pour donner aux riches ».

Beaucoup de Réunionnais se souviennent de "Z", l’un des premiers films réalisés par Costa-Gavras et dont la diffusion fut interdite par l’État néo-colonial dans les salles de La Réunion au début des années 70. Il a fallu que le Parti communiste réunionnais et "Témoignages" dénoncent avec force pendant plusieurs mois cette censure et cette atteinte à la liberté d’expression pour qu’enfin, les Réunionnais puissent avoir le droit de voir ce film et l’applaudir dans toutes les salles.

Cette œuvre cinématographique très émouvante raconte notamment comment, en Grèce dans les années 60, le régime dictatorial militaire a fait assassiner l’ancien champion olympique, médecin et député communiste grec Georges Lambrakis. Un assassinat dénoncé massivement par la population, notamment par les cris et les affiches portant la lettre "Z", première lettre du mot grec : "il est vivant !".

C’est pourquoi, en 1971, après avoir été élu maire du Port, Paul Vergès avec son équipe municipale a décidé de donner le nom de Georges Lambrakis au nouveau stade portois de l’avenue Raymond Mondon. Afin d’exprimer la solidarité du peuple réunionnais avec les peuples du monde en lutte pour la liberté.

Une problématique… capitale

Si le peuple réunionnais a été touché par ce film "Z" de Costa-Gavras, c’est notamment parce qu’il lui faisait penser aux violences électorales dont il a lui-même été victime durant cette période, où plusieurs militants de la démocratie réunionnaise ont perdu la vie. Bien d’autres œuvres du Président de la Cinémathèque Française ont été appréciées par nos compatriotes, comme par exemple "L’aveu" (1970), "Amen" (2002), "Eden à l’Ouest" (2009), etc.

Voilà pourquoi "Témoignages" leur recommande d’aller voir "Le Capital", qui met le doigt sur une problématique… capitale trop souvent sous-estimée : la responsabilité criminelle du monde de la finance dans les drames vécus au quotidien par une grande partie de l’humanité victime de la violence de la pauvreté. [1] En effet, ce film nous montre comment fonctionne ce monde du capital, dont la priorité est de « prendre aux pauvres pour donner aux riches ».

Le totalitarisme de l’argent

Bien sûr, "Le Capital" est une fiction, au sens cinématographique, avec ses aspects émotionnels et esthétiques touchants ; mais il peut également être perçu d’une certaine façon comme une sorte de "documentaire", qui décrit clairement le fonctionnement "an misouk" de la finance et comment sa loi du profit nous soumet au totalitarisme de l’argent.

D’ailleurs, dans un entretien accordé à "l’Humanité-Dimanche" lors de la sortie de son film début novembre dernier, Costa-Gavras évoque le côté « didactique » de cette œuvre « pour montrer comment le système fonctionne ». Et il souligne que les banquiers auxquels il a montré son film « l’ont tous trouvé juste » et « s’y retrouvent » . Même que l’un d’eux auxquels il avait montré le scénario avait estimé que les profits des banquiers sont encore bien plus élevés !

D’où l’importance de voir ce film et de le faire connaître à un maximum de Réunionnais, afin de les aider à prendre conscience du bonheur des plus riches à voler l’argent des plus pauvres. Une prise de conscience d’autant plus importante que « ce sont des inconscients qui nous mènent à la catastrophe », conclut Costa-Gavras dans cet entretien.

L. B.


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