
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
“La question des ancêtres chez les esclaves de Bourbon” - 3 -
12 janvier 2005
Dans nos précédentes éditions, nous avons pu mesurer, à travers l’étude de Prosper Ève, combien il était difficile pour les esclaves de l’île Bourbon de rendre hommage à leurs ancêtres.
À l’occasion de la conférence-débat organisée le 20 décembre dernier par l’Association pour la Maison des civilisations et de l’Unité réunionnaise, l’historien a communiqué au public un poème ’riche de sens’ pour illustrer cet état de fait.
(Page 5)
À travers l’aventure d’un roi malgache sakalave vaincu par le roi merina et réduit à l’état d’esclave au lieu d’être tué, le poète saint-pierrois Ernest Cotteret rappelle brillamment, lui aussi, que le plus important pour l’esclave est de mourir dans son pays natal, dans le long et touchant poème “Le chant du vieux nègre”, qui date de janvier 1847.
"À ses frères d’exil assis devant leurs cases
Un vieux nègre chantait sur le bobre africain,
Et la bande après lui reprenait au refrain ;
C’était l’un des premiers qui virent les Salazes ;
Esclave pour les blancs, mais Roi pour ses pareils,
Son front chauve avait vu déjà bien des soleils
Dorer les pics altiers de notre Colonie ;
Il parlait à Zanhar, le tout puissant génie.
Aussi parmi les siens, sur l’habitation
Était-il justement en vénération ;
Ils avaient tant de foi dans ses sages paroles
Et lui donnaient sur eux un si libre pouvoir,
Que pour leur commandeur tous les planteurs créoles
Eussent payé bien cher le bonheur de l’avoir.
Mais écoutons sur l’arc à la corde plaintive
Chanter le vieux Nestor de la tribu captive,
Au temps où, violant et droits et liberté,
L’homme pour un peu d’or vendait l’humanité.
Oh ! Que la voix des Noirs, dans sa monotonie,
Le soir, pour qui l’écoute est pleine d’harmonie.
Chantons, pauvres exilés,
Bien loin de la Grande Terre,
Nous que les Blancs ont volés
À l’amour de notre mère !...
Chantons pour oublier notre captivité,
Chantons pour alléger le poids de notre chaîne,
Pour étouffer le cri de notre juste haine
Et rêver dans les fers à notre liberté !...
Lorsque nous entonnons la chanson madécasse
Que notre vieille mère a chantée autrefois,
Nous croyons en nos cœurs ouïr encore sa voix ;
La douleur qui nous mord nous semble moins vivace,
Et nous nous figurons être au pays natal
Où toujours aux tyrans notre bras est fatal !
Notre sagaie aussi, dans le Tangain trempée
Va plus vite à son but que ne frappe l’épée ;
Le Grand-Esprit Zanhar est plus grand que le Dieu
Que la tribu des blancs adore dans ce lieu,
Car il n’opprime pas comme les blancs visages
Pour faire reconnaître ou vénérer sa loi,
Et chacun à son gré, dans nos forêts sauvages,
Est libre de choisir et son culte et sa foi !...
Bien loin de la Grand’Terre
Chantons, pauvres exilés
Nous que les Blancs ont volés
À l’amour de notre mère !...
Vous souvient-il encore, frères du triste jour
Où nous fumes vaincus et vendus sans retour ?
Rhadam, roi des Hovas, peuple cruel, mais brave
Faisait alors la guerre à la tribu Sakalave.
Ô terrible Niang ! Comme tu l’as puni,
Le guerrier généreux, le grand Ampanani,
Pour avoir dédaigné ta puissance fatale ! Tu donneras la victoire à la tribu rivale ;
La moitié des vaincus s’échappa dans les bois,
Et l’autre, avec le chef, alla subir les lois
Du redoutable roi qui règne à Tamatave.
Ô grand Ampanani, quelle fut ta douleur
De voir, ainsi que toi, ta nation esclave,
Tes vastes champs de riz brûlés par le vainqueur,
De voir devant tes yeux, sans en être vengées,
Par le brutal Hovas tes femmes outragées.
Pardonnez au guerrier que Niang a puni.
Ô mes frères, je suis le grand Ampanani !
Bien loin de la Grand’Terre
Chantons, pauvres exilés
Nous que les Blancs ont volés
À l’amour de notre mère !...
Nous devions des vaincus subir l’horrible sort,
Mourir empoisonnés... c’est leur barbare usage ;
Et déjà du Tangain s’apprêtait le breuvage,
Quand Rhadam ordonna d’ajourner notre mort.
Fatal ajournement ! Sauvage tyrannie
Qui prolongea soudain notre lente agonie !
Pour nous, les défenseurs de notre liberté,
La mort fut préférable à la captivité.
Dans le nouveau supplice où nous jeta l’attente,
Nous vîmes sur la mer une maison flottante
S’avancer lentement, puis enfin s’arrêter ;
Une pirogue alors sur nos bords vint jeter
Des hommes étrangers ayant de blancs visages,
Pour la première fois aperçus des sauvages.
Ils dirent à Rhadam : - Nous venons en amis
Acheter les captifs que ton bras a soumis ;
Tu veux les immoler, mieux vaudra nous les vendre ;
Pour cultiver nos champs nous allons te les prendre.
Échangeons, tiens, voilà de superbes colliers,
Et des bracelets d’or pour embellir tes femmes ;
Du rhum, forte liqueur qui rend braves les âmes,
Et du fer pour armer les flèches des guerriers...-
Ces futiles objets tentant sa convoitise,
Rhadam nous échangea contre de la marchandise ;
Et par la main des blancs deux à deux attachés,
Du doux pays natal nous fûmes arrachés,
Et libres autrefois, cent malheureux Sakalaves
De maîtres étrangers devinrent les esclaves !
Chantons, pauvres exilés
Bien loin de la Grand’Terre
Nous que les Blancs ont volés
À l’amour de notre mère !...
Ô mes frères, combien nous eussions préféré
Le supplice cruel qui nous fut préparé !
Nous eussions, sans frémir, bu le fatal breuvage
Qui nous eût libéré au moins de l’esclavage.
La mort dans patrie est une douce mort,
Et mourir pour ses droits est un bien glorieux sort !
Mais au pays des blancs, dès que jour éclaire,
Il nous faut jusqu’au soir travailler la terre,
Arrosant de sueurs nos pénibles sillons,
Sous le soleil, sur nous dardant tous ses rayons,
Fonde et change en torrents la neige des montagnes,
Ou que la pluie à verse inonde les campagnes,
Pour un jour de travail une heure de repos ;
Le fouet souvent encore, armant la main du maître
Pour qu’à l’œuvre plus vite on aille se remettre,
Se lève et tombe à coups pressés sur notre dos.
Nous courons, nous volons... le fouet impitoyable
Siffle et meurtrit toujours innocent ou coupable !
Et cependant, ô blancs, les pleurs que nous versons,
Ainsi que nos sueurs, fécondent vos moissons,
Et votre cœur jamais ne plaint notre misère...
Le bloc ou bien le fouet, voilà tout le salaire
Dont vous rémunérez les plus rudes travaux,
Qui chaque jour font place à des labeurs nouveaux !
Bien loin de la Grand’Terre
Chantons, pauvres exilés
Nous que les Blancs ont volés
À l’amour de notre mère !...
Ô Zanhar ! Nous as-tu délaissés pour toujours,
Et devons-nous passer le reste de nos jours
Sur la terre étrangère et dans la servitude ?
Oh ! Comme ce penser rend notre joug plus rude,
Et qu’il s’allégerait si nous avions l’espoir
De mourir où le jour à nos yeux se fit voir !
Ô maîtres, qui tenez en mains nos destinées,
Dépensez la vigueur de nos jeunes années ;
Aux plus rudes travaux fatiguez nos deux bras ;
Frappez, frappez encore... Nous ne nous plaindrons pas
Mais quand nous n’aurons plus ni force ni courage ;
Lorsque tout notre sang sera glacé par l’âge ;
Comme autrefois, enfin, quand vous ne pourrez plus
Demander du travail à nos membres perclus
Ô maîtres ! Rendez-nous à nos vertes savanes,
À nos vierges forêts où pendent les lianes
En berceaux odorants, cachés aux feux du jour,
Où de l’époux défunt va se noyer la veuve !
Oh ! Faites, en un mot, qu’à l’ombre de nos bois
Nous allions nous asseoir une dernière fois,
Peut-être encore auprès d’une ère chérie,
Et mourir en baisant le sol de la patrie !
Oh ! Si vous nous rendez alors la liberté,
Nous vous pardonnerons notre captivité !...
Avec Patience et courage
Travaillons, pauvres exilés,
Car les blancs qui nous ont volés,
Verront finir notre esclavage !..."
(à suivre)
Prosper Ève
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