Festival du film d’Afrique et des îles

Le cinéma n’a pas sa langue dans sa poche

30 septembre 2004

De jeunes réalisateurs présentent actuellemement leurs films, qui racontent une part de notre culture flanquée aux oubliettes. A voir au Port, avec une soirée spéciale cinéma d’Afrique ce samedi.

T ravailler à la connaissance et à la reconnaissance de la culture africaine en France", confiait Olivier Barlet, directeur de rédaction de la revue “Africultures”. Depuis le 22 septembre dernier, la médiathèque Benoîte-Boulard et la salle Roussin, au Port, accueillent une rétrospective du festival du film d’Afrique et des îles.
Les jeunes réalisateurs de l’Institut de l’image de l’océan Indien (ILOI) et de Village Titan partagent sans doute l’objectif d’Olivier Barlet. Leurs films étaient présentés hier, des courts-métrages abordant la thématique culturelle, identitaire ou encore linguistique.
Le cinéma sert ainsi à faire découvrir une part de notre culture flanquée aux oubliettes, ou rangée dans la mémoire de nos gramounes, acteurs d’un lontan pas si lointain.
On remarquera par exemple le documentaire-fiction “Kont a nou” d’Isabelle Ropy, qui nous invite à revisiter l’imaginaire réunionnais, à travers l’histoire d’un mythe, une légende appelée Kala, ou encore le pertinent documentaire-sobatkoz intitulé “Créole La Rényon” d’Olivier Mussard.
La lang la poin le zo. Du moins, la langue n’est pas restée dans la poche. Le film concourt bien évidemment à l’information, mais également au devoir de mémoire. Deux courts-métrages sur la vie contraignante des dockers ont par ailleurs été projetés. La jeunesse réunionnaise apporte une vision de notre société et de son évolution, par le biais de documents cinématographiques, que l’on souhaite revoir très bientôt sur notre petit écran. Pour la reconnaissance de notre culture réunionnaise !

“Africultures” sur le net

Les projections de l’après-midi étaient exclusivement consacrées à la Grande île. “L’Accordéon des rois” (1971), documentaire ethnographique, et “L’Insurrection malgache de 1947, cinquante après”, de Daniel Bansard (1997) n’ont pas manqué d’intéresser les quelques présents.
Ce dernier film propose un regard sur “un soulèvement qui garde des aspects occultes, une répression sanglante occultée en France et dans la première république malgache”. Les absents ont forcément toujours tort. On souhaite qu’ils seront moins nombreux pour les prochaines projections, au festival du film d’Afrique et des îles, qui débutera le 5 octobre prochain. À bon entendeur ...
Ces projections étaient par ailleurs l’occasion de rencontrer Olivier Barlet, dont le trimestriel peut être retrouvé sur le net (www.africultures.com). Encore inconnue à La Réunion, cette revue autonome vise la déconstruction de la représentation coloniale du Noir en France.
Son objectif se veut simple, confie Olivier Barlet : "Comprendre en quoi la culture est un liant", en établissant un état des lieux culturel. Pour sa toute récente édition, “Africultures” dresse un bilan de la culture à Madagascar, sous la coordination de Christiane Rakotolahy.
Fidèle à sa qualité de revue idéologiquement anticoloniale, elle favorise l’écriture endogène. Par souci d’authenticité, dawar ! “Madagascar émergence” a été édité chez L’Harmattan, et est à commander via l’Internet.
Pour l’heure, les organisateurs (village Titan, ILOI, mairie du Port, etc.) invitent le public ce samedi à la salle Roussin dès 18 heures, pour les projections du “Complot d’Aristote”, de Jean-Pierre Bekolo (Cameroun) et d’“Adanggaman” de Roger Ngoan Mbala (Côte-d’Ivoire). L’entrée est libre.

Bbj


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