Nouvelle avancée pour la reconnaissance de la langue du peuple réunionnais

Le Département de La Réunion signe la Charte bilingue Kréol-Français

14 décembre 2022, par Manuel Marchal

La plus importante collectivité de La Réunion en termes de point d’accueil du public a signé hier la Charte bilingue Kréol-Français avec Lofis la lang. Cette Charte reconnaît le droit des usagers d’être accueillis en créole ou en français dans les services du Département. C’est un nouveau pas important dans la reconnaissance de la langue créole, langue maternelle et la plus parlée à La Réunion mais qui n’est pas la langue officielle.

Le Département et Lofis la lang kreol ont signé ce 13 decembre la Charte bilingue Kréol-Français. Catherine Chane Kune, directrice de la Culture représentant l’Etat, Cyrille Melchior, président du Département, Axel Gauvin, président Lofis la lang, Isabelle Erudel, conseillère départementale étaient présents à cet événement.
Un nouveau pas important pour la reconnaissance de la langue créole a été franchi hier. Le Département et Lofis la lang ont signé hier la Charte bilingue Kréol-Français. Déjà signée par plusieurs collectivités, cette Charte reconnaît le droit des usagers d’être accueillis en créole ou en français dans les services du Département. Cette signature s’est faite à la Villa du Département en présence de la presse.

Lutter contre l’exclusion

Rappelons que le créole est la langue maternelle à La Réunion. Mais le français est la langue officielle. Par conséquent, un Réunionnais peut très bien aller dans une administration sans que ses interlocuteurs soient dans l’obligation de parler sa langue. Cette situation est à l’origine d’importants problèmes. C’est ce qu’a rappelé Axel Gauvin, président de Lofis la lang. « Aujourd’hui encore, des anciens amènent leurs petits enfants pour expliquer leur cas car ils ne parlent pas français », a-t-il dit en substance. Il a ajouté qu’il est fréquent qu’au tribunal, un Réunionnais ne puisse comprendre ce qui lui est reproché. Difficile dans ses conditions de bien se défendre.
Désormais, ce problème ne se posera plus au Département, la collectivité réunionnaise compétente notamment en matière d’action sociale. Cyrille Melchior, président du Département, met l’accent sur le travail de sensibilisation qui sera mené auprès des agents de l’institution. Cela suppose d’adapter l’organisation afin qu’un Réunionnais créolophone puisse toujours avoir en face de lui une personne qui parle et comprend la langue maternelle des Réunionnais.

Deux langues reconnues et pas opposées

Conseillère départementale et professeure des écoles en classe bilingue, Isabelle Erudel a rappelé la lutte pour faire vivre le créole. « Notre île a connu durant plusieurs siècles la colonisation et l’assimilation générant des représentations négatives de notre culture et de notre identité, entraînant même un déni et une dévalorisation du Réunionnais. Longtemps interdit, réprimé, méprisé et non valorisé, le créole a pu conserver, grâce à des hommes et des femmes de lutte, des militants, des associations comme Lofis, Daniel Honoré, Axel Gauvin, Fabrice Georger, Giovanni Prianon, Laurence Dalleau Gauvin,… toute sa dimension identitaire, culturelle, et universelle. ».
L’accueil est très important, à l’école et dans l’administration, a souligné conseillère départementale PCR. Tout comme Axel Gauvin, elle a souligné aussi l’importance de ne pas opposer créole et français.
Axel Gauvin rappelle que cette Charte reconnaît les deux langues, et qu’elle est tolérante car elle n’impose pas l’usage exclusif d’une langue. « En nous acceptant nous pourrons avancer », précise-t-il.
« Le créole est un élément de la réussite scolaire qui passe aussi par le français », a-t-il ajouté. « Cette Charte est un grand pas dans la politique linguistique ».
Axel Gauvin conclut sur la question du statut de la langue : « le statut est de reconnaître la langue de la République et la langue maternelle des Réunionnais ».

Après ces prises de parole, Cyrille Melchior et Axel Gauvin ont procédé à la signature du document.

M.M.

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Messages

  • A chacun sa langue nationale et régionale , mais il est peut être temps que les institutions internationales choisissent une langue qui serait enseignée et utilisée dans tous les pays de la terre . Ce qui permettrait à tous les hommes de se comprendre et de communiquer facilement et bien entendu de progresser tous ensemble . Le bilinguisme serait pratiqué à l’échelle de la planète .

  • bonjour M. Maillot Au niveau international ,c’est souhaitable, mais compliqué à mettre en oeuvre .
    il existe actuellement l’Espéranto et le Volapuk. Mais ces langues sont très peu pratiquées et même enseignées. Combien de réunionnais connaissent l’une de ces langues ? A mon sens , très très peu.
    Sur les langues régionales, la décision du Conseil Départemental est positive.
    Pouvoir être accueillit en français ou en créole est évident. Cela sera facile à l’oral, un peu moins à l’écrit.
    De façon plus générale, il est temps que l’état français, entérine officiellement, le statut des langues régionales. Pour cela il faudrait modifier l’article 2 de la constitution . Cela peux se faire, par référendum ou en réunissant le congrès de Versailles. C’est possible

  • Le choix d’une deuxième langue obligatoire pour les divers pays de la planète devrait être fait par leurs représentants à L’ONU parmi les langues utilisée par le plus grand nombre de pays . Cette 2eme langue pourrait être l’anglais , le français, ou l’espagnol .
    Quant aux langues régionales , elle ne doivent pas à mon avis être mises sur un pied d’égalité avec la langue nationale et une simple loi ordinaire devrait suffire pour déterminer dans quelles confitions elles pourraient être utilisées .


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