Présentation du rapport annuel du PNUD

Le droit à la diversité culturelle : condition du développement

17 juillet 2004

Les libertés culturelles devraient être considérées comme un droit fondamental et comme une nécessité pour le développement des sociétés de plus en plus diverses du 21ème siècle. C’est ce que soutient le “Rapport mondial sur le développement humain 2004”, dans une étude révolutionnaire des politiques identitaires du monde entier. Cela rejoint la démarche de Paul Vergès et de Marie-Claude Tjibaou, cosignataires en 1999 de l’Appel de Nouméa pour le respect de la diversité culturelle.

Le rapport mondial 2004 du PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement), intitulé “La liberté culturelle dans un monde diversifié”, a été présenté jeudi. A travers une analyse des questions identitaires, le “Rapport mondial sur le développement humain 2004” étudie les multiples approches politiques des nations et des communautés multiculturelles, depuis l’éducation bilingue et les projets de discrimination positive jusqu’aux systèmes novateurs de représentation proportionnelle et de fédéralisme.
Les auteurs affirment que tous les peuples ont le droit de conserver leur identité ethnique, linguistique et religieuse. Ils soutiennent de plus que l’adoption de politiques reconnaissant et protégeant ces identités est la seule approche durable du développement des sociétés composites. Selon eux, la mondialisation économique est vouée à l’échec, sans le respect et la protection des libertés culturelles - et il faudrait faire résolument face à la résistance xénophobe à la diversité culturelle, et la surmonter. Malloch Brown du PNUD écrit dans sa préface au Rapport : "Si l’on veut que notre monde atteigne les objectifs de développement du Millénaire et finalement éradique la pauvreté, il doit commencer par relever victorieusement le défi de savoir construire des sociétés intégratrices, qui respectent les diversités culturelles".

La diversité : une force

Ce rapport a été supervisé par la directrice du Rapport mondial sur le développement humain du PNUD Sakiko Fukuda-Parr, son auteur principal, et s’ouvre sur un chapitre d’introduction des grands défis à venir par Amartya Sen, lauréat du prix Nobel d’économie 1998, et l’un des initiateurs des Rapports sur le développement humain du PNUD. Selon Sen : "Plutôt que de glorifier l’approbation irraisonnée des traditions héritées, ou d’alerter le monde sur l’inévitabilité prétendue de clashes des civilisations, la perspective du développement humain demande à ce que l’attention soit dirigée vers l’importance de la liberté dans les sphères culturelles (comme dans les autres) et vers les manières de défendre et d’élargir les libertés culturelles dont peuvent jouir les individus".
Ce rapport présente aussi une contribution spéciale de Nelson Mandela. L’ancien président d’Afrique du Sud rappelle que la campagne menée contre l’apartheid était une lutte menée contre toutes les discriminations : "Une fois que nous avons gagné le pouvoir, nous avons choisi de regarder la diversité des couleurs et des langues, qui étaient autrefois utilisées pour nous diviser, comme une source de force" ;
Ce rapport soutient que les revendications de nombreux groupes ethniques, religieux et linguistiques pour la reconnaissance et l’égalité font partie des questions les plus urgentes pour la stabilité internationale et le développement humain du 21ème siècle.

Diversité : vitalité économique

Plus de 5.000 peuples différents vivent dans les presque 200 pays qui composent notre monde actuel. Pour deux pays sur trois, il existe au moins un groupe ethnique ou religieux minoritaire mais conséquent, représentant 10% ou plus de la population. Un septième de la population mondiale - ce qui fait environ 900 millions de personnes - est en butte à une forme ou une autre de discrimination, due à l’identité ethnique, raciale ou religieuse, selon une étude menée par le projet “Minorities at Risk” de l’université du Maryland, citée dans le “Rapport mondial sur le développement humain 2004”.
Mais quand les peuples jouissent de leurs pleines libertés culturelles, ce pluralisme peut devenir source d’harmonie politique et de vitalité économique, selon les auteurs, qui étayent leur propos par de nombreux exemples illustrant de telles réussites, depuis les puissances industrielles enrichies par leur immigration telles les États-Unis et le Canada, jusqu’aux nations multiethniques indigènes d’Asie et d’Afrique. Selon Fukuda-Parr : "La liberté culturelle est une idée simple, mais profondément troublante, contraire aux pratiques de la plupart des États de ces derniers siècles, mais pour laquelle on entend une clameur montante dans le 21ème siècle".


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