HISTOIRE

Le fameux navigateur de la dynastie des Ming est sur les flots à nouveau

21 août 2008

Zheng He est récemment sorti des livres d’Histoire de la Marine chinoise pour devenir une figure en vogue de la presse internationale.

Retour au 15ème siècle. Les voyages de Zheng He ont devancé d’un siècle ceux de Christophe Colomb, de Vasco de Gama et de Magellan ! Nommé "amiral des mers de l’Ouest", il fut le principal artisan de la première expansion chinoise.

Tout a commencé quand un historien anglais a clamé la légitimité de l’Amiral Zheng He pour avoir découvert en premier la majorité de la planète dès le milieu du 15ème siècle et pour avoir gagné les Caraïbes 72 ans avant Christophe Colomb.
L’amateur d’Histoire et aussi cartographe expert Gavin Menzies a présenté ses recherches au prestigieux Royal Geographical Society (RGS) à Londres.
Peu importe si les travaux de Menzies changeront le contenu des livres d’Histoire ou si le nom de l’explorateur devient tout à coup un nom mondialement célèbre, en Chine, Zheng He a depuis toujours été considéré comme le premier navigateur des océans.

Un changement de nom

Zheng He, habituellement traduit par Cheng Ho en occident, est né vers 1371 d’une famille du peuple Hui qui vivait dans la province du Yunnan, Sud-Ouest de la Chine, et il s’appelait alors Ma He.
De confession musulmane, le grand-père et le père du garçon firent un très long pèlerinage à La Mecque. Ce voyage participa largement à l’éducation atypique du jeune Ma. Il grandit en parlant arabe et chinois, apprenant beaucoup sur la géographie et les coutumes occidentales.
A l’âge de 13 ans, son destin bascula quand il fut attrapé, castré et placé comme servant dans la maison du Prince Zhu Di de la dynastie des Ming (1368-1644).
Il se montra un excellent servant et pu apprendre les Arts de la guerre et de la diplomatie et finit par servir dans l’armée de son Prince comme officier.
Zheng He, dont on dit qu’il mesurait 2m27, devint plus puissant quand Zhu Di détrôna l’empereur Yong Le pour prendre sa place en 1402. Le nouvel empereur, considéré comme usurpateur, tenta de redorer son image en envoyant sur les mers des flottes spectaculaires pour ramener des ambassadeurs étrangers à sa Cour. Il prit également le contrôle du commerce outre-mer en imposant un monopole impérial sur toutes les transactions.
En 1403, il nomma Zheng He Amiral et l’ordonna de superviser la construction d’une flotte gigantesque pour parcourir et explorer les mers autour de la Chine, appelée la flotte des Trésors.

Les voyages épiques

En juillet 1405, Zheng commença la plus grande expédition navale de tous les temps. Pendant plus de 28 ans, Zheng dirigea 7 voyages épiques et visita 37 pays étrangers, du Sud-Est asiatique jusqu’en Afrique et en Arabie, selon les documents historiques.
A cette période, la Chine avait plus de vaisseaux sur les mers que tout le reste de la planète réuni, et pouvait se vanter d’avoir les bateaux les plus grands.
Le vaisseau mère de la flotte de Zheng He était long de 140 m, large de 50 m et pouvait transporter plus de 500 hommes.
La flotte exceptionnelle transporta 27.870 hommes, comprenant les marins, les gens de l’administration, les interprètes, les soldats, les artisans, les médecins et les météorologistes. La flotte comptait plus de 200 bateaux dont 62 principaux, des bateaux résidences, des vaisseaux de guerre, et un bateau de services. Ils transportaient aussi de grande quantité de soies, porcelaine, or, argenterie, des ustensiles en cuivre, des outils en fer et du coton.
La flotte des Trésors quittait Nanjing, province du Jiangsu à l’Est de la Chine, et naviguait le long de la côte chinoise jusqu’à Champa, proche du Vietnam, visitait Java, Sumatra et sans doute Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka) une fois passé le détroit de Malacca.
La flotte longea la côte Ouest indienne avant de mettre le cap vers la Chine. Il ne rentra au pays qu’en 1407 avec des émissaires pour l’empereur venant de la ville aujourd’hui connue sous le nom de Calcutta en Inde, et de différents endroits d’Asie et du Moyen-Orient.
Un second voyage de la flotte des Trésors partit pour un voyage vers l’Inde en 1407, mais cette fois-ci, Zheng He ne mena pas l’expédition. Il resta en Chine pour superviser les réparations d’un temple bouddhiste d’une des déesses favorites de l’empereur.
Les émissaires chinois embarqués à bord aidèrent à maintenir le pouvoir du roi de Calcutta. La flotte revint en 1409.
Le troisième voyage de la flotte, de 1409 à 1411, comptait 48 bateaux et 30.000 hommes. Elle suivit de très près la route du premier voyage, à la seule différence que les équipages établirent des entrepôts le long de leur parcours afin de faciliter le commerce et le stockage des biens.
Lors de ce voyage, le roi de Ceylan fut agressif, Zheng He le captura et le ramena à Nanjing.
A l’automne 1413, Zheng He s’embarqua avec 30.000 hommes pour son quatrième et plus ambitieux des voyages, rejoindre le golfe persique à Hormuz, ville connue pour son étonnante richesse et ses biens, notamment les métaux et pierres précieuses dont les empereurs chinois aimaient se vêtir.
A l’été 1415, la flotte des Trésors s’en retourna en Chine avec à son bord un chargement de biens achetés dans le golfe persique. Certains bateaux de l’expédition se détachèrent et voyagèrent le long de la côte africaine jusqu’à l’extrême Sud du Mozambique.
Un cinquième voyage a été ordonné en 1416 pour ramener les ambassadeurs étrangers dans leur pays d’origine. La flotte quitta la Chine en 1417 et visita le golfe persique et la côte Est africaine, débarquant les ambassadeurs au fur et à mesure ; la flotte rentra en 1419.
Un sixième voyage fut lancé au printemps 1421 et visita le Sud-Est asiatique, l’Inde, le golfe persique et l’Afrique. Zheng He rentra en Chine à la fin de l’an 1421, mais la majeure partie de la flotte n’arriva à bon port qu’en 1422.
En 1424, l’empereur Zhu Di mourut et son fils Zhu Gaozhi lui succéda. Il annula les voyages de la flotte des Trésors et ordonna aux constructeurs de bateaux et aux marins de stopper leurs travaux. Zheng He fut assigné au poste de Commandant à Nanjing.
Le règne de Zhu Gaozhi ne dura pas longtemps puisqu’il mourut en 1426 à l’âge de 26 ans. Son fils Zhu Zhanji, petit-fils de Zhu Di, prit son trône. Zhu Zhanji ressemblait bien plus à son grand-père qu’à son père, et en 1430, il ordonna la reprise des voyages de la flotte des Trésors et redonna le titre d’Amiral à Zheng He. Il ordonna alors un septième voyage pour restaurer des relations pacifiques avec les royaumes de Malacca et de Siam. Il a fallu une année entière pour préparer ce voyage, et en 1431, 100 bateaux et 27.500 hommes prirent la mer.
Pendant le voyage du retour en 1433, les traces montrent que Zheng He serait mort à ce moment, mais d’autres pensent qu’il serait mort en 1435, une fois rentré en Chine. Quoiqu’il en soit, l’ère de l’exploration approchait à sa fin, les empereurs suivants condamnant le commerce et même la construction de bateaux.

Les outils de navigation

La flotte des Trésors de Zheng He fut le véhicule des dernières technologies et innovations disponibles à cette époque. Ses voyages transportèrent les connaissances chinoises avancées sur la navigation hors de Chine.
La flotte utilisait le compas inventé en Chine au 11ème siècle pour la navigation.
Les marins expérimentés connaissaient les difficultés de naviguer sur les océans, en particulier la difficulté de lire le compas correctement pendant un mauvais temps. Les marins chinois ont alors placé le compas à l’intérieur d’une capsule remplie d’eau, ainsi, sans se préoccuper des oscillations du bateau, le compas gardait une certaine stabilité et pouvait être lu.
Des bâtons d’encens gradués étaient brûlés pour mesurer le temps. Un jour était égal à 10 "tours de cadran" de 2,4 heures chacun.
Les navigateurs chinois déterminaient la latitude en repérant l’étoile du Nord (Polaire) dans l’hémisphère Nord, ou la Croix du Sud dans l’hémisphère Sud.
Les bateaux de la flotte communiquaient entre eux en utilisant les drapeaux, lanternes, cloches, pigeons voyageurs et banderoles.
Inspirés par la structure à plusieurs chambres d’une tige de bambou, les Chinois ont aussi inventé les parois étanches pour leurs vaisseaux.
Les constructeurs de bateaux chinois avaient réalisé la taille titanesque de leurs vaisseaux qui empêcherait de les manouvrer avec facilité ; ils installèrent alors un gouvernail mobile qui pouvait se monter ou se baisser, créant ainsi une stabilité supplémentaire.
Aujourd’hui, Zheng He est quasiment inconnu en Occident, mais est la fierté de toute l’Asie. Il y a plus de 30 reliques culturelles trouvées en Asie qui relatent les voyages de l’Amiral. A Wat Phanan Choeng sur l’île thaïlandaise Ayutthaya, une statue de 19 m a été érigée en son honneur et de nombreux pèlerins lui rendent hommage. A Malacca, la montagne San Bao porte son nom.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus