Les premiers pèlerins de retour de La Mecque

Le Hadj : une seconde naissance

16 janvier 2006

De retour de la patrie de Mahomet, capitale religieuse de l’Islam qui renferme la kaaba, vers laquelle plus de 3,5 millions de musulmans du monde entier se sont tournés pour la prière cette année, le premier groupe de Réunionnais partis en terre sainte pour accomplir le Hadj, sont revenus à La Réunion grandis dans leur foi. Leur arrivée fut un précieux moment d’émotion.

Il faisait une chaleur étouffante dans le hall de l’aéroport quand à 18 heures 30 la foule s’est massée aux portes d’arrivée, à l’affût du moindre mouvement. L’impatience et l’émotion étaient palpables.

"Le retour de toute la famille"

Une femme qui attendait sa soeur et sa fille nous confie que "c’est le retour de toute la famille." "C’est un moment très fort, un rêve pour tous", le Hadj étant le pèlerinage saint que tout musulman doit accomplir au moins une fois dans sa vie. Ce sont des musulmans purifiés que l’on vient accueillir, "comme des nouveau-nés." Un papa ne tient plus de retrouver son fils de 14 ans parti pour la première fois. Un grand-père, sa petite fille dans les bras, la rassure : "Maman vient bientôt arriver." Puis les portes s’ouvrent et avec elles les embrassades, les larmes. Tout l’aéroport vit au rythme des retrouvailles, de la fin du Hadj. Les autres voyageurs ne semblent pas très bien comprendre ce qui est en train de se passer.

La porte du paradis

Nous avons pu, non sans difficulté, intercepter l’un des guides qui nous confie que tout s’est très bien passé, "pour nous, il n’y a pas eu de problème." Suite aux incidents de foule qui ont occasionnés la mort de plus de 300 pèlerins, il réaffirme qu’il faut absolument partir à la Mecque en groupe, d’une part pour les questions techniques (visas, logement, etc.) et d’autres part pour être préparés à ce que d’aucun, qui n’a jamais fait le Hadj, ne peut comprendre : une liesse dans la foi sans commune mesure. Daout explique que lorsque le canon de la lapidation résonne, tout le monde fonce (voir encadré) . Il faut selon lui "être discipliné." "Ce type d’incident arrivera toujours." Et quand bien même, la mort n’effraie pas les croyants, car perdre la vie lors du Hadj, en terre sainte, au-delà d’un signe du destin, c’est aller au paradis en tant que martyre.

Estéfani


"Taper le sha_tan"

L’Islam compte cinq piliers : le ramadan, les cinq prières, l’aumône, le hadj et la proclamation de l’unicité dans la foi. Le hadj est un pèlerinage incontournable chez les musulmans à moins bien sûr que des considérations financières empêchent sa réalisation. Dans ce cas, on ne peut parler de péché. Au-delà des cinq prières quotidiennes qui ponctuent la journée du hadj, les pèlerins doivent accomplir la lapidation des stèles, les sept tours de la Kahaba et les sept allers-retours entre les monts Safa et Marwa pour puiser l’eau de la source Zam Zam. C’est au moment de la lapidation que chaque année des incidents se produisent. C’est en voulant "taper le sha_tan", à savoir taper Satan avec sept galets contre un mur, que des pèlerins qui portaient des bagages sur leur tête ont engendré un soulèvement de foule.


Des accidents inévitables

Au sortir de l’aéroport, Firoz est interpellé par une touriste qui, à l’évidence agacée par ce bain de foule, lui lance qu’il n’y a rien d’étonnant à ce qu’il y ai eu autant de morts à la Mecque. Firoz, fatigué par son trajet, un peu surpris, tente de lui expliquer, mais cette dernière tourne les talons en lui laissant "j’te cause pas à toi !" Fitoz, choqué, me dit alors que cette femme ne peut pas comprendre. Même si des moyens énormes sont déployés à la Mecque pour assurer la sécurité des pèlerins, avec plus de 3 millions de personnes qui s’y rendent 5 fois par jour pendant dix jours pour prier, les accidents sont presque inévitables. Pour Fitoz, ce premier voyage sera inoubliable. "C’est marquant, impressionnant, bien au-delà de ce que j’attendais. Ca restera là et ne ressortira plus."


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