Au terme de ces cinq ans, nous avons accompli l’essentiel de la mission qui nous a été confiée :

• faire adopter une date nationale de commémoration nationale des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage, et de leurs abolitions : le 10 mai, date citoyenne. Dès le décret de février 2006 faisant du 10 mai la journée nationale de commémoration des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions, associations, villes, institutions, collectivités départementales et régionale ont organisé des manifestations. Le site du CPME fait l’inventaire de ces manifestations dont la multiplicité et la diversité témoignent de l’attente du public français à mieux connaître cette histoire. Cette date, bien sûr, ne remplace pas celles des Départements d’Outre-mer, ni celles qui répondent à des demandes de la société civile,

• faire installer un monument aux mémoires de la traite négrière, de l’esclavage, et de leurs abolitions. Ce monument, “le Cri”, de l’artiste Fabrice Hyber, a été inauguré le 10 mai 2007 au Jardin du Luxembourg,

• faire entreprendre des actions éducatives à l’école, encourager la création d’un centre international de recherches, qui se trouve aujourd’hui au CNRS,

• établir des partenariats avec la Direction des Archives et la Direction des Musées de France dans le domaine culturel. Des ouvrages sont parus, des documentaires, des fictions ont été diffusés sur les chaînes publiques, des projections, des festivals sont régulièrement proposés dans les salles de cinéma.

• Le Prix de thèse “Mémoires de l’esclavage” a été remis chaque année depuis 2005 à des travaux de qualité, portant sur des sujets aussi divers que les résistances serviles à La Réunion, l’histoire transcontinentale et transnationale de la traite moderne, réformisme et esclavage à Cuba.

Grâce à son travail, le CPME est régulièrement et de plus en plus sollicité pour soutenir des opérations, donner son avis, apporter son expertise, ou créer un partenariat. Il a été missionné par le secrétaire d’État à l’Outre-mer et la ministre de la Culture et de la Communication, à l’automne dernier, pour émettre des propositions en matière de commémoration et d’organisation, de localisation du prochain 10 mai, et identifier de nouvelles actions à mener.

Au terme de cette première mission, les membres du CPME ont identifié plusieurs objectifs pour le futur :

• la création d’un grand portail sur l’Internet qui rassemble les sites portant sur ces thèmes et garantissant une rigueur scientifique ;

• l’identification des lieux de mémoire, qui peut aujourd’hui être accomplie dans les meilleures conditions à la suite des initiatives des Musées de France sur les thèmes de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions, d’associations et d’institutions ;

• la mise à disposition d’outils éducatifs dont la création d’une université d’été agréée par le Ministère de l’Education nationale ;

• la mise en place d’une vraie dimension européenne à la recherche et aux actions éducatives (réseau de musées, de centres de documentation).

Ces missions ne prendront sens que si les principes sont préservés : construction d’un récit national, rigueur scientifique, dimension européenne et internationale.

Je souhaite revenir sur un point qui nous a toujours paru essentiel : le rôle des musées dans l’éducation des publics. Ceux qui fondèrent le premier musée public, celui du Louvre, souhaitaient que le musée soit un lieu citoyen, un lieu de débat où le passé est revisité pour être réinterprété. Le musée peut jouer un rôle d’éveil à cette longue histoire de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions. Il contribue activement au rôle de l’école. Le musée des ducs de Bretagne à Nantes et celui d’Aquitaine à Bordeaux consacrent chacun des galeries à cet événement ; le musée Branly réfléchit au meilleur dispositif d’exposition sur ce thème. Nous ne pouvons que nous en féliciter. De même, nous pensons que les manifestations artistiques jouent un rôle important dans la diffusion du savoir et œuvrent à l’apaisement du débat.

Les membres du CPME proposent que la cérémonie du 10 mai 2009 se déroule à Bordeaux. Le musée d’Aquitaine inaugure ce jour-là une galerie de 750 mètres carrés dédiée à l’histoire de la traite négrière, l’esclavage et leurs abolitions dans la ville de Bordeaux et la région Aquitaine. Nous n’avons cessé de le dire : c’est une histoire nationale, qui touche donc plusieurs lieux du territoire. Commémorer à Bordeaux le 10 mai 2009, c’est mettre en œuvre cette approche : Bordeaux et l’Aquitaine, où en 1.772 vivaient déjà plusieurs centaines de personnes d’origine africaine ; la région Aquitaine dont furent originaires tant de colons de Saint-Domingue, Bordeaux port vers les colonies, archives qui rendent visibles et lisibles la dimension globale de cette histoire...

En conclusion, je veux rappeler que la France est toujours le seul pays ayant fait de la traite négrière et de l’esclavage des « crimes contre l’humanité » et ayant institué une date nationale de commémoration. Les membres du CPME souhaitent que ce geste, qui a eu une forte résonance dans le monde, trouve toute son ampleur à travers de nouvelles actions.

(Fin)

Françoise Vergès

La MCUR représentée à l’investiture du nouveau Président des États-Unis à Washington

Françoise Vergès, Directrice Scientifique de la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise, sera présente à l’investiture de Barack Obala, nouveau Président des Etats-Unis, le 20 janvier 2009 à Washington, à l’invitation de Neil Abercrombie, démocrate, membre du Congrès pour Hawaï, et son épouse Nancie Caraway, chercheuse au Human Rights Globalization Research Center, Université d’Hawaï, proches du nouveau Président élu.

L’investiture aura lieu sur les marches du Capitole. Françoise Vergès fera partie des invités sélectionnés pour la cérémonie elle-même. Ces invités seront placés derrière les membres de la Cour Suprême, les présidents de groupes au Sénat et au Congrès, et les élus.

Nancie Caraway et Neil Abercrombie ont tenu à ce que Françoise Vergès soit parmi les invités de cet événement historique. Cette dernière a travaillé avec Nancie Caraway sur les questions des droits humains et des droits des femmes. Avec Neil Abercrombie, elle a souvent souligné des similitudes entre Hawaï et La Réunion - sucre, volcan, engagisme, statut particulier...

Pour La Réunion, comme pour la MCUR, la présence à cet évènement historique est une occasion supplémentaire pour faire connaître notre île et ce projet qui rencontre à l’extérieur de La Réunion un intérêt majeur puisqu’il porte les valeurs de cohésion de la société réunionnaise, riche de ses nombreux apports.