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Économie : “Témoignages” va plus loin avec le professeur Ho Hai Quang
17 août 2004
Dans son édition d’hier, “Témoignages” a présenté les grandes lignes du second volume consacré à l’Histoire économique de La Réunion, que vient de faire paraître Ho Hai Quang, docteur d’État en sciences économiques et enseignant à l’Université de La Réunion. Cet ouvrage porte sur la période 1849 - 1882 et donc essentiellement sur le système de l’engagisme, qui a une place prépondérante dans l’organisation de la production dans notre pays. Nous avons voulu en savoir un peu plus avec l’auteur, dont l’approche renouvelle et améliore la connaissance de la seconde moitié du 19ème siècle dans notre île. Entretien.
Le 2ème tome de la contribution à l’Histoire économique de La Réunion qui paraît sous votre plume à quelques semaines de la rentrée universitaire prolonge le débat ouvert en 1998 avec les historiens du 19ème siècle et de l’esclavage. Quel éclairage nouveau apportez-vous sur l’abolition et l’engagisme, à partir de l’analyse que vous proposez ?
- Ce qui fait la différence entre la lecture des historiens et ce travail, ce sont les thèmes et les critères économiques mobilisés pour interpréter l’Histoire de La Réunion. Si on ne fait que relier les faits entre eux, de façon chronologique, sans les expliquer dans une cohérence économique, on perd la “lame de fonds” des mouvements historiques.
C’est un peu comme la techtonique des plaques, qui explique la dérive des continents par les mouvements en profondeur des couches de la croûte terrestre. À mon sens, dans les théories économiques, c’est ce qui fait la force spécifique du marxisme : il permet de comprendre les mouvements de fonds.
Peut-être faut-il donner un exemple, plus directement accessible que les débats de théoriciens de l’économie...
- Un exemple ? L’ensemble des historiens datent de 1863 la crise économique du milieu du 19ème siècle. Pourquoi ? Parce qu’ils observent cette année-là une chute de la production du sucre, causée par des facteurs accidentels (cyclones).
Du point de vue de la théorie économique, ce n’est pas un critère pertinent. Pour périodiser l’histoire économique, dans un système capitaliste, le critère pertinent est le profit et le taux de profit : comment évoluent-ils ?
1863 marque le passage d’une période de prospérité à une période de dépression. Dans le principe, cette optique est conforme au concept économique de “crise” parce qu’elle en rend compte comme d’un phénomène résultant de causes structurelles. Mais la date à laquelle j’aboutis, dans cette logique, est 1865. À partir de là, les profits s’effondrent pour ne plus remonter avant longtemps et le processus d’accumulation du capital est bloqué et parfois inversé.
Admettons. Mais la différence n’est que de deux ans. Est-ce vraiment significatif ?
- C’est important quand on pense que les planteurs continuent de s’endetter pendant ces années, pris dans le système du salariat contraint - qui ne leur permettait pas de licencier - et mis devant la nécessité de modernisation des usines.
Du point de vue de l’accumulation du capital, quand on analyse les mouvements de l’accumulation du capital constant (machines, bâtiments, matières premières...) et du capital variable (salaires directs et indirects...), cela corrobore la date de 1865 comme début de la crise. C’est ce qui explique la suite de l’histoire, à savoir qu’une bonne partie du foncier va passer sous contrôle du CFC (Crédit Foncier Colonial), qui va racheter les terres et les usines.
Du point de vue des hommes et des femmes maintenant, votre travail apporte aussi une compréhension différente des événements de cette époque mouvementée. Laquelle ?
- Cela permet d’expliquer notamment les mécanismes par lesquels les anciens esclaves se retrouvent éjectés des plantations. Puis comment ils arrivent à survivre, dans une économie familiale de subsistance, qu’ils ont essayé de connecter à l’économie générale.
C’est toute l’histoire des Hautes Plaines, dont le plan de développement de la fin des années 1850, échoue : il visait la réalisation d’une économie intégrée combinant production vivrière dans les Hauts et production d’exportation dans les Bas.
Votre interprétation diffère aussi de celle des historiens sur cette question de la main d’œuvre, à l’abolition de l’esclavage. Qu’est-ce qui vous différencie sur l’essentiel ?
- Sur la base des statistiques laissées par Patu de Rosemont, par exemple, je distingue cinq stratégies différentes dans la politique de la main d’œuvre, à l’Abolition. Les historiens en général - et c’est très net chez Sudel Fuma en particulier - ont tendance à considérer “les esclaves” en bloc - et leur absence des plantations comme l’affirmation de leur liberté nouvelle - mais aussi “les planteurs” comme un bloc homogène. Dans un de ses livres, Sudel Fuma publie le tableau sur la main d’œuvre - que je commente dans les pages 94 et suivantes - mais il l’analyse de manière totalement différente.
En fait, il y avait différentes catégories de patrons, selon les fortunes et selon leur implication dans la production. Une première catégorie, de 985 propriétaires, possédait 23.719 esclaves en 1848 et après l’abolition, ils n’ont aucun affranchi engagé, ni aucun engagé étranger non plus : zéro !
Pourquoi ? Entre autres facteurs, parce que le système de la “location d’esclave” est aboli lui aussi et les affranchis se trouvent démobilisés du jour au lendemain - sans emploi, ni toit ni couvert - parce que leurs anciens propriétaires ne possédaient ni terre, ni usine, ni atelier.
Vous signalez des difficultés particulières posées par le manque de fiabilité des statistiques d’époque. Quels problèmes cela pose-t-il ?
- Il y a en effet à cet égard plusieurs choses gênantes. D’abord le fait que des “trous” énormes existent dans nos Archives : on ne trouve parfois plus aucun chiffre sur dix ou quinze ans. Et les données sont d’autant plus suspectes que l’administration ne faisait pas d’enquête de terrain ; elle se fondait sur les déclarations des planteurs aux Mairies.
De plus, il pouvait y avoir de nombreuses erreurs de “copistes” à tous les niveaux, jusqu’au ministère des Colonies, qui les imprimait. Et cela encore ne concerne que les données qui intéressaient la métropole, c’est-à-dire celles portant sur les cultures d’exportation.
Mais sur l’économie informelle - dont tout le monde se moque - on ne dispose pour tout élément d’analyse qu’un rapport qui, de loin en loin, s’y intéresse.
Pour toutes ces raisons, il y a encore beaucoup de travail à faire, sur les Archives, pour remettre les chiffres “d’aplomb”. Les Archives sont exploitées depuis relativement peu de temps et l’Université est jeune...
Propos recueillis par Pascale David
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