Nouvelle contribution d’une collectivité locale au plan de relance réunionnais

Le Zénith au Port : 30 millions d’euros dans l’économie réunionnaise

5 août 2009, par Manuel Marchal

Un an après l’arrêt du chantier du Zénith par le maire de Saint-Denis, la Mairie du Port propose une alternative aux usagers de ce type de salle de spectacle et aux entreprises concernées par un tel chantier. La commune a annoncé hier le lancement du projet du Zénith au Port. Situé près d’une station du tram-train, sur les terres sécurisées par l’endiguement de la rivière des Galets, cet équipement culturel représente un investissement de 30 millions d’euros au profit des entreprises réunionnaises. L’inauguration est prévue dans quatre ans.

Le 23 juillet dernier, la commune du Port avait présenté sa contribution au plan de relance réunionnais, soit 45 millions d’euros d’investissements dans des projets d’infrastructures. Cela concerne notamment l’extension de la station d’épuration du syndicat intercommunal d’assainissement Port-Possession, l’aménagement du littoral Nord ou encore l’agrandissement de l’Hôtel de Ville en faisant de la nouvelle mairie un bâtiment exemplaire sur le plan des économies d’énergie.
Hier, la Mairie du Port a présenté un nouveau grand chantier : la construction du Zénith. Ce projet était porté à l’origine par la CINOR, et la première pierre a même été posée à Saint-Denis. Mais à peine arrivée à la Direction de la Mairie de Saint-Denis, l’équipe de Gilbert Annette décidait de stopper ce projet intercommunal sans qu’à ce jour, un projet comparable puisse être immédiatement proposé aux entreprises. Désormais, une alternative existe pour les centaines de travailleurs et pour les entreprises qui ont été lésées par ce choix de Gilbert Annette. C’est l’implantation du Zénith au Port.

Inclus dans la Ville solaire

Jeudi, le Conseil municipal du Port doit en effet délibérer au sujet du lancement de la construction d’un Zénith dans la cité maritime. Cette décision s’inscrit dans un plan de développement des équipements culturels. Jean-Yves Langenier, maire du Port, rappelle que l’avant-dernier mandat (entre 1995 et 2001) avait été marqué par l’inauguration de la médiathèque Benoîte Boulard, dont la première pierre avait été posée par Jorge Amado, le célèbre écrivain brésilien. Lors du précédent mandat, c’est le Kabardock qui a été réalisé. Et le Zénith sera donc le grand équipement culturel qui sera construit sous la responsabilité de l’équipe élue en mars 2008.
Les études doivent commencer cette année, et durer deux ans. Puis ce sera le premier coup de pioche et une livraison prévue dans quatre ans.
Jean-Yves Langenier précise que cet investissement répondra aux normes hautes performances énergétiques et à la norme PERENE, un référentiel de construction spécifique à La Réunion. Il vise à faire des bâtiments des acteurs de la lutte pour l’autonomie énergétique du pays. D’ailleurs, le premier Zénith construit à La Réunion s’inscrira dans le projet "Le Port, ville solaire".
Cet équipement concernera donc les 800.000 Réunionnais, il sera implanté à proximité d’une station du tram-train, et près d’une route à grande circulation.

« La culture n’a pas de prix »

La commune est déjà propriétaire des deux hectares d’emprise foncière que nécessitera le projet. Sa construction est prévue sur les terres sécurisées par l’endiguement de la rivière des Galets, précise Jean-Yves Langenier. L’endiguement a en effet permis de protéger 73 hectares qui ne peuvent être utilisés pour construire des logements, mais qui sont disponibles pour le développement de zones d’activités.
Les 30 millions d’euros sont la contribution du Port à un certain niveau d’activité de la filière BTP, ajoute Jean-Yves Langenier. Cet investissement d’une collectivité locale répond donc « aux attentes fortes du monde économique ». Les travaux se dérouleront sous la maîtrise d’ouvrage de la commune. Une recherche d’un co-financement possible sera effectuée.
Quant à la question du coût, le Maire du Port précise que le prix du Zénith est équivalent à celui d’une station d’épuration. Il ajoute que « la culture participe à l’identité, à la cohésion ». Ce qu’apporte la culture à un peuple, cela n’a pas de prix, conclut Jean-Yves Langenier.

Manuel Marchal


Entre 4.000 et 10.000 places

L’équipement prévu au Port sera de type Zénith. Une scène réversible permettra d’accueillir 4.000 personnes dans une salle, et 10.000 en plein air.
Située près d’une station du tram-train, elle sera accessible rapidement à une part importante de la population réunionnaise, tandis qu’avec la route des Tamarins, les habitants du Sud ne seront qu’à une demi-heure du Zénith.
Cette salle de spectacle travaillera en complémentarité avec les autres structures de la commune, Kabardock et Halle des Manifestations. Le point d’équilibre pourra être atteint si le Zénith accueille 50 manifestations par an, dont 35 spectacles.
La gestion de l’équipement sera confiée à une société privée ou à une SEM. Avec le Lamentin en Martinique, le Zénith du Port est le seul projet de ce type dans tout l’Outre-mer.


Un engagement exemplaire

Commune de 40.000 habitants, Le Port décide d’être le maître d’ouvrage d’un Zénith, un investissement de 30 millions d’euros. Rappelons qu’il y a un peu plus d’un an, Gilbert Annette décidait de stopper le chantier du Zénith à Saint-Denis.
À la différence de celui du Port, le Zénith de Saint-Denis était un projet intercommunal, donc porté par une communauté d’agglomérations de près de 200.000 habitants, soit cinq fois la population du Port. Gilbert Annette a justifié sa décision par le coût financier de l’investissement. Le Port démontre que cet argument ne tient pas. En attendant, les entrepreneurs et les travailleurs paient le prix de la décision du maire de Saint-Denis. Ce dernier a présenté un projet de "Cité des Arts" qui doit être financé par la CINOR. Mais le premier coup de pioche n’est pas prévu avant plusieurs années. Nul doute que le Zénith du Port sera achevé bien avant.
Saint-Denis a aussi connu la tragédie de l’arrêt du chantier du Pôle Océan. Des dizaines de familles ont été expropriées pour la réalisation de ce projet, elles ont perdu leur maison. Mais Gilbert Annette a stoppé le chantier. Pour le moment, du Pôle Océan, on ne voit qu’un parking et quelques pieds de bois à la place du vaste complexe prévu. Rien ne sera fait sur ce terrain pendant au moins trois ans. Qu’en pensent les familles expropriées ?

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