Ankraké, un chaudron de liberté

Les associations culturelles ont trouvé un bon avocat

24 mai 2005

La famille Alendroit (Lorita, Éric, Marie-Line...) ont échangé avec leurs amis militants culturels (Axel Gauvin, Danyèl Waro...) sur les libertés : de penser, de s’exprimer, de s’associer. Au siège d’Ankraké situé à Saint-Pierre, la situation de l’association a été exposée. Depuis 1998, elle occupe un local municipal, une maison Tomi. Avec le changement de majorité municipale en 2001, elle n’a plus reçu de subvention communale. Ses membres apprennent, par voie de presse, que le terrain est en vente. Un particulier l’a acheté. Ankraké a dû saisir le Tribunal administratif de Saint-Denis. Décision attendue le 7 juillet.

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Dans la cour de Ankraké, des militants de la liberté se sont exprimés sur la liberté d’association principalement. En effet, cette association culturelle vit des instants difficiles. "Nou bès pas lo bra, nou mèt pa nout tèt dan sak", affirme Éric Alendroit, un des bénévoles. En 2001 avec le changement de municipalité, "nou lété si la list rouge a éliminé", appuie Lorita Alendroit, la présidente. Cette même année, "le bail signé avec la Mairie n’a pas été renouvelé", explique-t-elle. La structure continue malgré tout ses activités. "Jèt pa nou déor kom in volèr, in malpropre", explique-t-elle. Cette même année également, les membres de l’association apprennent la vente du terrain par voie de presse. "On dépose notre candidature mais elle est rejetée", dit la présidente. Le terrain est vendu. L’association saisit le Tribunal administratif de Saint-Denis.

Rendez-vous le 7 juillet au TGI de Saint-Pierre

Le 9 janvier 2004, "le tribunal annule la décision du Conseil municipal de Saint-Pierre autorisant la vente du local". En décembre 2004, les bénévoles de l’association rencontrent le maire de Saint-Pierre, Michel Fontaine. Il leur présente des “excuses” et un terrain d’entente semble être trouvé sur l’attribution d’un autre local. Un mois plus tard, ils sont toujours sans réponse, mais par contre, ils reçoivent la visite d’un huissier les sommant de quitter les lieux immédiatement.
Le "nouveau propriétaire leur demande de payer 12.000 euros et 500 euros par jour de retard". Malgré tout, les membres de l’association ne quittent pas les lieux et lancent une procédure judiciaire. Ils donnent rendez-vous à tous les défenseurs de la liberté au Tribunal administratif de Saint-Pierre le 7 juillet prochain. Depuis 2001, des mesures d’intimidations ont été prises à leur égard "avec l’envoi de nervis, du harcèlement...", expliquent les membres d’Ankraké.
Dimanche, les membres de l’association, des militants culturels et des artistes ont uni leurs forces et leur détermination autour d’un bon "carri poulé massalé" accompagné de "gro pwa" et au rythme du maloya. Ils ont décidé "de solliciter les Mairies pour l’obtention d’une salle gratuite pour les associations". Ils veulent aussi impulser une réflexion plus large en demandant "l’avis des collectivités et sensibiliser la population sur tous les problèmes rencontrés par les associations culturelles". Une grande partie du dynamisme de La Réunion dépend de celui du secteur associatif. Son rôle culturel et social n’est plus à démontrer. Les politiques de toutes tendances lui reconnaissent une fonction économique importante.

Jean-Fabrice Nativel


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