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Notre Histoire
6 septembre 2004
Au moment où s’approche la période de célébration du 20 Décembre, la lecture du livre “Les esclaves de Bourbon, la mer et la montagne” de Prosper Ève, qui a été publié à la fin de l’année dernière, s’impose.
Patiemment, loin des fracas médiatiques, en toute humilité, l’historien et universitaire réunionnais Prosper Ève ausculte depuis des années l’Histoire et le paysage de la période esclavagiste de l’île Bourbon. Avec une minutie quasi chirurgicale, il met en lumière certains aspects pour éclairer à la fois notre passé et notre présent.
Pour Prosper Ève, "la relation de causalité (qui) est une relation de temporalité" est un principe majeur de l’Histoire. Aussi, après avoir proposé une lecture de l’esclavage réunionnais sous l’angle de la vie et de la mort (“Naître et mourir à Bourbon à l’époque de l’esclavage”) puis sous celui de l’amour et de la famille (“Variations sur le thème de l’Amour à Bourbon à l’époque de l’esclavage”), l’historien nous invite à explorer deux nouveaux thèmes dans son dernier livre : les rôles joués par la mer et de la montagne durant la période de l’esclavage. (1)
Faisant preuve d’un travail acharné de recherche et d’une profonde érudition, Prosper Ève utilise une multitude de documents (dont certains inédits) ou recourt à des commentaires littéraires d’extraits de romans et de poésies, dont certains sont d’écriture récente, comme “Chasseurs de Noirs” de Daniel Vaxelaire ou “Récits et traditions de La Réunion” de Jean-Victor Payet.
Le propos de l’historien est, de prime abord, simple : "à travers le prisme de la mer et de la montagne, l’esclavage apparaît comme une expérience qui a eu des effets durables sur la société bourbonnaise", note Prosper Ève.
Cela amène l’auteur à étudier certaines notions, à en conforter certaines (le traumatisme vécu par les esclaves par rapport à la mer) ou à en préciser d’autres, plus particulièrement l’image des Hauts de La Réunion, la montagne, "espace de l’affirmation culturelle des esclaves les plus réfléchis et les plus audacieux".
Tout en notant que certains esclaves ont cherché de moyens de s’évader par la mer (en fuyant comme clandestins sur des navires quittant Bourbon ou en s’engageant pour aller combattre hors de l’île), Prosper Ève considère que le marronnage par la fuite dans la montagne a eu "un impact (...) profond".
À travers les documents qu’il a consultés, l’historien a voulu privilégier "la parole de l’esclave" pour se "détacher des documents officiels en laissant la part belle aux traditions orales."
Cela lui permet de remettre en cause la marginalisation du phénomène du marronnage à Bourbon, dans son ampleur, dans son contenu et dans ses conséquences.
Rappelant que les documents sur la période de l’esclavage sont trop peu nombreux - certains ont été laissés à l’abandon ou détruits -, Prosper Ève avance l’idée que les marrons ont été plus nombreux que les chiffrages officiels.
L’historien explique que le marronnage a été un acte réfléchi, voulu, préparé par les esclaves. L’acte de fuir, selon lui, émane de personnes courageuses, intelligentes, débordant d’imagination.
Enfin, les marrons "ne sont pas restés inactifs". Les marrons ont laissé un legs considérable "pour la connaissance géographique des Hauts, le repérage des sites, mais aussi pour la connaissance de ses potentialités en matière agricole et en plantes médicinales."
Le livre de Prosper Ève se présente délibérément comme une réhabilitation des esclaves et du marronnage. "Si cette étude peut aider les nombreux Réunionnais qui considèrent l’esclavage comme un temps honteux, sur lequel il convient de ne pas s’appesantir, à être moins exclusifs et rigoristes, à se faire une idée plus neutre de cette longue période de l’histoire, il n’aurait pas manqué son but", écrit dans sa conclusion Prosper Ève.
Ce dernier stigmatise les intellectuels ou historiens de La Réunion qui boudent la période de l’esclavage comme sujet d’études et de recherches "parce qu’ils n’aboutissent pas à glorifier tous les maîtres et (...) parce qu’il est indécent de faire l’histoire de ceux qui, justement, n’ont laissé personnellement aucune trace écrite de leur passage entre la naissance et la mort."
Prosper Ève, qui n’a pas sa langue dans sa poche, critique aussi sévèrement ceux qui, parmi les Réunionnais "éprouvent face à l’esclavage un sentiment de honte et de gêne qu’ils veulent refouler."
“Les esclaves de Bourbon, la mer et la montagne” se lit comme un roman. Consacré à valoriser "le caractère d’épopée" qu’a été le marronnage, il nous tient en haleine du début à la fin. Il nous surprend par la richesse de ses sources. Il ouvre la piste à de nombreuses et multiples réflexions, dont nous avons donné ici un rapide et sommaire aperçu.
(1) “Les esclaves de Bourbon, la mer et la montagne” de Prosper Ève (Karthala-Université de La Réunion).
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