Visite ad limina

Les évêques de l’océan Indien vont au Pape

20 novembre 2004

Du 8 au 12 novembre, les évêques de l’océan Indien ont rendu une visite ad limina au Saint-Père. Un pèlerinage à Rome, qui a lieu tous les cinq ans et qui leur a permis de rencontrer Jean-Paul II le 9 novembre dernier pour lui faire un rapport sur la vie de leur diocèse.

La visite ad limina, (en latin : les marches) est une démarche vers le pape. Monseigneur Gilbert Aubry nous explique que c’est un pèlerinage qui suit le cheminement des premiers apôtres et qui permet aux évêques d’avoir un moment privilégié de vie commune et de rencontre : "Cette visite nous permet de nous enraciner dans l’histoire et de nous projeter dans l’avenir".

Plusieurs défis à relever ensemble

Lors de la précédente visite ad limina, en 1998, le pape Jean Paul II avait insisté sur le volet de la formation des prêtres. Avant ce voyage, chaque évêque rédige un rapport sur son diocèse dans la situation du pays où il se trouve. À Rome, chaque évêque à l’opportunité d’un dialogue en tête à tête avec le Pape et d’une rencontre collégiale. Gilbert Aubry a donc fait le point sur les évolutions que va connaître La Réunion d’ici 2030, avec le million d’habitant attendu et tous les bouleversements que cela implique pour l’aménagement du territoire. Dans son rapport, il estime qu’il est peu probable que La Réunion tienne le même nombre de prêtres qu’actuellement. Un constat qu’il nuance puisque comparativement à l’hexagone où plusieurs séminaires ferment, "nous avons toujours des vocations qui naissent". Il résumait aussi l’évolution et le rôle d’écoute et de formateur du prêtre. Autour de l’évêque se trouvent de plus en plus de diacres, hommes célibataires ou mariés qui sont ses collaborateurs, ainsi que des laïcs de plus en plus actifs au sein des missions diocésaines. Que tous travaillent en synergie est pour Gilbert Aubry : "un des défis à relever ensemble". Ce qui importe, souligne l’évêque, "c’est que la louange de Dieu soit assurée, c’est de vivre l’Evangile et de le faire connaître, de transmettre la responsabilité de génération en génération et de développer le dialogue inter-religieux". Au lieu de nous opposer, "les racines spirituelles vivifient et contribuent à notre harmonie". Voilà un autre défi "pour que l’île mérite son nom, La Réunion". Monseigneur Aubry développait hier en conférence de presse quelques points importants pour le diocèse, à commencer par "l’importance de relire l’Histoire en s’ouvrant sur l’avenir", la promotion de la spiritualité, de l’autorité et du vivre-ensemble : "nous devons devenir responsables dans l’Eglise et la société".

Le salut du Pape

Président de la Conférence Épiscopale de l’océan Indien, Gilbert Aubry a écrit un discours de salutation au Pape soulignant l’intérêt de ce regroupement "pour nous aider à être ensemble et à briser notre isolement". Le personnel épiscopal a été renouvelé : l’évêque des Seychelles a changé, un premier évêque est à Rodrigues, et la mission catholique se renforce aux Comores et à Mayotte. Les séminaires interdiocésains oeuvrent pour intensifier les échanges entre les îles. Monseigneur Aubry a également attiré l’attention du Pape sur le bassin de l’océan Indien appelé à prendre de plus en plus d’importance avec le développement de l’Inde et de la Chine, "nos îles sont au carrefour des grands échanges internationaux, nous poursuivrons les relations avec l’Europe, mais la dimension océan indien prend plus de poids" d’où l’importance de la formation des prêtres dans cette région. Une formation qui doit s’adapter au contexte de la zone en intégrant davantage l’anthropologie et la philosophie dans les séminaires. Il a également évoqué les évolutions du tribunal ecclésiastique, officialité commune qui applique le droit canon et règle par exemple les contentieux sur le mariage. Il a enfin fait part au Saint-Père de la démarche inter-religieuse menée à La Réunion indiquant qu’elle "contribue à rapprocher nos peuples, et à faire de notre région une zone de paix".
En réponse, le Pape salut les peuples et les îles de l’océan Indien. Il est le premier Pape à les avoir toutes visitées. Il a donné en exemple l’action du Père Laval à Maurice, du Frère Scubillon à La Réunion et de Victoire à Madagascar. Jean-Paul 2 a insisté auprès des évêques sur la dimension de l’Eucharistie et souhaite un enseignement social de l’Eglise pour les laïcs. Il a encouragé les évêques à poursuivre le dialogue inter-religieux et les incite à apporter soutien aux familles en difficultés, tout en travaillant à faire naître la foi des enfants. Les évêques ont aussi visité plusieurs secrétariats dont celui de la propagation de la foi, la pastorale de la santé, l’apostolat des laïcs, les migrants et l’apostolat de la mer, ainsi que Radio Vatican.

Le Pape n’est pas seul

"Le Pape n’est pas un homme seul, il vit dans la foi de l’Eglise, il a des collaborateurs. La visite ad limina nous permet d’entrer dans un échange fraternel", explique Monseigneur Aubry "c’est de cette manière que l’Eglise catholique s’inscrit dans le monde, dans des aires avec des différences culturelles, politiques, géographiques clamant un message : l’unité n’est pas l’uniformité". Il dit encore avoir découvert "un homme solide avec de la réserve malgré son handicap. Il a de la peine à parler, s’exprimer lui demande des efforts mais il tient à le faire. Si son œil gauche est inopérant, le droit est d’une vivacité, d’une profondeur extraordinaire".

Eiffel


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