À l’opposé du sectarisme : le dialogue et le respect mutuel

Les Réunionnais montrent qu’il est possible de vivre ensemble

15 janvier 2015, par Manuel Marchal

Une semaine après l’attaque contre Charlie Hebdo et le supermarché de la Porte de Vincennes, les hommages aux victimes se succèdent pendant les obsèques. La question de la cohésion de la société est posée en France : comment trois jeunes Français ont-ils pu faire de tels actes ?

Depuis le 7 janvier, la France est en état de choc. Elle a été brutalement confrontée à des attentats meurtriers commis en France par des Français, qui sont nés et ont grandi en France. L’attaque de Charlie Hebdo a été revendiquée par Al Qaïda au Yemen, c’est la branche la plus extrémiste de cette organisation responsable de nombreux attentats dans le monde depuis plus de 15 ans. Des Français ont donc choisi de se mettre au service de ce groupe meurtrier. Ils ont lancé une action menée jusqu’à leur mort. Ils s’appuyaient sur un discours intégriste. Ces faits tragiques illustrent les difficultés de la société française. Sa cohésion est fragilisée, car en son sein des jeunes peuvent se laisser prendre par des propos sectaires. Cette radicalité se traduit aussi par la progression de l’extrême droite à chaque scrutin. C’est aussi le signe que l’intolérance gagne du terrain. La crise économique a amené un blocage. Le chômage ne recule plus, laissant un nombre toujours plus important de personnes sans perspectives. Ces inégalités sont un des facteurs pouvant favoriser le passage à des actes violents.

L’entente a vaincu la violence

A La Réunion, le taux de chômage est trois fois plus important qu’en France. Mais pourtant, la société apparaît plus apaisée. Le peuple réunionnais a pourtant une histoire de seulement 350 ans. Plus de la moitié de cette période s’est faite sous le régime de l’esclavage, c’est-à-dire un système basé sur le racisme. Entre l’abolition de l’esclavage en 1848 et du statut colonial en 1946, La Réunion était toujours une colonie avec de très fortes inégalités. Les journaux de l’époque insistaient sur l’existence de 20 familles qui accaparaient une grande partie des richesses, et sur la grande misère de la population. L’espérance de vie était de moitié celle d’aujourd’hui à cause des maladies et de la malnutrition. Le contexte réunionnais était donc d’une grande violence.
C’est pourtant dans ces conditions difficiles que la société réunionnaise a réussi à construire sa cohésion. Notre île accueille des descendants d’immigrés venus d’Afrique, de Madagascar, d’Asie et d’Europe. Tous sont originaires de civilisations différentes, mais cette rencontre a réussi à aboutir à l’entente plutôt qu’au conflit.
Les religions ont réussi à dialoguer, et La Réunion est toujours citée en exemple pour son « vivre ensemble » et cela malgré une situation sociale qualifiée de « hors norme ».

Lieu de rencontre des civilisations

Pendant ce temps, le monde voit naître des conflits liés aux différences. Ils peuvent toucher n’importe quel pays, même la France dont le sol avait jusqu’alors été épargné, ainsi que l’Australie et le Canada pour ne citer que les exemples les plus récents dans les pays occidentaux. Le monde sera pourtant toujours plus confronté à la rencontre des cultures. C’est la conséquence de la croissance démographique, des inégalités qui favorisent les migrations et de la mondialisation qui accélère les échanges. Cette situation risque bien d’aggraver l’impasse dans laquelle se situe aujourd’hui des pays comme la France.
La Réunion est un pays de 850.000 habitants dans le Sud de l’océan Indien. Sur ce territoire de 2.500 kilomètres carrés, des représentants de plusieurs grandes civilisations arrivent à vivre ensemble. Ce que les Réunionnais ont réussi à faire peut-il être une source d’enrichissement pour d’autres pays qui voient leur cohésion sociale se fragiliser ?

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