Notre Histoire : À l’occasion du 86ème anniversaire de la naissance de Roland Jamin - 9 -

Les victimes de l’arbitraire préfectoral à Saint-André

30 juin 2004

Pour ce 9ème volet, Eugène Rousse nous parle des pressions exercées par le préfet Jean Perreau-Pradier sur des conseillers municipaux de Saint-André en 1956. Le représentant de l’État n’hésite pas à commettre des fraudes électorales et à user de « plans machiavéliques » « afin d’atteindre son but », confie l’historien.

Depuis son arrivée dans l’île le 13 juin 1956, le préfet Jean Perreau-Pradier ne cache pas son irritation de devoir dialoguer avec des élus communistes. Aussi s’empresse-t-il d’élaborer un plan visant à éliminer ces derniers de la scène politique.
Afin d’atteindre son but, Jean Perreau-Pradier fera preuve d’un cynisme à peine imaginable aujourd’hui et aura recours à l’arbitraire absolu.
Dès le décès le 2 juillet 1957 du maire communiste de Saint-André le docteur Raymond Vergès, le chef du département - qui se comportera en tyran jusqu’à son rappel à Paris le 2 mars 1963 - entend se lancer dans la réalisation d’un plan machiavélique.
Les pressions qu’il exerce sur les conseillers municipaux de Saint-André conduisent certains d’entre eux à démissionner de leur mandat. Ce qui lui permet d’obtenir du ministre de l’Intérieur, Jean Gilbert-Jules, la dissolution le 10 août 1957 de la municipalité saint-andréenne, suivi le 15 août de la mise en place d’une délégation spéciale composée de représentants d’usiniers de la grande commune de l’Est. Il apporte ensuite ouvertement son concours dans le grossier témoignage du scrutin du 15 septembre qui ouvre les portes de la mairie de Saint-André à l’usinier Henri Morange, ex-pétainiste notoire. Il ne fait pas de doute qu’il n’est pas étranger à la scandaleuse décision du tribunal administratif de Saint-Denis de valider le 21 octobre 1957 la honteuse mascarade du 15 septembre.
L’élection législative partielle du 17 novembre 1957, consécutive au décès du député Raphaël Babet survenu le 30 août 1957, fournit à Jean Perreau-Pradier l’occasion de se jeter une nouvelle fois dans l’arène politique et de fausser les résultats d’un scrutin que l’Assemblée nationale refusera de valider le 18 février 1958.

(à suivre)

Eugène Rousse

Roland Jamin

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