Nouvelle parution de Danièle Moussa à l’UDIR

“Lettre à Mouna pour apprendre à vieillir”

23 mai 2005

’C’est un hommage à ma tante qui est dans un centre de retraite à Saint-Denis’, explique l’auteur. Danièle Moussa montre sa grande âme, son esprit généreux, son amour pour les personnes âgées, trop souvent victimes de la pire des indifférences.

(Page 10)

"Lettre à Mouna pour apprendre à vieillir" est une déclaration d’amour à une marraine comme on en connaît dans chaque famille, à travers la terre sûrement. Danièle Moussa signe ici un magnifique texte en prose, son troisième ouvrage, toujours aussi empreint de sensibilité et de vérité. (1) "Poignant. Déroutant. Du style, des images percutantes. Un livre qui mettra du baume dans le cœur de tous", écrit à juste titre Jean-François Samlong dans la post-face.
De sa marraine Jeannine, aujourd’hui âgée de 88 ans, Danièle ne tarit pas d’éloges. "C’est une célibataire, et je suis la fille qu’elle n’a jamais eue. Tous les événements de ma vie, je les ai partagés avec elle. Toute ma vie est imprégnée d’elle. C’est vers moi qu’elle a reporté tout son trop plein d’amour et de tendresse", en parle affectueusement Danièle Moussa.
Il est toujours difficile de voir un être cher lire les dernières pages de sa vie. "C’est une phase difficile à vivre", reconnaît l’auteur. Mais si cette étape est douloureuse, elle ne doit pas nous livrer à l’indifférence.
D’ailleurs, ce livre est destiné à abattre ce dédain pour nos aïeux. "La canicule a été une grande leçon de vie pour nous obliger à regarder davantage les personnes âgées", déclare-t-elle, en poursuivant : "je veux que mon livre dérange, pour que le lecteur porte un regard d’amour sur toutes les personnes âgées".

Faire passer un message

Sans vouloir donner des leçons et répandre la bonne parole, Danièle Moussa entend faire passer un message, pour que son lecteur ne s’endorme pas. "Ce vieux que tu regardes avec indifférence, c’est l’homme que tu seras demain", dit-elle avec philosophie. Belle invitation à se voir à travers l’autre. Peut-être que cela contribuera à changer les mœurs.
Nos sociétés se désengagent de plus en plus de leurs personnes âgées. "Ce que je suis, je le dois à ma mère", note Danièle, qui regrette de l’avoir perdue voilà tout juste un an, le jour même de la fête des mères. Douloureuse date.
C’est aussi ce qui fait le charme de cette jeune sexagénaire, qui "laisse quelques années à la maison" quand elle sort. Elle parle avec poésie, même de la mort, et de la fatalité face à la vieillesse. "Il n’y a aucun moyen d’échapper à la vieillesse, sinon de mourir tout de suite", assure-t-elle. Nous en sommes tous convaincus.
Pour l’heure, elle continue à s’adonner à une de ses passions, l’écriture. D’autres manuscrits sont en cours d’élaboration. "Encore embryonnaires", confie Danièle Moussa. Mais elle annonce qu’elle prépare un récit de vie, celui de sa mère. "Quand pleure le ravnal" est un autre texte d’amour, qu’elle dédie à sa chère mère et qu’elle publiera sûrement à l’UDIR.
"L’UDIR la tir amoin dann fénoir. Moin la gingn mèt mon travay dann la limièr. I shanj pa in lékip i gingn", déclare-t-elle.
L’UDIR présentera prochainement deux nouveaux bébés de sa collection. "Le secret de Judith", un conte pour enfants, proposé par Joëlle Brethes et Monique Mérabet, et "Ti Jean et autres contes", écrit par Céline Huet et Marie-Lyne Janson. Ces deux livres de contes proposent des textes en français et créole, que vous aurez plaisir à lire dans deux ou trois mois. Alors patience !

Bbj

(1) "Lettre à Mouna pour apprendre à vieillir", en vente à l’Entrepôt et à l’UDIR à 15 euros. Pour l’UDIR, contacter Marie-Lyne Janson (gestion livre UDIR)


L’avis d’une lectrice

Ne laissons pas nos personnes âgées seules

Danièle Moussa, une institutrice spécialisée dans la déficience intellectuelle et actuellement à la retraite, est “entrée en poésie” en 1998. Elle publie d’abord deux recueils de poésie puis se penche sur son passé et écrit sa “Lettre à Mouna pour apprendre à veillir”. Un échange de confidences avec sa vielle tante, qu’elle appelle “Marraine” et qu’elle affectionne.
C’est La Réunion lontan qu’elle décrit, celle des traditions familiales, des pèlerinages, des dévotions à la Vierge, à travers des récits pittoresques et rafraîchissants.
"La vieillesse.
Quelle punition sévère nous inflige la vie
Lorsque les années s’ajoutent aux années".
(...)
"Ils sont des milliers
À vivre ainsi isolés
À attendre une visite, un baiser.
Aimons-les, nous les plus jeunes
Pour qu’à notre tour, demain,
Une main compatissante
Vienne ouvrir notre porte :
Qu’un parfum, un sourire
Vienne égayer notre retraite.
Ainsi va le monde.
Ainsi va la vie.
Et la chaîne continue...".

Ce court extrait du livre nous montre à quel point le regard de Danièle Moussa sur les personnes âgées est tendre, empli de compassion. Il interroge et bouscule nos certitudes. Ne laissons pas nos personnes âgées seules, désœuvrées, sans but dans leurs longues journées, même lorsqu’elles sont confiées à des maisons de retraite.
Accompagnons-les plus étroitement en nous impliquant dans leurs activités physiques, intellectuelles et de loisirs, leurs lectures, leurs jeux... pour que leurs journées soient ponctuées de rires, de jeux et de chansons. Pourquoi ne pas leur permettre davantage de laisser parler leur mémoire afin de pouvoir transmettre leurs témoignages aux générations futures ?

Simone Biedinger


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