
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
Des stèles à Fort-Dauphin
6 janvier 2005
Un jardin endémique et deux stèles, symboles du “lien de roc” qui unit La Réunion à la Grande Île, ont récemment été inaugurés à Madagascar. Sudel Fuma, professeur d’Histoire à l’Université de La Réunion, nous en dit davantage sur ce projet qu’il a contribué à mettre sur pied en tant que membre de l’UNESCO.
(Pages 6 et 7)
C’est un peu par hasard que tout a commencé. Passionné par l’Histoire de La Réunion, Sudel Fuma nourrissait depuis longtemps l’envie d’immortaliser les liens historiques qui unissent notre île aux pays de l’océan Indien. Lorsqu’en 2002, il se rend à Madagascar pour y donner un colloque, ce professeur d’Histoire à l’université, ressent déjà "le besoin de faire quelque chose pour rappeler aux Réunionnais qu’une partie de leurs origines se trouve ici, à Madagascar". L’idée n’en est encore qu’au stade de projet. Sudel Fuma ne sait pas vraiment comment il va s’y prendre. Ce n’est que quelques années plus tard que son rêve pourra se concrétiser.
"C’est d’une rencontre avec un collègue malgache que tout est parti." Le 16 juillet 2004, au cours de la dernière Rando Métis, Sudel Fuma rencontre Constant Gasstsar (le président d’Ecodev Madagascar). Les deux hommes sympathisent et au fil des discussions, Sudel Fuma lui fait part de son désir d’installer un monument à la mémoire des Malgaches qui ont peuplé La Réunion. Constant Gasstsar est alors immédiatement enthousiasmé. Très vite, les choses se mettent en place. Le Conseil régional accepte de financer la totalité de l’opération dont le coût se monte à 9.000 euros. "Un montant dérisoire, compte tenu de l’importance du projet", commente Sudel Fuma. "Cela n’aurait jamais été possible sans la grande générosité des artistes qui ont accepté de travailler pour presque rien."
Pour symboliser l’union de nos deux pays, deux artistes, une Réunionnaise et un Malgache, avaient été choisis. Dolaine Fuma Courtis et Rabemanjara ont œuvré, durant un mois, à la réalisation de deux stèles taillées dans des pierres de 7 tonnes. Un travail qui a nécessité de nombreux déplacements entre la Grande Île et La Réunion.
Ces stèles représentent deux symboles. Celle sculptée par Dolaine Fuma Courtis représente, côté terre, les visages de Louise, Élisabeth et Marianne, les premières femmes réunionnaises. Côté mer, on reconnaît un navire négrier et des symboles antandrosy. L’artiste a ainsi voulu illustrer l’Histoire de l’esclavage. Sur la stèle réalisée par Rabemanjara, on peut voir côté terre, une flèche qui part d’une carte de Madagascar en direction de celle de La Réunion. Côté mer, des visages et des symboles. Une femme y figure également. "Nous avons voulu célébrer les femmes car ce sont elles qui ont fait La Réunion", nous dit Sudel Fuma. En menant à bien ce projet, la Chaire de l’UNESCO voulait mettre l’accent sur l’Histoire de l’esclavage et l’interculturalité. Mais attention, précise Sudel Fuma, "ce programme ne s’arrête pas là"....
Marie E.
(1) Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture.
“Une route de l’esclave” dans l’océan Indien
Sudel Fuma ne compte pas s’arrêter en si bon chemin... Il aimerait inaugurer, d’ici décembre 2005, une réplique des stèles de Fort-Dauphin à La Réunion. "L’idéal serait la baie de Saint Paul", nous dit-il. C’est en effet dans cette ville que sont arrivés les premiers habitants permanents de l’île. Ces derniers étaient, rappelons-le, dix Malgaches et deux Français. Aucune discussion n’a encore été actuellement engagée avec la mairie de Saint-Paul concernant ce projet. Mais Sudel Fuma garde bon espoir de le voir accepté.
Il prévoit également de réaliser d’autres stèles dans les différents pays d’origine de nos ancêtres. Cela afin de permettre aux Réunionnais de se rendre compte de la diversité de leurs origines. Le même projet devrait ainsi être mis sur pied en Afrique en 2006 et en Inde en 2007. Pour l’heure, on ne sait toujours pas exactement où ces stèles seront placées. "On hésite encore entre la Tanzanie, le Mozambique et le Kiwala pour la stèle africaine. Mais ce sera très probablement au Mozambique, parce que le ministre de la Culture avait annoncé lui-même qu’il était favorable à ce projet." C’est à Saint-Denis que devrait être érigée “sa réplique”, car c’est au Barachois que sont arrivés les premiers contingents africains. Pour la stèle qui se trouvera en Inde, Sudel Fuma ne s’est pas encore décidé entre l’État du Tamil Nadu, l’État du Kerala ou Pondichéry. Son homologue devrait se situer à Saint-André ou à Grand-Bois. Pour chacune de ces œuvres d’art, Sudel Fuma fera appel à des artistes locaux qui travailleront en collaboration avec des sculpteurs vivants dans les pays d’accueil.
"Le point culminant de cette opération sera une stèle monumentale au Lazaret", déclare Sudel Fuma avec un sourire aux lèvres. "Le but étant que chaque Réunionnais s’y retrouve", ajoute-t-il en substance. En effet, le Lazaret est un lieu hautement symbolique où ont transité tous les travailleurs engagés de l’île.
Bien que le programme soit ambitieux, l’historien espère obtenir le même soutien que pour le projet malgache. "Cette route de l’esclave dans l’océan Indien permettrait à chacun de se rappeler les liens qui nous unissent. Mais surtout, elle permettrait aux Réunionnais de ne jamais oublier d’où ils sont issus."
Marie E.
Une opération menée par différents partenaires
Ce projet n’aurait jamais pu voir le jour sans le soutien massif des autorités malgaches, réunionnaises mais aussi d’un certain nombre de partenaires. Différentes organisations ont contribué à sa réussite. La Chaire de l’UNESCO, représentée par Sudel Fuma, s’est occupée de coordonner tout le programme. Elle a obtenue une aide financière du Conseil régional qui a pris en charge la totalité des frais de l’opération qui se chiffrait à hauteur de 9.000 euros. Une somme qui a surtout servi à couvrir les frais de déplacement des artistes et leur hébergement à l’hôtel. "Pour ce qui est de la pierre, c’est la famille De Heaulme, qui possède une carrière, qui nous les a gentiment offertes". La municipalité de Fort-Dauphin a gracieusement offert le site qui se situe en face de la mairie, mais surtout juste à côté de l’endroit où habitaient les premières personnes venues vivre à La Réunion. Le maire, M. Mamy, a également mis à la disposition des sculpteurs d’importants moyens humains et logistiques. "Tout a vraiment été mis en œuvre pour que cela se passe bien. Les ministères de la Culture, de l’Environnement et du Tourisme nous ont vraiment facilité la tâche." L’ANGAP (Association nationale pour la gestion des aires protégées) a, pour sa part, offert des plantes endémiques qui viennent embellir le parc. Un formidable exemple de solidarité entre deux peuples maintenant unis par un “lien de roc.”
La cérémonie d’inauguration des stèles
Le 16 décembre dernier, étaient inaugurés à Fort Dauphin un jardin endémique et deux stèles, symboles du “lien de roc” qui unit La Réunion à la Grande Île. À cette occasion, une délégation de La Réunion s’était rendue à Madagascar pour participer à la cérémonie d’inauguration. Sudel Fuma, membre de la Chaire de l’UNESCO, revient avec nous sur cette manifestation.
"Nous avons vraiment été accueillis de façon formidable par nos amis malgaches." Sudel Fuma garde manifestement un très bon souvenir de cette expérience. Avec des colliers et des chapeaux antandrosy en guise de cadeaux de bienvenue, à son arrivée à l’aéroport, la délégation réunionnaise a été reçue très chaleureusement. Parmi elle, Alain Armand, vice-président délégué à la culture à la Région et Sudel Fuma, venus célébrer les liens historiques qui unissent La Réunion à Madagascar.
Un événement en deux temps avec une cérémonie officielle précédée d’une autre plus traditionnelle.
Le matin, tous les chefs se sont rassemblés sur la place publique pour bénir le jardin et les stèles. Tous les “notables” étaient présents pour participer à cette manifestation. Pour l’occasion, un zébu noir a été sacrifié, non sans mal puisque l’animal avait réussi à s’échapper, obligeant les organisateurs à lui courir après. Finalement, la bête sera rattrapée, dépecée et sa chair partagée avec toute la population.
Une fois ce rituel accompli, les festivités ont pu débuter. Danses et chants malgaches venaient entrecouper les discours des officiels prononcés devant près de 700 personnes. "Ce n’était pas seulement une inauguration, c’était aussi une fête et une réflexion sur l’Histoire." Trois conférences avaient ainsi été données par Sudel Fuma, Évelyne Combeau et M. Manjakahery de l’Université de Tulear. De plus, la troupe Vollard était venue lire des textes historiques. "Fernand Payet nous a lu un poème magnifique qu’il avait écrit." (1).
Et pour la petite histoire, tous les discours prononcés ce jour-là, ainsi que la partition de l’opéra de la troupe Vollard, ont été retranscrits et placés dans un bocal en verre hermétique. Ce dernier a été placé sous la plaque commémorative, enserré dans du béton pour les historien de demain...
Marie E.
(1) Nous reviendrons plus tard sur la participation de Fernand Payet à cette cérémonie. Nous publierons entre autres le poème qu’il avait alors lu en public.
An plis ke sa
Un reportage de 40 minutes qui relatera les temps forts de la manifestation avec entre autres, des extraits des discours des différentes personnalités présentes et les festivités entourant l’inauguration des stèles.
1.000 cartes postales devraient être vendues au profit d’un orphelinat de Fort-Dauphin.
La Réunion et Madagascar
En 1642, Jacques de Pronis, agent de la Compagnie de la société de l’Orient, prend possession de l’île au nom du roi de France. C’est la deuxième prise de possession de l’île par la France. Celle-ci est toujours inhabitée. Au départ, Jacques de Pronis a pour mission d’installer et d’organiser un comptoir français à Madagascar. Il créé dans le Sud-Est de la Grande île, Fort-Dauphin, en hommage au futur roi Louis XIV.
Mais une révolte se soulève contre l’agent de la Compagnie de la société de l’Orient. Il avait en effet épousé la fille d’un chef malgache. Ce qui avait déplu à un certain nombre de personnes. Emprisonné, puis délivré par le commandant Le Bourg du Saint-Louis, Jacques de Pronis décide de se venger. Il exile les mutins dans notre île.
1646 : Débarquement de 12 mutins de Madagascar
En 1646, les 12 mutins envoyés de Madagascar par Jacques de Pronis débarquent à La Réunion (qui ne porte pas encore ce nom). Ils y resteront trois ans sans avoir de contact avec l’extérieur. Leur séjour forcé dans l’île ne semble guère avoir été très pénible pour eux. Au contraire...
1649 : Troisième prise officielle de l’île
En 1649, le commandant Roger Le Bourg vient prendre la relève de Jacques de Pronis. C’est la troisième prise de possession officielle de l’île. Il y installe à son tour les mutins qui s’opposent aux administrateurs de la Compagnie. L’île est alors appelée l’Île Bourbon.
1663 : Première colonisation de l’Île
C’est à 1663 que remonte la première colonisation de l’île. Deux Français (Louis Payen et Pierre Pau) accompagnés de 10 Malgaches décident de leur plein gré de venir s’établir dans l’île. Ils s’installent à Saint-Paul et y resteront deux ans. Mais la cohabitation n’est pas facile. Les hommes se battent pour les femmes qui sont au nombre de trois et les Malgaches finissent par se réfugier dans les montagnes. Ce seront les premiers marrons de l’île.
"Aujourd’hui, La Réunion garde un héritage culturel important de ce mélange avec le peuple malgache", nous dit Sudel Fuma, professeur d’Histoire à l’Université de La Réunion. "Le maloya qui déjà par son terme veut dire “avoir le blues de son pays” en malgache, le moraingy, le service cabaret..." sont autant de richesses qui nous viennent de nos ancêtres malgaches.
Marie E.
Discours de Sudel Fuma
Nous reproduisons ci-après le discours de Sudel Fuma, directeur de la Chaire UNESCO de l’Université de La Réunion, à l’occasion de l’inauguration des stèles Mémoires et Jardin endémique commémorant les liens historiques et culturels entre La Réunion et Madagascar à Fort Dauphin, le 16 décembre 2004.
"1663-2004, 341 ans se sont écoulés entre le départ de Louis Payen, Pierre Pau, des 10 Malgaches dont 3 femmes qui ont quitté cette baie de Fort-Dauphin, pour traverser l’océan Indien et donner naissance au peuplement définitif de l’Île Bourbon, aujourd’hui Île de La Réunion où vivent 740.000 Réunionnais, dont de nombreux ancêtres se trouvent ici, sur cette terre malgache, terre nourricière d’une Île Créole : notre Île de La Réunion, qui aujourd’hui avec vous, avec les plus hautes autorités, commémore les liens historiques et culturels entre nos deux pays...
Quelle plaisir immense pour moi, au nom de la Chaire UNESCO de l’Université de La Réunion et aussi au nom de l’association Historun, de participer à l’inauguration des stèles Mémoires et du Jardin endémique qui symboliseront pour des siècles et des siècles les liens indéfectibles entre nos deux îles... La Chaire UNESCO de l’Université de La Réunion, qui est la huitième des Chaires UNESCO de France à avoir été créée sur le territoire français, trouve ici l’occasion de mettre l’accent sur l’objectif fondamental que lui ont fixé les institutions politiques de La Réunion et celle de l’UNESCO, en participant et en soutenant les deux associations Ecodev Madagascar- représentée ici par son président M. Constant Gasstsar - et Historun, sur ce projet où la thématique de l’interculturalité, du dialogue des cultures, se traduisent dans la pierre, dans le roc que nos deux sculpteurs malgache et réunionnais ont exprimé à la force de leurs poignets, mais aussi en puisant dans leur âmes et dans la mémoire orale leur inspiration profonde...
C’est donc ces travaux d’artistes que je voudrais ici honorer, car grâce à eux, M. Rabemananjara et Mme Fuma-Courtis, pour des générations et des générations de Malgaches et de Réunionnais, Fort-Dauphin restera le symbole visible d’une histoire commune, faite dans la douleur avec l’esclavage et la colonisation, parfois dans la joie quand des hommes et femmes ont transcendé par leurs unions les systèmes d’asservissement...
Au-delà du symbole fort que représentent ces œuvres d’art, je voudrais rappeler ici solennellement l’implication forte de la Chaire UNESCO dans le programme de la Route de l’Esclave mise en chantier depuis déjà quelques années par l’UNESCO, programme dans lequel se sont impliquées fortement les institutions des pays de l’océan Indien et qui trouve aussi ici, à Fort-Dauphin, sa concrétisation par la réalisation de ces stèles... Route de l’esclave, route de la mémoire, n’oublions pas ici, aujourd’hui, les esclaves, les engagés malgaches dont ceux de cette région - Antanosy et Antandroy -, qui ont emmené leurs cultures à l’Île de La Réunion et dans les autres Îles de l’océan Indien. Je ne peux pas m’empêcher d’avoir ici une pensée pour deux grands artistes de l’océan Indien - Gramoun Lélé et le Rwa Kaf -, deux artistes ayant une partie de leur origine à Fort-Dauphin et qui nous ont quittés cette année... Mais je suis persuadé qu’ils sont aujourd’hui avec nous, à nos côtés... Merci Gramoun Lélé, Merci le Rwa Kaf, de nous avoir transmis le patrimoine malgache...
Et je voudrais, au nom de la Chaire UNESCO, aujourd’hui prendre un engagement solennel : l’engagement de poursuivre dans les quatre années à venir ce programme sur les lieux de mémoires... Fort-Dauphin doit être une mémoire qui doit rester vivante, une mémoire qui doit nous aider à vivre, une mémoire pour préparer l’avenir, une mémoire enfin, pour ne pas oublier le passé et pour mieux se comprendre dans le présent..."
Lo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
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