Coopération régionale

Liens de roc entre Madagascar et La Réunion

2 décembre 2004

Deux stèles et un jardin endémique matérialiseront à Fort Dauphin le lien familial qui unit La Réunion à la Grande Île. La place sera inaugurée à la mi-décembre en présence d’une forte délégation réunionnaise.

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En l’an 1663, deux Français et dix Malgaches, dont trois femmes, quittaient Fort Dauphin pour venir s’installer à Bourbon. Le groupe constituait la première communauté réunionnaise, nos grands-pères et grands-mères.
Alors que La Réunion approche des fêtes commémoratives du 20 décembre, Fort Dauphin s’apprête à accueillir un jardin endémique et deux stèles en référence à cette année historique.
Pierre Vergès, vice-président du Conseil régional, pense que cette opération participe à "conforter une démarche de relation approfondie entre La Réunion et Madagascar. Nous sommes une même famille et ce travail sur les symboliques est fait pour ne jamais l’oublier. Il nous amène à nous interroger sur la notion de développement par rapport à celle de l’épanouissement humain". Car la culture est un préalable à tout développement.

Sculptées par deux femmes

Constant Gasstsar, député malgache, président de l’association Ecodev, a commencé son discours par un dicton malgache que nous pouvons traduire par : "Plus on trempe un tissu dans la teinture, plus il est foncé". Ces stèles ont pour lui le pouvoir de "symboliser ce lien de roc entre Madagascar et La Réunion". Les temps forts de cette action de mémoire se tiendront le 15 décembre à Antananarivo par une visite protocolaire d’une délégation de La Réunion aux autorités malgaches.
La Maison de la Montagne sera également présente pour finaliser le parcours de la randonnée de montagne 2005 à Antananarivo, randonnée qui aura lieu l’année suivante à Fort Dauphin.
Taillées dans la pierre et le granite multicolore par une femme sculpteur réunionnaise, Dolène Courtis, et un autre malgache, Rabemananjara, le 16 et le 17 décembre, à Fort Dauphin, les deux stèles seront inaugurées, ainsi qu’un jardin endémique de douze plantes dont trois espèces réunionnaises d’origine malgache.
Durant ces deux jours, toute la population participera à la commémoration. Les autorités malgaches se félicitent de cet événement non seulement pour son aspect historique, mais aussi parce qu’il est placé sous le signe des échanges, annonçant une coopération plus dynamique entre nos deux îles.

140 personnes pour un opéra

Le Réseau des plantes aromatiques et médicinales de l’océan Indien viendra pour renforcer les liens et valoriser la biodiversité exceptionnelle de notre zone et la connaissance de ses tisaneurs.
La troupe Vollard participera à cette inauguration. Emmanuel Genvrin indique que la compagnie travaille à un opéra historique sur l’aventure des douze premiers habitants. Vollard a déjà effectué une mission à Fort Dauphin pour s’imprégner de ce lieu d’origine et quelques-uns de ses comédiens viendront lire quelques textes anciens le jour inaugural.
Cet opéra intitulé “Maraina” (Aube) implique près de 140 personnes, il sera présenté l’année prochaine à La Réunion. Jean-Luc Trulès a rencontré des musiciens de Fort Dauphin, a découvert leurs instruments et s’inspire des chants de là-bas pour en faire une musique pour orchestre symphonique, tout en piochant aussi dans les rythmes communs de l’océan Indien.
Le CRESOI (Centre de recherches et d’études sur les sociétés de l’océan Indien) représentera l’Université de La Réunion lors de ces deux jours. Son directeur, Yvan Combeau, souligne combien l’histoire est maillée, croisée.

C’est pour lui "un symbole fort qui participe au développement et ne doit pas être négligé. C’est un moment important pour nos sociétés. Derrière ces stèles il y a de la vie, de la sensibilité, de la chair. Nous portons une grande attention à recoudre des liens que les stèles matérialisent".
Sudel Fuma, président de l’association Historun et représentant la chaire de l’UNESCO, évoquait la possibilité d’installer un jour une stèle à La Réunion, aux Lazarets, faisant face à ses deux consœurs de Fort Dauphin, de l’autre côté de la mer.

Eiffel


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