
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
2018 : 170e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, 35e anniversaire du vote de la loi faisant du 20 décembre un jour férié -1-
17 décembre 2018, par
Eugène Rousse revient sur les événements qui ont amené la France à reconnaître officiellement aux Réunionnais le droit de célébrer le 20 décembre. Préalablement à la procédure législative qui aboutit à la création d’un jour férié à La Réunion, il fallut de nombreuses mobilisations des Réunionnais pour que la commémoration de cette date historique soit inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale et du Sénat.
La prise de conscience de l’exceptionnelle importance de l’émancipation des esclaves s’est aujourd’hui généralisée dans le peuple réunionnais. Un tel consensus ne doit toutefois pas nous faire oublier que pendant près d’un siècle, les affranchis de 1848 et leurs descendants ont été victimes d’un véritable apartheid et qu’il leur a été impossible de commémorer leur passage de la servilité à la liberté. Pire, le pouvoir colonial s’est obstiné à vouloir gommer deux siècles de l’Histoire de La Réunion.
Apartheid, le mot n’est pas trop fort pour décrire l’étouffement de la date anniversaire de l’abolition de l’esclavage à La Réunion, lorsque l’on sait qu’après 1848, les maîtres de la colonie ont fortement contesté aux 62.000 affranchis du pays la qualité de citoyens français. La volonté de priver les nouveaux affranchis d’un droit aussi fondamental que le droit de vote se confirme pendant la période impériale (1852-1870). Le désir de faire des Noirs des citoyens inférieurs est loin d’être absent des préoccupations de l’Administration coloniale sous la 3e République.
Ainsi, le 12 mai 1898, au lendemain des élections législatives, le Directeur de l’intérieur, Édouard Petit, le plus proche collaborateur du chef de la colonie, n’hésite pas à écrire : « On peut dire qu’en appliquant le suffrage universel sans restriction à un pays où la race noire n’est représentée que par des brutes, on achève sa démoralisation. Une réforme s’impose donc dans cette colonie pour relever la dignité du suffrage universel qui est la base de nos institutions républicaines, mais dont l’intelligence obtuse des noirs ne saisira jamais le but élevé ».
Ce n’est qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que les descendants d’esclaves et d’engagés, largement majoritaires dans le pays, ont pu cesser de faire de la figuration sur la scène politique et y jouer des rôles importants. Rappelons que :
- Le décret du 27 avril 1848 est évoqué pour la première fois à La Réunion le 14 juillet 1945 à l’hôtel de ville de Saint-Denis.
- Le nom du commissaire de la République Sarda Garriga sort de l’oubli le 1er mai 1946, date à laquelle son nom est donné à la place du Barachois à Saint-Denis.
- Seuls les progressistes de l’île célèbrent les samedi 1er et dimanche 2 mai 1948 le centième anniversaire du décret du 27 avril 1848 abolissant l’esclavage. La commémoration d’un tel événement ne donne lieu à aucune manifestation officielle.
- Le centenaire de l’abolition de l’esclavage a failli se dérouler le 20 décembre 1948 dans la plus grande discrétion à Saint-Denis, le maire du chef-lieu, Jules Olivier, ayant pris un arrêté interdisant ce jour-là tout défilé sur le territoire de sa commune.
Après la proclamation de la 5e République, nous assistons à La Réunion à une tentative d’enfouissement du souvenir de l’époque coloniale. L’esclavage redevient un sujet tabou dans les milieux proches du pouvoir. Les autorisations de commémorer le 20 décembre dans des lieux publics sont refusées par la Préfecture, notamment les dimanches 20 décembre 1964 et 20 décembre 1970.
Il faut attendre 1981 pour que les Réunionnais puissent véritablement découvrir les horreurs du système esclavagiste, s’approprier enfin leur passé, tout leur passé et faire du 20 décembre la « Fête réunionnaise de la Liberté ».
En effet, le 21 mai 1981, onze jours après son élection à la présidence de la République, François Mitterrand se rend au Panthéon, où il dépose une rose sur la tombe de Victor Schœlcher, rédacteur du décret du 27 avril 1848, abolissant l’esclavage dans les colonies françaises.
Quatre mois plus tard, le secrétaire d’État chargé des DOM-TOM, Henri Emmanuelli, met officiellement en chantier un projet de loi et un projet de décret relatif à la commémoration de l’abolition de l’esclavage dans les DOM et dans la collectivité territoriale de Mayotte.
En attendant l’examen de ce projet par le Conseil général, examen fixé au 21 décembre 1981, un « Comité de célébration du 20 décembre », présidé par le secrétaire général de la CGTR, Bruny Payet, est officiellement constitué. Avec le précieux concours de Paul Vergès, secrétaire général du PCR, le rôle de ce Comité est de susciter la mise sur pied dans chaque commune d’un comité local afin que le 20 décembre 1981 soit célébré pour la première fois avec éclat dans toute l’île.
Le refus de certains maires – notamment celui de Saint-Louis, le député Jean Fontaine – d’apporter leur aide à ces comités est révélateur de la volonté d’une poignée d’élus de maintenir leurs concitoyens dans l’ignorance de leur Histoire. En dépit d’une telle attitude, on note une remarquable participation de la population à toutes les manifestations organisées le dimanche 20 décembre 1981.
A Saint-Denis, le préfet Michel Levallois est présent aux cérémonies qui se déroulent sur l’esplanade Sarda Garriga. Il y prononce un discours et plante un arbre de la liberté sur la place de la préfecture. A Saint-Denis également, les habitants du Chaudron décident que le mail du Chaudron s’appellera désormais « mail du 20 décembre » ; mais la municipalité dionysienne, dirigée par Auguste Legros, restera obstinément sourde à leur demande relative à un tel changement de dénomination.
(à suivre)
Eugène Rousse
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