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par le Dr Raymond Vergès

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Madame “Baba” de Saint-Louis

Témoignages

vendredi 20 octobre 2006


Vous connaissez sûrement “Gramoun Lélé”, “Gramoun Baba”, figures emblématiques du maloya traditionnel et qui nous ont, malheureusement, quittés.
Nous avons rencontré, dans le quartier de Bois de Nèfles Coco, Madame Baba, veuve de “Gramoun Baba”, qui a bien voulu se souvenir de celui qu’elle considérait comme son fils, Laurent Vergès.


Non loin de la “balance Coco” à Saint-louis, Madame Baba coule des jours paisibles dans sa petite case en tôle. À 89 ans, la vieille dame vit seule depuis le décès de son mari.
Lorsque je lui demande de se souvenir de Laurent Vergès, elle est très émue, des larmes apparaissent au coin de ses yeux. « Sé com si mi revoi li devan moin », s’exclame-t-elle. Madame Baba me raconte alors qu’elle l’a toujours considéré comme son propre fils.
« Gramoun », comme elle appelait son défunt mari, et elle-même avaient rencontré Laurent Vergès dans des réunions politiques. Ils allaient souvent à ces rassemblements et dans le même sens, la famille Vergès et en particulier Laurent, venaient aussi fréquemment aux “services kabarés” que faisait la famille Baba.
De fil en aiguille, Gramoun et Madame Baba se sont liés d’amitié avec Laurent Vergès.
« Ou conné, li la toujours appel a moin gran-mèr », d’après la vieille dame, c’était quelqu’un de très familier, « ki kas pa la têt », kom di kréol. Laurent Vergès venait régulièrement chez la famille Baba et il y était accueilli comme chez lui. Quelle que soit l’heure à laquelle il arrivait, il y avait toujours « un ti bouché mangé pou li ». « Si nou té y mange dan feuille figue, ben li té fé pareil, Laurent té y fé pas manière avec nou », c’était vraiment une personne très simple et Madame Baba a toujours de l’estime pour cet homme qui, pour elle, est parti trop tôt.
Quand je lui demande : s’il était encore parmi nous, où est-ce que vous le verrez aujourd’hui ? Madame Baba essuie ses larmes et ne veut pas chercher à savoir ou à deviner ce qu’il serait devenu aujourd’hui, elle souhaite tout seulement garder dans son cœur l’image et le souvenir d’une personne qui lui était très cher.

Sophie Périabe


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