
Mal-do-mèr dann sarèt
28 juin, parLo zour la pokor kléré, Zan-Lik, Mariz é sirtou Tikok la fine lévé, mèt azot paré. Madanm Biganbé i tir zot manzé-sofé, i donn azot, zot i manz. (…)
9 janvier 2010
Sur deux pages du Quotidien du 6 janvier 2010, un “collectif” d’historiens aurait enfin pris connaissance du programme scientifique et culturel (psc MCUR) cinq ans après la parution de celui-ci. Mieux vaut tard que jamais. Et, comme le fait pertinemment remarquer la rédaction du journal, il le fait juste au moment où s’achève l’enquête publique sur la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise. Espérons que dans un souci d’objectivité journalistique, et pour réparer l’oubli de ne pas avoir interrogé les auteurs du psc MCUR sur les arguments avancés par ces historiens, la rédaction du Quotidien aura à cœur de faire paraître notre réponse au plus vite.
Nous ne pouvons que répondre aux deux porte-parole de ce collectif, les autres membres étant pour le moment anonymes. Ils se placent (ou la rédaction, ce n’est pas très clair) sous l’égide de deux pétitions, celle de février 2005 et celle de décembre 2005. C’est assez confus. Celle de février, lancée par Claude Liauzu était contre l’article 4 de la loi du 25 février 2005. Les deux porte-parole n’ont pas, à notre connaissance, signé aussitôt la pétition lancée par Claude Liauzu demandant la suppression de cet article contrairement aux auteurs du programme scientifique de la MCUR. Cet article a été supprimé par le Chef de l’État à la suite de cette protestation. Il est donc faux de parler de cet article comme s’il était appliqué. La pétition de décembre, appelée “Liberté pour l’histoire”, visait les lois dites « mémorielles » dont la Loi Taubira sur la traite négrière et l’esclavage comme « crime contre l’humanité ». Les signataires des deux pétitions n’avaient pas les mêmes objectifs (ceux de février ne s’opposaient pas à la Loi Taubira), ni les mêmes inquiétudes.
Contrevérités
Ces deux enseignants en histoire « s’insurgent » contre l’histoire telle qu’elle serait écrite par la MCUR et parlent de « mythe au service d’une idéologie » et de « Disneyland de la violence ». Ils énoncent toute une série de contrevérités. Le programme scientifique et culturel n’ayant jamais qualifié « tous les colons » de « blancs et riches », n’ayant jamais affirmé que le maloya fut interdit au sens où ces historiens le comprennent, c’est-à-dire littéralement, répondre à ces interprétations libres du texte (du ladi lafé) est une tâche impossible. Les portraits des colons que nous réalisons montrent la diversité de leur origine sociale, régionale, des métiers qu’ils exercent, de leur réussite à la colonie… Le maloya fut interdit socialement et culturellement. Qu’il n’existe pas de texte de loi formel interdisant le maloya ne contredit pas cette affirmation. Ces historiens devraient être tout à fait capables de comprendre le sens d’interdit social et culturel : la maloya n’était pas joué à la radio, ni à la télévision, il était méprisé, il n’était pas valorisé… L’anthropologie et la sociologie peuvent les aider à comprendre cette dimension de l’interdit. Pour les marrons, ils confondent le phénomène de maronnage, divers, complexe, et la figure des marrons. Une recherche que nous avons faite montre, à travers tous les actes de marronnage, petits et grands, la difficulté pour l’ordre esclavagiste de faire respecter sa loi. Nous maintenons cette affirmation : les marrons furent des « combattants de la liberté », comme des esclaves, comme des colons.
Une voix parmi d’autres
Quel qu’était leur geste, ils refusaient l’ordre esclavagiste. Il est totalement absurde de conclure que les marrons n’ont pu être des « conquérants de la liberté » parce qu’on ne saurait pas évaluer le rôle que le marronnage a joué dans l’abolition de l’esclavage ! Ce n’est pas un événement qui a mis fin à l’esclavage colonial qui dura près de quatre siècles, mais une succession de choses : révoltes, révolutions, changements économiques, culturels, sociaux qui s’opèrent sur plusieurs continents. Il faut savoir évaluer l’évolution de l’île en relation avec des phénomènes mondiaux.
Les deux porte-parole s’inquiètent de la « philosophie » du programme. Il y a de toute évidence une totale mécompréhension de la notion de « post-colonial », pourtant longuement expliquée. Nous ne reviendrons pas là-dessus.
Mais surtout, l’interprétation du paragraphe sur le « document » et « l’archive » repose sur une vraie incompréhension de la problématique qui s’inscrit pourtant dans une démarche déjà ancienne, inaugurée pour la discipline de l’histoire par l’histoire culturelle, l’histoire des femmes, des ouvriers… Relisons au moins le texte déjà classique et très largement cité par des journalistes et des chercheurs, de Tzvetan Todorov (paru au début des années 1980) La conquête de l’Amérique où il développe une approche pluridisciplinaire sur un événement (la conquête du Mexique) où le seul récit disponible est celui du conquérant. Cette donnée transforme inévitablement l’approche : ce n’est pas que le récit du conquérant est un mensonge, ce n’est qu’une voix parmi d’autres. Tous les historiens de l’Afrique, de l’Asie et des Amériques ont intégré ce fait depuis longtemps. De même en France, où des historiens d’obédiences diverses, de Michèle Perrot à Arlette Farge, de Pierre Nora à Benjamin Stora, ont reconnu « le silence » des archives. Ils s’en inspirent, relisent l’archive à l’écoute des voix étouffées mais pourtant présentes dans les rapports de police, de tribunal, les journaux intimes, les grands récits.
Un montage de sons
Sur le musée vivant et la révision des données : il nous semble que tout historien est capable de comprendre ce qui est suggéré. Une découverte de nouveaux documents est toujours possible. La lecture des données, des archives change à la lumière de nouvelles questions. Les derniers ouvrages d’Emmanuel Le Roy Ladurie sur l’histoire du climat nous le montrent bien : ici, ce ne sont pas les données qui ont changé, ce sont des interrogations nouvelles qui les éclairent sous un nouveau jour. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Ensuite, sur le musée vivant : rassembler bruitages, dialogues et effets de lumière ne signifie pas faire « Disneyland » à moins que ces porte-parole ne considèrent le Mémorial Charles de Gaulle, la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration, le musée du Quai Branly, le Mémorial de Caen ou le Mémorial de la Déportation qui tous, utilisent un montage de sons (et non de « bruits »), images et effets de lumière comme des Disneyland. Nous leur laissons cette responsabilité. La muséographie a depuis longtemps opéré un tournant dans l’exposition des objets et des faits. Nous invitons les deux porte-parole à interroger les responsables des musées cités ci-dessus. Ensuite, utiliser « Disneyland » de cette manière est vraiment élitiste et méprisant pour tous les gens qui y vont, dont de nombreux Réunionnais.
Un acte de violence indéniable
Sur la violence, ces historiens semblent bien peu au fait des travaux sur la colonisation. Qu’elle soit un acte de violence est indéniable, qu’elle ait été ambivalente est certain, qu’elle ait eu des effets inattendus aussi : rencontres, contacts, métissage, curiosité envers l’Autre, créolisation, créations communes… Colonisés et colonisateurs, Albert Memmi l’a montré il y a longtemps, ont une relation chargée de fascination, d’emprunts, de rejet, d’amour… Si ces historiens avaient lu plus attentivement le programme (et avec moins d’a priori), ils auraient noté que ces ambivalences et ambiguïtés sont signalées et intégrées dans le parcours. Pour La Réunion, ces ambivalences et ambiguïtés sont prises en compte. Il ne s’agit pas d’organiser un parcours de la violence ; nous renvoyons ces porte-parole à la brochure sur la première séquence, elle les aidera à mieux y voir.
Sur l’esclavage, un mouvement révisionniste s’annonce depuis un moment. Nous attendons de voir si ces porte-parole en seront. D’une part, les travaux des historiens sont ouverts aux critiques, d’autre part, il est absolument faux de dire que nous ayons accusé « les historiens » (lesquels ?) de montrer l’esclavage sous un jour « bienveillant ». Dire que nous jetterions un discrédit sur les historiens de l’île est pure diffamation.
Prêts au vrai débat
Parler de « traumatisme » des enfants est totalement incongru. Le travail que l’ESC (Equipe Scientifique et Culturelle) MCUR mène depuis quatre ans avec des enseignants et des élèves dans le cadre d’une convention avec le Rectorat a démontré la possibilité de parler de manière apaisée de la complexité de l’histoire. Les enfants ne sont pas des idiots, ils sont tout à fait capables de comprendre la cruauté sans traumatisme, sinon pourquoi leur ferait-on visiter le Mémorial de la déportation pour ne citer qu’un exemple ? Citer Paul Ricœur est bien, mais encore faut-il resituer la citation qui vient à la fin de tout un développement sur la nécessité de parler de tout, du bien comme du mal.
Finalement, il faut que ces historiens comprennent que quelle que soit l’importance de l’apport de cette discipline dans la compréhension d’une société, leur discipline ne peut tout expliquer. L’archéologie, l’anthropologie, la sociologie, l’histoire des arts et des techniques, l’histoire des religions, la littérature, la poésie, la philosophie, la musicologie… sont aussi à prendre en compte. L’histoire seule ne pourra jamais expliquer comment un événement émerge, comment des forces se mettent en place, comment les sociétés se constituent, font la guerre et la paix, aiment des dieux et des déesses, enterrent leurs morts et fêtent les naissances.
Les extraits de ces porte-parole sont pleins d’inexactitudes, de contrevérités, et de totales incompréhensions. Cette stratégie repose sur une idéologie assez simple : énoncer de manière confuse des contrevérités pour ensuite dire que ce n’est pas tout à fait cela que l’on a voulu dire, être méprisant puis jouer à la victime, diffamer puis s’offusquer d’être interpellé sur ses mensonges et ses diffamations. Il y aurait encore beaucoup à dire sur la mystification opérée par ces deux porte-parole. Nous sommes prêts au débat, mais au vrai.
Françoise Vergès et Carpanin Marimoutou
(Les intertitres sont de “Témoignages”)
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