Maloya : d’où vient ton nom ?

7 octobre 2009

Depuis jeudi, le Maloya fait partie du Patrimoine mondial de l’Humanité. Mais pourquoi cette pratique réunionnaise s’appelle-t-elle Maloya ? Explications du linguiste Honoré Rabesahala.

« Deux mots malgaches peuvent être les radicaux du terme maloya :
1) "Maloy aho", qui se prononce exactement "maloya" est une forme ancienne de "maloiloy" signifiant "j’ai la nausée". Cela exprime le mal-être et le besoin viscéral de le sortir, de l’exprimer.
2) La deuxième forme potentielle est "malahelo aho" : "je suis triste, j’ai le blues".
Le sémantisme des deux formes se recoupe, mais j’accorde une nette préférence à la première, plus évidente et plus convaincante linguistiquement. Il s’agit bel et bien d’un signifié correspondant à une situation à la fois psychologique et physiologique ayant été générée par une pression, une oppression. Situation tellement inconfortable qu’elle suscite une réaction instinctive de rejet exprimée par ce chant et cette danse profondément libérateurs.

- Le maloya, chant et danse incantatoires venant sourdre du plus profond de l’être (dans l’âme et dans la chair à la fois) porte en lui-même à la fois une réaction de survie et de désir d’affirmer une humanité pour l’heure bafouée, foulée aux pieds.

- Face à la violence de la société de plantation, le maloya originel de l’esclave s’exprime sur le plan artistique et musical lui aussi de façon forte, violente et mélancolique à la fois : dans les paroles, dans les gestes, dans les mouvements et les danses qui se rapprochent des transes, dans les rythmes et les sonorités obsédantes. Revêtu de mystère, de mythe, de magie, pour avoir plus de force et plus de portée encore. Comme un défi lancé très fort, comme le cri provenant des tripes de celui qui n’a plus grand-chose à perdre, comme le dernier rempart du condamné. »

Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise

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