Disparition d’une grande figure de la mémoire réunionnaise

Marc Kichenapanaïdou, un pilier de la connaissance de notre Histoire

5 décembre 2013

Militant culturel réunionnais et enseignant, Marc Kichenapanaïdou est décédé mardi soir à l’âge de 70 ans, des suites d’une longue maladie. Les obsèques du fondateur, entre autres, du Groupe de recherche sur l’archéologie et l’histoire de la terre réunionnaise (GRAHTER) seront célébrées ce vendredi à 14 heures 30 à l’église de Trois-Bassins. Il sera ensuite inhumé au cimetière de l’Est à Saint-Denis. Notre ami Eugène Rousse nous présente la vie et l’œuvre de ce grand Réunionnais. ’Témoignages, auquel il a été abonné toute sa vie, s’associe au deuil de sa famille.

Marc Kichenapanaïdou a œuvré à la connaissance de l’Histoire de La Réunion. Et ce par l’animation d’expositions consacrées à ses hommes et femmes.
(photo d’archive klo)

Né à Saint-Pierre le 1er janvier 1943 d’un père ouvrier à l’usine sucrière de Grands-Bois licencié arbitrairement lors des grèves de 1937 – 38, Marc est scolarisé à Saint-André, où son père a trouvé un emploi à l’usine de La Rivière du Mât et où il obtient son Certificat d’études primaires (CEP). Cela lui permet de faire son entrée au Collège d’enseignement technique de Saint-Denis, où il prépare un diplôme d’électricien.

Ce diplôme lui permet de se rendre en France, afin de compléter ses connaissances en électricité, avant qu’il rentre à La Réunion, où il devient enseignant à l’APECA de La Plaine des Cafres. Il occupe ensuite un poste de professeur d’électricité dans divers collèges du pays, dont Saint-Benoît et Saint-Louis, au début des années 70.

"L’esclave"

C’est à cette époque qu’il écrit "L’esclave", une pièce de théâtre en créole, qu’il joue avec ses élèves dans plusieurs communes de l’île en remportant un grand succès. D’autres pièces suivront, telles : "L’ouvrier réunionnais", "Le calvaire de Claudine" etc. En dehors de sa vie professionnelle, il consacre donc pas mal de temps à l’écriture de pièces de théâtre et de romans mais également à des recherches historiques, qui le conduiront à œuvrer à l’enrichissement du patrimoine biographique réunionnais, comme le montre son ouvrage "Dialogue avec les anciens".

Mais le militant culturel estime devoir s’engager aussi en politique. Ainsi, dès la création du Parti Socialiste Réunionnais (PSR) en 1972, Marc adhère aux thèses de cette nouvelle formation politique, où il est membre du comité de rédaction du journal "Le Progressiste".

Recherches archéologiques

Ses compétences et la qualité de son travail sont si appréciées que, lorsque Jack Lang devient ministre de la Culture dans le gouvernement Mauroy en 1981, il fait appel à lui pour exercer les fonctions de conseiller culturel à la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC), dirigée alors par Yves Drouhet. Ce dernier lui confie chaque mois des missions à Paris, où il reçoit des instructions du ministère de la Culture.

En qualité de conseiller culturel à la DRAC, il prend de nombreuses initiatives, comme par exemple la création de la première bibliothèque de Sainte-Suzanne. Autre initiative importante : le 1er janvier 1996, en compagnie de l’historien Sudel Fuma, Marc Kichenapanaïdou fonde le GRAHTER, où il se consacrera pendant de nombreuses années à des recherches archéologiques en divers points du pays.

Une œuvre considérable

Ces dernières années, Marc n’a malheureusement pas pu réaliser tous ses projets en raison d’une dégradation très sensible de son état de santé. Cela ne l’a pas empêché de continuer à s’exprimer notamment dans les médias pour défendre les valeurs fondamentales qui ont toujours été les siennes au service du peuple réunionnais.

Après la veillée mortuaire à son domicile de La Saline dans le quartier "5 èr", nombreux seront nos compatriotes à se rendre à ses obsèques ce vendredi après-midi. Au moment où sa famille est confrontée à une dure épreuve, je tiens à présenter à Josiane, l’épouse de Marc ainsi qu’à ses cinq enfants et à tous leurs proches mes très sincères condoléances. Marc nous a quittés mais nous n’oublierons jamais l’œuvre considérable que nous a laissée ce pilier de la connaissance de notre Histoire.

Eugène Rousse

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Messages

  • Je réagis presque 5 ans après. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire.
    Dans la présentation de sa vie je me permets de signaler deux choses car j’ai bien connu Marc.
    L’écriture d’une pièce" le Père Lafosse", en hommage au célèbre prêtre de saint Louis à la fin du 18 ème siècle.
    Peu après avoir écrit l’esclave.

    Lorsqu’il était à la DRAC, il a mis en place des formations pour les membres des troupes de théâtre de La Réunion ;
    Il a fait venir des gens ultra compétant ; donc Pierre Constant. un acteur peu connu : mais un pur du théâtre. il jouait sincèrement par amour du théâtre. je n’ai jamais rencontré un acteur tel que lui. M^me parmi les plus connu.


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