Hommage à Sainte-Suzanne

Marie-France Dijoux, une mémoire vivante de La Réunion

18 août 2004

Avant-hier, Marie-France Dijoux, mémoire vivante de l’Histoire réunionnaise, recevait des mains de Maurice Gironcel, maire et conseiller général de Sainte-Suzanne, sa médaille de citoyenne d’honneur du ’beau pays’. À 98 ans, elle nous livre par ailleurs son récit de vie sous la plume de Sulliman Issop, publié par le GRAHTER (Groupe de recherches sur l’archéologie et l’histoire de la terre réunionnaise).

Née à Sainte-Suzanne le 13 mai 1906, Marie-France Dijoux garde dans sa mémoire près d’un siècle d’Histoire de La Réunion. Dans la post-face de son livre "D’hier et d’aujourd’hui" qui vient de paraître, Marc Kichenapanaïdou, président du GRAHTER, note qu’elle raconte d’abord sa vie "de Sainte-Suzanne où elle est née, puis à Hell-Bourg où en 1910, à l’âge de 4 ans, elle a vu la Comète de Halley, puis à la Petite-Île, où elle garde un très bon souvenir des demoiselles Delaunay et des chants de guerre : "La victoire", "Les Allobroges", "l’Alsace et la Lorraine", "Les Zouaves", "Les Petits Poilus", etc. Son adolescence fut un tourbillon des villes de l’île. À l’âge de 14 ans, son père est nommé brigadier forestier à Cilaos. Ainsi, cela fait 84 ans qu’elle vit à Cilaos". Et il poursuit, "son histoire est liée à l’histoire de Cilaos".
Coquette, élégante, Marie-France Dijoux écoute avec attention le discours élogieux fait par Maurice Gironcel, conquis quant à lui par toute l’histoire qu’elle porte en elle. Et c’est tout naturellement qu’il l’honore, en la faisant citoyenne d’honneur de la Ville de Sainte-Suzanne, où elle revenait pour la première fois depuis plus de 80 ans. La ville a bien changé depuis. Elle en est consciente, elle qui ne garde aucun souvenir de cette ville qui l’a vu naître.
Pleine d’humour, elle nous livre quelques éléments de la ville "que l’on ne quitte pas". "Les demoiselles du cirque s’habillent comme les dames de Paris", dit-elle d’un regard avisé. Elle déplore "que le séminaire soit fermé".
"Elle a toujours besoin de donner quelque chose", nous livre une de ses filles. Là, c’est tout un pan de notre histoire réunionnaise qu’elle nous offre comme trésor. Une mémoire donnée de vive voix aux générations futures.

Gardiens de la mémoire orale

"C’est la première fois qu’une ville à La Réunion honore une mémoire vivante de cette manière", déclare Marc Kichenapanaïdou. "J’espère que les autres maires pourront honorer avec autant d’importance leurs citoyens âgés qui ont marqué l’Histoire de La Réunion", poursuit-il. Puisque les personnes âgées réunionnaises sont gardiennes de la mémoire orale populaire. Et il importe de rendre hommage à celles qui sont encore en vie en les faisant citoyens d’honneur de la ville où elles sont nées. Pour l’heure, une vingtaine de récits de vie ont été publiée par le GRAHTER. C’est déjà une reconnaissance de ce que nous devons à nos anciens. Des zarlor, des potomitan de notre Histoire réunionnaise.
Marie-France Dijoux s’est mariée à 19 ans. Elle aura 3 filles, 5 garçons, qui lui donneront 24 petits-enfants, 45 arrières petits-enfants et 2 arrières arrières petits-enfants, dont Jérémie, qui assistait à la remise de la médaille.
Oui, il s’agit là d’une Réunionnaise qui a contribué à l’Histoire de notre pays. Et on ne peut que saluer l’initiative du maire de Sainte-Suzanne. "C’est une reconnaissance de ce qu’elle est", nous disait Sulliman Issop, qui présente et illustre le livre de Marie-France Dijoux, "d’hier et d’aujourd’hui". Un livre à lire.

Bbj


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