Le père Pedro présente le livre

Même barbe, même ténacité que l’abbé Pierre

23 octobre 2004

Le père Pedro, de Madagascar, a la même rage de vaincre la misère et l’exclusion que celle qui anime l’abbé Pierre, celui qui est devenu célèbre lors de l’hiver 1954 à Paris. À Madagascar, où le père Pedro a créé une ville sur une ancienne décharge, il reste encore beaucoup à faire.

Ils ont la même ténacité, la même rage de vaincre la misère et l’exclusion, la même foi. Bâtisseurs de cathédrales des sans-abri, porte-parole des sans-voix, forces des faibles, le père Pedro et l’abbé Pierre joignent leur réflexion sur la pauvreté dans un livre “Pour un monde de justice et de paix”, qui était présenté hier.

Le père Pedro souligne avec force la misère dans le monde, et particulièrement à Madagascar, où 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Lui, à l’instar de l’abbé Pierre, dresse un constat alarmant du déséquilibre entre riches et pauvres.
"Je ne me lasserai pas de le dénoncer", déclare le père Pedro. Cela implique de s’engager davantage : il souhaite que les Réunionnais continueront d’ouvrir leur cœur à un peuple meurtri par la misère.
Il promet de continuer à parcourir La Réunion, "pour dire aux Réunionnais de partager avec leurs frères malgaches".

La rencontre avec son modèle

Depuis la création de l’association Akamasoa, en 1989, 20.000 personnes, dont 9.000 enfants, vivent dans la dignité. Une décharge de Tananarive est transformée en ville. Pedro a réussi à les aider à construire leurs maisons, leurs écoles, leurs dispensaires, leurs ateliers de formation et de production.
Des emplois ont été créés grâce à l’ouverture de carrières de pierres et de graviers, des ateliers d’artisanat et de broderie. Des milliers de familles ont ainsi appris à revivre en communauté, rompant définitivement avec les cercles infernaux de la pauvreté.
On trouve là un lien avec le travail de l’abbé Pierre qui lutte depuis 1949 pour les plus défavorisés de France et dans le monde. Les deux boutiques solidarité de La Réunion sont d’ailleurs affiliées à sa fondation, qui a été créée en 1988. "Encore une fois, l’abbé Pierre et moi, on veut élever la voix contre l’injustice", explique le père Pedro.

Après une série de concerts en 2003 et 2004, à La Réunion, à Maurice, à Rodrigues, en France et à Madagascar, ils ont voulu montrer le chemin de la paix. Il suffit que les hommes ouvrent leur cœur pour que le monde soit plus juste et œuvre en faveur de la paix. C’est un peu le message que les deux hommes ont souhaité transmettre, avec le soutien d’artistes de l’océan Indien et de France, dont Baster, Rajery, Mad’ako et Daniel Facérias.
Aujourd’hui, le livre que le père Pedro présente, fruit de sa rencontre avec son modèle, celui qui se bat pour la même cause, est une parole forte dans le questionnement sur la mondialisation, sur les personnes et les pays pauvres.

"Moi je suis maçon"

La première rencontre entre les deux hommes date des années 1970, lorsque Pedro était étudiant en théologie à Paris. Une autre rencontre s’est produite à La Réunion en juillet 1998. Un autre rendez-vous a eu lieu en juin 2003 chez l’abbé Pierre à Paris, où ont commencé les entretiens, recueillis par Anne et Daniel Facérias.
"Même nom, même barbe, même ténacité", lance joliment Anne Facérias. Nous dirons, et c’est dit, même rage de vaincre la misère et l’exclusion. Ce week-end, Père Pedro partagera avec les Réunionnais cette rage de vaincre la pauvreté, au fil des rencontres qu’il a programmées sur toute l’île (voir notre encadré).
Cinquante ans après l’hiver 1954, l’abbé Pierre et le père Pedro lancent un appel pour construire la paix ensemble. Eux reconnaissent et ont surmonté leurs différences. Humblement, Pedro explique "l’abbé Pierre est un intellectuel, moi je suis maçon", rappelant que rien ne vaut l’action, et l’entraide.

Bbj


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