13ème album Takamba du PRMA

Merci Tonton Narmine

30 juillet 2008

Voilà un opus qui manquait dans nos discothèques. Narmine Ducap, novateur en matière de séga, est le treizième artiste à entrer dans la collection prisée nommée ’Takamba’ du Pôle régional des musiques actuelles (PRMA). Voilà des ségas instrumentaux à écouter sans modération. Les anciens retrouveront les airs qui faisaient danser la jeunesse réunionnaise dans les années soixante. Et aujourd’hui ?

A 68 ans, Narmine Ducap, ou plutôt Tonton Narmine, est un artiste que nous ne devrions plus présenter. Il a marqué le répertoire réunionnais. Les Réunionnais se souviennent encore de ses bals populaires, ses mariages, ses radios crochets, avec cet artiste au grand cœur, toujours au service du séga. Les plus mélomanes entendent encore sa guitare hanter leur esprit. D’autres l’associent immédiatement aux plus beaux standards réunionnais, les ségas qu’il ne faut surtout pas oublier de faire jouer à l’orchestre.
Qui ignore encore ses compositions écrites pour sa fille Michou ? Herbert Ducap, dit Narmine Ducap, est né au camp Ozoux à Saint-Denis le 26 septembre 1940. Autodidacte à l’oreille soigneusement musicale, il s’initie vite à la musique. En 1958, sa mère lui offre sa première vraie guitare acoustique. Narmine s’intéresse bien sûr à cet instrument, mais découvre la guitare électrique grâce à un certain Henri Mounitz, alors guitariste de l’orchestre de l’hôtel d’Europe dirigé par Serge Barre puis par Arman Tropina. Cette découverte va révolutionner notre séga. Narmine Ducap est le pionnier de l’électrification du séga. Il décrit cette rencontre comme le plus grand moment de sa carrière, lorsqu’il introduit les effets de la guitare électrique dans le séga. C’est d’ailleurs ce qui le propulsera sur le devant de la scène. On ne compte plus le nombre de ségas créés, et recréés avec le jeu de guitare de Narmine, qui deviendra un musicien incontournable, sollicité par tous pour l’enregistrement de nouveaux ségas. Ne cherchez donc pas pourquoi on l’appelle si humblement Tonton Narmine.

Un bijou patrimonial

« Le patrimoine ne se limite pas au maloya » rappelait Alain Armand, conseiller régional en charge des affaires culturelles. Bien évidemment, le maloya est un élément primordial de notre patrimoine. Mais il ne faut surtout pas ranger aux oubliettes le séga. Pour son treizième album de sa collection Takamba, le PRMA annule tout doute possible. Nous sommes fiers de notre séga réunionnais. Peut-être même qu’un jour, un ségatier deviendra un zarboutan nout kiltir, qui sait ? « Il ne faut pas oublier le séga » déclare Narmine. Le PRMA n’oublie pas. Bon dieu, le Pôle a fait un fabuleux travail de mémoire, en mettant à l’honneur un acteur de la musique réunionnaise, mais aussi et surtout un témoin privilégié du contexte musical et social, des années 1960 à aujourd’hui. En plus de nous livrer quelques-unes des nombreuses compositions du musicien dionysien, le Pôle propose une série d’entretiens avec l’artiste, enregistrée par Guillaume Samson et Thierry Hoarau : sur les bals populaires, sur Loulou Pitou que Narmine présente en maître incontesté du séga réunionnais, les mariages malbar, l’hôtel d’Europe, Madoré, les radios crochets, les années 1960 en musique.
« Narmine est un très bon passeur de vécus » expliquait Thierry Hoarau, photographe bien connu du monde musical. Voilà ce qui s’appelle un travail de mémoire bien mené. "Ségas instrumentaux, 1966-1976" est aujourd’hui dans les bacs. Merci à Arno Bazin, collecteur passionné qui écrira je l’espère la bible du séga. Merci à Jean-Paul Jansen, qui soigne la restauration sonore. Il ne faut pas oublier que le PRMA soigne le son vinyle de ses opus. Bref ! L’équipe PRMA vient de produire un bijou, à se procurer sans délai, dès aujourd’hui si vous pouvez.

Bbj


Où trouver ? partout, chez tout bon disquaire qui se respecte
Combien ? un peu plus de 25 euros. Le coffret comporte un livret de 48 pages, accompagné de deux CD.


Dans une récente édition, nous avons malencontreusement écrit que notre Alain Peters décédait en 2005. Nous l’aurions voulu plus longtemps près de nous, c’est sûrement pour cela. Mais l’œil avisé aura rectifié de lui-même. Alain Peters nous quittait le 12 juillet 1995, et non pas le 12 juillet 2005.

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