Dans une société dominée par l’image

Miss Deaf Réunion, un pas vers l’égalité ou vers l’institutionnalisation de la différence ?

26 janvier 2012, par Cinthia Fontaine

Dans une société dominée par l’image, l’existence de concours de ’Miss’ montre les dérives que la domination du paraître peut entrainer. Les femmes sont réduites à être des corps soumis à une évaluation, ce qui, pour les Réunionnais, a une signification toute particulière. Mais l’obsession du paraître va encore plus loin.

Le samedi 4 février aura lieu au Tampon, la finale régionale de Miss Deaf Réunion. Le concours élira une Miss sourde qui concourra ensuite à Miss Deaf France. Le concours a été créé en France suite à l’élection comme 1ère dauphine de Sophie Voulezaud, candidate à Miss France 2007.
Malgré le vote du public en sa faveur, la candidate n’avait pas gagné la couronne pour une voix du vote du jury. Sophie Voulezaud n’avait ensuite pas pu représenter la France au concours de Miss Monde en tant que choix des Français, le Comité se justifiant par l’impossibilité pour une dauphine de représenter notre pays dans un concours international, mais lui proposant tout de même de participer à Miss Monde Sourde.
La dauphine avait alors saisi la HALDE pour discrimination. La suite lui a donné raison puisqu’en 2010, Virginie Dechenaud, première dauphine de Malika Ménard, a représenté la France à l’élection de Miss Monde, année où la victoire revint à Alexandria Mills, première dauphine de Miss USA.
Sophie Voulezaud combat pour que les sourds ne soient plus victimes de discrimination et se réjouit d’avoir pu participer à des émissions de télévision comme un candidat lambda. Elle a d’ailleurs dans une interview donnée à “France Dimanche” exprimé son refus de participer aux prochaines élections, car les sourds ne peuvent pas suivre les débats et donc se faire une opinion personnelle sur les candidats.
Ce combat qu’elle mène l’éloigne du combat prôné par les organisateurs de Miss Deaf qui, en souhaitant mettre en valeur les atouts et la beauté des sourds(es) pour mieux les faire connaître, les enferment dans le carcan d’une communauté. Car si le but poursuivi par Miss Deaf est honorable puisqu’il permet à de jeunes sourdes de montrer leurs capacités et leurs talents ainsi que d’honorer la langue des signes en tant que langue, il ne contribue cependant pas à avancer vers l’égalité et garde au contraire les frontières fermées entre entendants et malentendants.

C.F.


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