Maurice Gironcel et la semaine de la laïcité

Montrer le signe d’un respect porté à notre identité réunionnaise

28 septembre 2005

Dans un communiqué diffusé hier, le maire et conseiller général de Sainte-Suzanne rappelle comment la laïcité est vécue à La Réunion et explique pourquoi il est nécessaire que la loi puisse prendre en considération cette spécificité, qui est une des conditions de notre cohésion réunionnaise.

"Cette semaine de la laïcité est un moyen pour les Réunionnais de rendre hommage à leur histoire. Particulièrement à ceux qui ont peuplé La Réunion et qui malgré la pression de l’Église ont su maintenir leur pratique religieuse.
La société réunionnaise se construira autour de la liberté de pratiquer son culte. Cette laïcité vécue deviendra le ciment d’une société multiculturelle et l’application de ce principe se distinguera clairement par rapport à la situation prévalant en France.
C’est cette histoire qui permet de comprendre qu’à La Réunion, la séparation de l’Église et de l’État ne s’est pas posée dans les mêmes termes qu’en Métropole.
Cet autre visage de la laïcité :

- Né d’un savoir vivre ensemble, d’une attitude allant plus loin que la simple tolérance - en acceptant que fleurissent sur notre territoire à côté des églises, temples hindous, mosquées, pagodes et tout autre endroit où la foi en un Dieu puisse s’exprimer.

- Né de cette absence de volonté de façonner telle religion pour qu’elle entre dans un cadre préétabli.

- Nous permet de revendiquer la reconnaissance d’une application spécifique du principe de laïcité ; effectivement, c’est à La Réunion encore que l’on dénote l’absence de besoin de faire émerger de la loi “une religion modérée” puisque naturellement, chaque religion trouve sa place et ce, sans qu’aucune tension ne se fasse sentir.
Il appartient donc au politique de consolider cette vision de la laïcité sur notre territoire, autrement dit de consolider l’unité de notre société multiculturelle.
Aussi, nous appelons l’actuel chef des cultes en France (Nicolas Sarkozy, ministre d’État) :

- à contempler ce tableau de la laïcité,

- à prendre acte de “ce modèle original” (Paul Vergès, discours du Sénat sur la laïcité) du décalage entre cette législation sur le port des signes religieux ostensibles au sein de l’école publique et notre réalité,

- à prendre conscience que l’application d’un tel texte sur notre territoire serait susceptible de troubler cette paix entre les réunionnais, qu’elle serait à l’origine d’un sentiment d’insécurité qui jusqu’ici était étranger à nous.
Enfin, nous rappelons que la laïcité, loin d’être inconsciente chez le Réunionnais, est le fruit d’un long processus d’acceptation de l’autre,
qu’il convient de savoir préserver notre spécificité notamment par l’adoption d’un texte (un décret) qui ne permette pas l’assimilation naïve de l’Outre-mer à la Métropole.
Cette démarche serait le signe d’un respect porté à notre identité réunionnaise".


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus