Servis Makwalé

Mouvman pou lo Kaf

13 octobre 2004

“Mouvman pou lo Kaf” c’est sous une bannière portant cette inscription que la troupe du Servis Makwalé a défilé vendredi en fin de journée dans la Commune Prima, lieu historique où vécurent les engagés mozambicains.

Vendredi, le Servis Makwalé faisait participer Commune Prima. Les habitants de ce quartier de Saint-Denis se sont joints aux artistes pour ce défilé, ou cette procession, qui a commencé au CASE (Centre d’animation socio-éducatif) avant de se balader entre les cases pour rejoindre en rythme et en chansons le stade Ivoula. C’est que chacun est appelé à être acteur dans Servis Makwalé.

Rejoindre le lieu, l’ouvrir au partage

Sur le parvis du stade, alors que les premières personnes arrivent, les musiciens chauffent la peau de leurs instruments autour d’un feu. Les premiers mots jaillissent avec des proverbes makwa, diseur de mots plein de vérité. Vient ensuite l’heure d’écouter Doub Kot, un conte guerrier réunionnais mis à l’écrit par Daniel Honoré et que Mickaël Fontaine porte de tout son corps. Le public qui monte les marches du stade déambule au milieu des photographies installées à l’extérieur avant de se diriger dans la salle où Jack Beng Thi dessine des chemins de terre tout autour d’un rond principal de terre rouge. Derrière lui un immense écran, les premières couleurs et les premières images apparaissent, tandis que Filip Barret les accompagne au son de sa guitare électrique. Pink Floyd et David Boileau rodent, l’un s’adressant aux arrivants en créole et l’autre traduisant systématiquement en français ce que son ami veut dire. Sans vous en rendre compte, vous venez d’entrer dans l’univers de Servis Makwalé. En file indienne, les acteurs viennent se placer autour du rond en battant des mains.
Nathalie Natiembé prend place au centre du cercle et entame le premier chant. Karl Kugel et Axel Mitra viendront tracer un nouveau cercle, reliés l’un à l’autre par un fil, pour que les moringueurs réunionnais puissent envahir l’espace et faire redoubler les percussions. La salle est ensuite plongée dans le noir et un film se déroule sur l’écran, mise en peinture du dernier Zako promess de l’Ile de La Réunion. C’est alors au tour des danseurs mozambicains, eux aussi peints de la tête au pied, de pénétrer dans le rond. Cette danse d’initiation Wanalombo clôt l’ouverture des lieux.

Boire à même notre humanité

Il est alors temps de raconter et de partager. Huit mouvements vont se succéder s’appuyant sur une suite de diaporama. Danyèl Waro et les musiciens qui l’accompagnent suivent le métronome des photos, les chansons collent au différents thèmes : la terre aride, le griot, les danses, la violence et l’exil, sur le ring, Moraingy, M’rengue, Maloya et Moringue. Les images parlent, la musique montre. Chacun s’y abreuve, reçoit en son âme inti gin dolo qui nous fait boire à la source de notre humanité.

Eiffel


Explorer les chemins de notre histoire réunionnaise

"Makwalé, c’est le fruit d’échanges, d’expériences entre camarades", expliquait Kark Kugel, après le magnifique théâtre d’images et de sons qu’il a orchestré, vendredi dernier au stade de l’Est.
Cette œuvre imaginée en 2002, avec le chanteur Danyèl Waro, se veut itinérante, peut-être pour mieux explorer les chemins de notre histoire réunionnaise. Nombre des spectateurs, au sortir de ce concert d’images, s’accordaient à dire que cela a servi à comprendre le moringue, mais surtout son existence sur nos terres.
Rappelons que Makwalé est une aventure créative et humaine qui se déploie entre l’île de La Réunion, Madagascar, Mayotte, l’Afrique noire et le Mozambique. C’est d’ailleurs ce qu’expliquait le chantre du Maloya : "Té falé in nafèr po nou rotrouv, apèl sa lidantité", disait Danyèl Waro. Makwalé est une gracieuse manière de retrouver nos racines, et d’exprimer avec le corps, les mots, l’art à travers la photo "po démay sak i anpèsh anou avansé", poursuivait-il.

Bbj


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