Samedi dernier à Sainte-Suzanne

Musiques métisses et terres mêlées aux obsèques de Damien Aupiais

17 mai 2005

Le dernier adieu au musicien et chanteur du groupe Renésens, Damien Aupiais, accidentellement décédé mardi à Madagascar, a réuni samedi à Sainte-Suzanne une foule de parents et d’amis musiciens, universitaires ou anonymes, tous étreints d’une même émotion.

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L’ironie du sort a voulu que le jeune musicien soit arraché à l’affection des siens dans la grande île de Madagascar, où l’un de ses ancêtres vécut en missionnaire au tournant du 20ème siècle. Le corps de Damien Aupiais avait été rapatrié la veille.
Presque trop petite pour accueillir la foule rassemblée autour des proches du groupe Renésens, l’église de Sainte-Suzanne a retenti des chants des amis de Damien, venus avec leurs instruments. Parmi les artistes présents, Joël Vigne, Joël Manglou et Danyèl Waro ont chanté près de l’autel, à côté du cercueil. La cérémonie religieuse a été co-célébrée par un prêtre de La Rivière-des-Pluies, ami de la famille, et par le curé de Sainte-Suzanne. Ils ont transmis à l’assistance un message de l’évêque de La Réunion, Mgr Aubry.
Une marée de gerbes de fleurs a accompagné le cercueil, témoignant de l’immense affection des nombreux artistes, étudiants ou jeunes venus des quartiers.
Tous les camarades de l’équipe de football de l’Université étaient là, de même qu’un des directeurs du Département d’Histoire, où Damien Aupiais préparait un DEA, le président de l’Université et le chargé de mission à la Culture.
Les maires de Saint-Denis et de Sainte-Suzanne ont assisté aux obsèques, entourant les parents du chanteur disparu de leurs marques d’amitié. Au cimetière, une poignée de terre de Bretagne - où vit une partie de la famille Aupiais, dont un oncle présent aux obsèques - a été dispersée dans la tombe.

P. David


Sudel Fuma : "Merci au nom de Damien..."

Après la mort tragique de Damien Aupiais du groupe Renésens, que j’ai vu mourir brutalement sur la route de Nosy-Bé, et rentrant ce samedi soir-même de Madagascar sans avoir pu assister aux obsèques, pour être une dernière fois à côté de ce jeune que j’ai eu comme élève et qui devait soutenir son mémoire de D.E.A. en juin prochain, je vous transmets ce message que j’adresse particulièrement à quelques personnes qui nous ont soutenus dans ces moments de détresse qui marquent tout un chacun. C’est une façon pour moi de remercier ces personnes de Madagascar, mais aussi - il me le permettra - de remercier au nom de Damien ceux qui l’ont vu partir pour ce voyage sans retour.

Merci infiniment à vous amis malgaches qui nous ont permis d’aider un père effondré par la perte de Damien, un fils que j’ai vu partir pour ce voyage sans retour, avec à mes côtés ce jeune journaliste, "Babou" de son petit nom, qui a eu le courage et la force incommensurable, de vivre ces moments difficiles, pour voir partir son ami musicien qu’il appréciait tant...
Merci à Gérard, le musicien de Renésens, qui malgré sa peine, a résisté à sa propre douleur, pour aider Dominique Aupiais, dans sa grande peine...
Et je n’oublierai surtout pas cette grande dame malgache, Madame Manandjy Bereny, et son amie, Melle Andriantsimiova Julienne, qui sont venues nous proposer leur aide dès les premiers moments de l’accident, sensibilisées par un étudiant de La Réunion, Hubert, que je ne connais pas encore, et qui leur a demandé de nous soutenir.
Nous étions quatre personnes seulement dans cette première petite chapelle d’Ecobra, loin de la ville, sans électricité, ne savant plus quoi faire sinon que de tenter de réconforter un père en souffrance... Bereny étaient là, avec Julienne.
Bereny et Julienne nous parlaient... Elles se sont occupées de Damien, lui ont acheté des draps et lui ont redonné la dignité que nous donnons à nos morts... Elles ont été là pendant quatre jours, ne dormant pas, avec Babou et Gérard, pour assister Dominique.
Comment pourrait-on oublier une telle solidarité, un tel amour ? Amies malgaches de Nosy-Bé, vous avez été dignes de Madagascar.
Merci aussi aux autres car toute aide a été utile dans un pays où les démarches administratives ne sont pas faciles... À Michel Payet, ce grand Créole malgache de Nosy-Bé, qui a fait tout ce qu’il a pu pour nous, au village d’Ambatoulouk, où le curé, les villageois et cette religieuse bretonne ont apporté le réconfort religieux à Dominique, ne le laissant pas un seul instant...
Merci à cette petite Malgache anonyme, toute vêtue de rouge, qui tenait la main de Dominique et qui ne cessait de pleurer...
Merci à Madame Bacquet, la Consul honoraire, et à Monsieur le ministre de la Culture et du Tourisme, Jacques Rabeninirina, qui ont apporté leur soutien à Dominique jusqu’au tarmac de l’aéroport...
Et puis merci à tous ceux qui ont apporté le soutien à Dominique... Merci au nom de Damien, au nom de son professeur d’Histoire qui le suivait depuis plus de trois ans et qui l’avait juste, avant son grand départ, encouragé à présenter son mémoire de recherche pour cette session universitaire 2005 et qui l’a eu dans ses bras, avec Paolo et Morgan, blessé, qui nous donnait tant d’inquiétudes...
Je n’ai pas pu assister aux obsèques de Damien ce samedi après-midi car mon avion est arrivé en retard de Madagascar.... J’aurais voulu dire publiquement merci à tous à cette occasion. Mais peut-être que cette douleur que j’ai réussie à cacher pour aider Dominique à résister, aurait été trop forte... Le destin l’a voulu ainsi, c’est peut-être ce qu’il fallait... Merci au nom de Damien, amis malgaches de Nosy-Bé...

Sudel Fuma,
professeur des Universités


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