Hommage à Prudent et Denis, décapités à Saint-Benoît après la révolte des esclaves de 1811

N’oublions jamais nos ancêtres combattants de la liberté !

26 avril 2011

Dimanche dernier, dans le cadre de ’2011, l’Année d’Élie, un combattant réunionnais de la liberté’, le Kolèktif Lané Élie (KLÉ) et la Ville de Saint-Benoît ont organisé dans cette commune une cérémonie d’installation de la plaque commémorative de l’exécution des esclaves Prudent et Denis. Ces deux résistants à l’esclavage font partie de la quinzaine de condamnés à mort décapités publiquement dans cinq communes des différentes régions de l’île en avril 1812 pour réprimer l’insurrection de plusieurs centaines d’esclaves dans la région de Saint-Leu cinq mois plus tôt.

Plusieurs dizaines de représentants d’associations culturelles, d’artistes, de militants politiques et d’élus ont participé ce dimanche 24 avril à la célébration du 199ème anniversaire de la décapitation de Prudent et Denis à Saint-Benoît. Cette cérémonie s’est déroulée en milieu de matinée au Parc Fragrance, derrière la Sous-préfecture.
Le député-maire Jean-Claude Fruteau a accueilli les participants en soulignant l’importance de faire connaître aux Réunionnais la révolte des esclaves à La Réunion il y a deux cents ans et de rendre hommage à ces combattants de la liberté qui ont accompagné Élie dans cette insurrection pour la liberté. Il a également fait un lien entre la Journée nationale de la déportation, célébrée en fin de matinée également à Saint-Benoît, et « cette commémoration d’une révolte durement réprimée par le pouvoir colonial de l’époque ».

« Le combat n’est pas terminé ! »

Jean-Claude Fruteau a aussi souligné l’importance de l’union des esclaves dans cette révolte. C’est cette union qui a donné tant de force aux révoltés pour obtenir 37 ans après l’abolition de l’esclavage dans le pays.
Il y a donc plein d’enseignements à tirer aujourd’hui de cette Histoire, a noté le député-maire, pour qui nous devons cultiver la mémoire de ces ancêtres anticolonialistes : « ne les oublions jamais, car le combat n’est pas terminé ! ». Et Sudel Fuma, coordonnateur du KLÉ, a rappelé notamment dans quelles circonstances s’est déroulée cette révolte ainsi que la décapitation publique des esclaves condamnés à mort.
Ensuite, plusieurs écrivains et artistes ont apporté leur contribution à cette cérémonie particulièrement émouvante. Daniel Honoré a lu un poème très émouvant dédicacé à l’un de ses ancêtres esclaves qui, malheureusement, dit-il, ne s’est pas révolté comme Élie.

"Nout byin, nout mémwar"

La conteuse Ketty Lisador a lu un poème d’Armel Bataille dédié à "Éli o baro" et elle a appelé les Réunionnais à « résister plus que jamais contre le système inhumain d’aujourd’hui, le capitalisme ».
La militante culturelle Joëlle Fidji est également intervenue pour dire « i fo pa nou oubli so bann zènn zèsklav la batay kont lo bann gro blan. Mi di a zot : vyin mon bann frèr, vyin dor dann mon kèr ».
Après une minute de silence et le dépôt d’une gerbe par le député-maire au pied de l’affiche plastifiée dévoilée un peu avant en l’honneur de Prudent et Denis (la plaque métallique sera installée le 10 mai prochain), les participants ont eu droit à des chants de maloya avec le groupe de Willy Philéas, accompagné d’autres artistes comme Éno : "Nout byin, nout mémwar", "Rasine Kaf".
Sudel Fuma a rappelé que la prochaine cérémonie en hommage aux esclaves Fulgence et Gaspart décapités à Saint-Pierre le 15 avril 1812 aura lieu le samedi 30 avril à 17 heures, sur l’Esplanade de la Liberté, au Pilon de Terre-Sainte (Saint-Pierre), avec l’association Ankraké.

Correspondant


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