Ankraké célèbre le 20 décembre à Saint-Pierre

Na ankor po lité !

21 décembre 2005

Quelques fleurs à la mer, un nettoyage du pilon monumental érigé sur l’esplanade de la Liberté, un maloya, la dégustation de quelques ’ravaz’... Pour l’association Ankraké, le souvenir de l’abolition de l’esclavage se conjugue avec la lutte aujourd’hui.

Dimanche 18 décembre, 12 heures, à Saint-Pierre, sur le bord de mer près du pont de la Rivière d’Abord, des hommes, des femmes, des enfants, chacun à leur tour, jettent une fleur à la mer. "An souvnir nout bann zansèt zesklav la fine mor épi la pa touzour été antéré dann simityèr", avait auparavant expliqué Laurita Alendroit-Payet, présidente de l’association Ankraké à l’initiative de cette cérémonie du souvenir. Un geste qui rejoint celui de Réunionnais qui, il y a quelques années, avaient procédé à la même cérémonie sur l’embarcadère de Quelimane (Mozambique) d’où sont partis pour La Réunion deux cent mille esclaves. Ainsi se construit le pont entre La Réunion et le pays des ancêtres.
Depuis 1998, pour commémorer l’abolition de l’esclavage, l’association Ankraké entretient le monument qu’elle a pris l’initiative d’édifier sur l’esplanade de la Liberté à l’occasion du cent cinquantenaire de l’abolition : un pilon soutenu par quatre canots et une plaque de cuivre qui indique sobrement : "Mémwar èk lidantité - In somin po la liberté / Hommage aux ancêtres - 1998 - Association Ankraké".
"Nout pèp lé mélanzé konm bann zingrédyan nou kraz azot dann pilon pou done lo gou nout kari",
note Laurita Alandroit. Mais le pilon symbolise également comment "lèsklavaz la kraz bann domoun, la démouv azot... lèsklavaz, lo kolonyalis sé saminm. I fo pa nou obliy lo pasé".
Et si nous voulions l’oublier, il se rappellerait à nous. La présidente dénonce l’article 4 de la loi du 23 février 2005 qui prétend imposer que l’on montre, dans les manuels scolaires, "le côté positif du colonialisme" . "Koloniylism lété pa bon. Kononyalism sé lo dominasyon domoun. Na pa aryin d’bon anndan la".
Et Laurita Alendroit appelle à la lutte. "Nou vé batay pou in vrè liberté. Zordi napoin in vrè liberté. Nous vé pa inn sosyété konsomasyon, nou vé inn société ou domoun lé lib, lé pa krazé atèr. Nout prézans isi zordi i mont nou lé touzour dobout pou arash in vrè liberté".
Et comme pour illustrer le propos de Laurita Alendroit-Payet, un panneau déposé au pied du monument par Bernard Ivaha dénonce ses conditions de détention. Lui qui, malade, vient d’arracher au juge une suspension de sa peine qui sera réexaminée dans un an. Et comme pour souligner combien le devoir de mémoire est nécessaire, Marilyne Dijoux s’indigne en racontant combien des lycéens du Tampon qu’elle vient de rencontrer, sont ignorants de leur propre histoire, des conditions de la traite négrière, de l’abolition de l’esclavage...
Bann kalou bann/ban kalou bann... le roulèr bat, le kayanm sonne sur l’esplanade de la Liberté. Na ankor po lité !

Correspondant

20 décembre

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